A la cour, la constitution s’effondre

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Ç a pagaille à la cour, cette racaille cisaille la constitution. C’est « l’impeachment », oui il n’y a pas de mot plus évocateur du climat traumatique qui prévaut dans nos cœurs et dans cette cour constitutionnelle plus que celui de « l’empêchement ». Cette cour devient ahurissante, elle court derrière le pouvoir et se déshonore.

Mais l’histoire des cours va de pair avec celle des courtisans, des partisans et des artisans, gens à tout faire pour bien plaire.

Sur cette cour, plane une main invisible, une main de nuit, une épée de Damoclès, une main d’araignée qui tisse sa toile au-dessus de la cour.

En Guinée aussi, on s’inspire d’ailleurs comme tout le monde, mais à la grande différence des autres, notre particularité, nous nous inspirons des problèmes des élites des autres pays qui réussissent un coup tordu. Bon ou mauvais coup, l’essentiel pour nous est qu’il soit un coup réussi et bien tordu. En Guinée, c’est une habitude que d’importer des problèmes et non les solutions pour éviter les problèmes que la répétition infinie de l’histoire engendre.

Nous nous faisons l’honneur d’imiter, de plagier, de dérober aux autres leurs soucis, leurs problèmes. Pour illustration, si le BRESIL nous inspirait comme le répète à l’envie notre infatigable président, le BRESIL pouvait et devait nous inspirer dans bien de domaines. Son miracle économique enviable en Amérique latine et sa cohésion raciale plutôt réussie, mais pas ses problèmes institutionnels.

La méthode MICHEL TEMERE qui consiste à éjecter des personnalités des postes à responsabilité, en faisant l’impasse sur la procédure légale, a constitué un précédent qui a fait tâche d’huile en Amérique latine. Et nous, en GUINÉE, on importe ce cocktail explosif sans en mesurer les conséquences susceptibles d’impacter les équilibres dans le pays.

FIN DU THÉÂTRE JURIDIQUE ET DÉBUT DE LA TRAGI-COMÉDIE POLITIQUE

 On s’attendait vraiment à un tel dénouement malheureux sur la crise qui sévit du coté de la cour constitutionnelle. Surtout quand on connait la main invisible qui fait et défait ce que prévoit la loi en Guinée. Nous ne sommes point étonnés que ce qui semble être la plus importante crise au sommet d’une institution républicaine en Guinée, se soit ainsi clôs dans le déshonneur total de l’institution et dans le mépris le plus abject pour la loi.

Imaginons, rêvons, faisons comme ces esprits ensommeillés, inertes à toute compréhension objective de l’enjeu, faisons l’effort de comprendre la scène qui s’est jouée à la cour.

Admettons que c’est vrai que Kelefa Sall s’est rendu coupable des faits qui lui sont reprochés. Que dit la loi en pareille circonstance, puisque le droit c’est « l’écrit, l’entendu et le dit », pas de révocation sans évocation et justification du fait révocable.

Les conseillers, gagnés par le souci de l’argent, du prestige, par la peur des angoisses de l’avenir, enhardis et aveuglés par l’exemple d’un illustre monsieur qui avait rendu service en 2010 et reste toujours dans les bonnes grâces de l’éternelle récompense : « ministre de ceci, directeur de cela ». Les conseillers mutins s’allient à la grosse main invisible, et dans l’hésitation de la première action du crime, ils ont saisi l’assemblée nationale qui n’est aucunement habilitée à statuer sur pareil différend. On cherche un parrain, un pantin, un mutin, un brigand du Droit, un habitué des faits, un soutien de haut rang pour perpétrer le CRIME et jouer sur le flou des preuves, les non-dits du droit et faire la besogne.

QUAND LE SERMENT EST FONDÉ SUR LE FAUX ET LE PARJURE, LE DROIT S’ABJURE SUR LA PRIMAUTE DU PREALABLE.

 Le faux pas du départ, comme dans toute œuvre criminelle, le départ est timide, hésitant, confus et secret. On trébuche, on bute, mais on tient le coup, bien que la finalité du crime soit le « bénéfice », ici l’important c’est de réussir.

Alpha Condé leur dit, du silence, de sa voix inaudible, du haut de sa toile sur le toit de la cour et signe de sa main invisible, regardez, courage allez, foncez, ne craignez rien, je veille comme le seigneur là-haut. Bougez-vous, faites comme moi, si vous avez honte des futures progénitures, fermez les yeux. Faites comme moi, j’ai violé la loi en nommant deux conseillers qui n’avaient pas l’âge requis et qu’est ce qu’il s’est passé ensuite, rien, ils DORMENT tranquilement. Faisons vite, car ceux qui ne dorment pas SOMNOLENT et pourraient crier aux BRIGANDS.

 LA SUBORDINATION DES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES EST UN CRIME COMME LE VOL L’EST DANS LE DROIT COMMUN.

 Il est un crime aussi crapuleux que les autres, la subordination des cadres de l’État et des autres fonctionnaires auxiliaires.

Le système de dépravation du pays est toujours basé sur deux roues :

La première est le sabotage étatique de l’éducation nationale et de l’instruction publique. Ici, le message est clair : refuser l’instruction au peuple et favoriser la médiocrité pour que chaque cadre se sente redevable vis-à-vis de son bienfaiteur. Puisque si le cadre ne mérite pas le poste, alors cette dépendance crée un climat de jusqu’au-boutisme et un zèle sans faille du cadre redevable.

Deuxièmement : refuser l’amélioration des salaires en dépit des moyens possibles, pour appauvrir les gens. Et créer ainsi, une nouvelle classe de nouveaux riches qui gravite autour du pouvoir et qui doit tout au nouveau pouvoir jusqu’à assimiler sa survie à celle du pouvoir. Un fanatisme de survie.

Comme disait Victor Hugo : « l’insurrection, c’est l’excès de fureur de la vérité »

OURY MöTELLY

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