« africa arts design », un autre  regard sur l’afrique a partir de l’art

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Julie Abisségué et Justine Balsan, respectivement fondatrice et cofondatrice d’une galerie virtuelle d’art – « Art Design Africa »- décide, par curiosité et par passion, de se lancer à la découverte et à la promotion de l’art africain. Ce monde, bien que cachant des trésors inexplorés, peut être un facteur de rapprochement, d’amitié et de fraternité entre les hommes et les peuples. France Fraternités, dans cette communion d’idées,  fait un reportage sur les premiers pas de cette galerie et sur les espérances dont elle est porteuse. L’art africain, pour ces dames, est une autre image de l’Afrique qui n’est pas forcément médiatisée.

 -Julie et Justine, qui sont-elles ?

Julie Abisségué est une française née à Bordeaux et  d’origine camerounaise. Elle est fondatrice  et Présidente de la galerie « Arts Design Africa ». Julie, produit d’une double culture, de « cultures métissées » pour reprendre son expression,  s’interroge un jour sur son identité et, tout d’un coup, par le métier de l’évènementiel, fait irruption dans le monde de l’art africain :

«On ne naît pas entrepreneur, on le devient. Je suis arrivée à l’art par mon métier d’évènementiel, en étant consultante en évènementiel. Je suis tombée sur une exposition qu’on appelait « Making Africa » qui est une exposition itinérante. Cette exposition m’interrogea sur la question de mon identité. Je me suis rendue compte que je n’avais pas une photographie sur l’art africain contemporain. J’étais intéressé par l’art mais je n’y allais pas de façon intuitive. J’ai rencontré Justine en Juillet qui avait un projet similaire».

Justine Balsan est aussi française. Cofondatrice et directrice de la galerie « Arts Design Africa », elle porte les mêmes valeurs et le même projet que Julie. Elle avoue, comme sa collègue,  ne pas faire d’études spécifiques dans le domaine de l’art.

Le tout commence chez Justine comme une histoire d’idylle. C’est au cours d’un voyage en Afrique du sud, chez sa belle-sœur,  que Justine découvre l’Afrique et tombe éperdument amoureuse de son art et de sa créativité :

« Dans mon cercle familial, j’ai toujours baigné dans l’art. J’ai des parents très friands d’art. Ma belle-sœur est sud-africaine (partie Sud du continent africain). C’est là où j’ai découvert qu’il y avait une telle richesse de créativité des artistes que je ne connaissais pas et qu’on n’avait  pas la possibilité du tout de voir en France et en Europe. Je voulais donc vraiment ramener ça en créant une vitrine, casser les stéréotypes de ce qu’on pense de la création africaine. C’est à partir de là que je réfléchissais dessus ; et  j’ai rencontré Julie et on a beaucoup discuté sur notre vision commune ».  

-Julie et Justine se ressemblent et s’assemblent

Actives sur les réseaux sociaux, notamment sur un groupe Facebook passé à 3 000 personnes en un temps record, Julie et Justine ont pu recadrer leur champ d’action et fonctionne avec des collectionneurs, des artistes, qui partagent leurs valeurs.

Tout est fait pour que ça marche malgré le faible appui institutionnel. Julie et Justine se ressemblent et s’assemblent autour de cette réussite : les deux parisiennes s’accordent que ce n’est plus une question d’origine africaine mais d’âme africaine.

Elles portent en commun de créer une vitrine permettant aux créateurs africains, du nord au sud, de l’est à l’ouest, de se donner une visibilité et de promouvoir leurs productions artistiques. « Arts Design Africa », créé en mars dernier,  est comme une sorte de vitrine de l’art contemporain africain et collabore à toute initiative valorisante allant dans ce sens. Julie s’explique :

« C’est de donner l’occasion à ces artistes d’avoir une vitrine et aux amateurs d’acheter facilement. A force de travailler, on est venu à une galerie qui est 100% en ligne. On sélectionne des artistes qui sont soit basés sur le continent africain, soit qui font partie de la diaspora ou soit qui s’inspirent de l’Afrique. Ainsi, les amateurs d’art peuvent entrer en contact et accueillir une œuvre facilement »

Un art à la lisière de la tradition et de la modernité

L’art africain ne se confine pas à l’art premier. C’est un art qui vit et qui se vit au quotidien, qui  obéit à la courbe sinusoïdale de l’évolution sociale. A la lisière de la tradition et de la modernité, il présente un autre regard de l’Afrique au-delà des effets médiatiques polarisés sur la famine, les maladies, les enfants soldats et les migrations.

L’art africain, pour la diaspora comme pour Julie, française d’origine camerounaise, est la source qui permet de se requinquer dans ses racines, de s’assumer tel qu’on est, et de tonifier le trésor qu’est le vivre ensemble et l’ouverture d’esprit.

« Arts Design Africa » au-delà de  la promotion d’œuvres,  les unes plus impressionnantes que les autres, veut permettre aussi à l’artiste de pouvoir vivre de son travail.

L’art africain spécifiquement pris

Julie explique que c’est un art qui, au-delà de sa simple dimension esthétique,  est d’essence pédagogique :

« L’Afrique est un art à ciel ouvert. La question de l’art africain ne se répond pas de façon polémique. Nous sommes sur la découverte, l’accessibilité, de la proximité et créer des ponts entre  l’Afrique et l’Europe à travers l’art. Les jeunes qui connaissent leur histoire sont plus armés pour un mieux vivre ensemble. Il faut changer la narrative sur l’Afrique (les migrants etc…). L’Afrique a un autre discours à présenter. »

L’art africain, comme écrit plus haut, est  sociétal et engagé. Les artistes, à l’image de Fawzi Brachemi (http://france-fraternites.org/femme-contre-fondamentalisme-credo-peintre-fawzi-brachemi/3/), s’en servent pour décrire une société, un mode de vie et pour livrer un message.

Au moment où les fractures sociales, alimentées par les discours de haine et de division, s’amplifient, au moment où l’inquiétante montée des extrêmes annihile tout espoir de dialogue et d’amitié, au moment où l’ignorance de l’autre semble gagner du terrain, l’art se pose  en rempart, s’élève en de hautes murailles, pour défier les idées reçues.

Par Tanguy GARREL-JAFFRELOT et Dramane DIAWARA (Pour France-Fraternités)

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