Récents coups d’etat en afrique de l’ouest : le langage de fermeté de jean-claude kassi brou

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L es récents coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso sont « un recul démocratique » a affirmé Jean-Claude Kassi Brou, président de la commission de la Communauté économique des Etats ouest-africains (Cédéao).

Dans un entretien accordé à nos confrères de l’AFP,  Jean-Claude Kassi Brou opte pour la « la tolérance zéro ».

Quel impact risque d’avoir les trois récents coups d’État pour l’Afrique de l’Ouest?

Jean-Claude Kassi Brou : Chaque fois que vous avez un coup d’État, c’est un recul démocratique pour le pays et la région. La réponse de la Cédéao a toujours été très ferme et très cohérente par rapport aux coups d’État, c’est la tolérance zéro. Ce n’est pas propre à la Cédéao, c’est également la même réaction au niveau de l’Union africaine et c’est aussi une exigence internationale et mondiale.

La période des coups d’État des années 70 est révolue. Conformément à notre protocole, toute accession au pouvoir doit se faire par les urnes, la prise de pouvoir de manière non constitutionnelle est totalement interdite et l’armée est républicaine et apolitique.

Ces évolutions observées ce derniers mois, évidemment ce sont des violations de notre protocole que ces pays ont accepté et signé. La Cédéao est toujours disposée à accompagner les pays dans un processus de retour à l’ordre constitutionnel.

Des voix s’élèvent contre la Cédéao accusée de défendre les pouvoirs en place au détriment des peuples. Que leur répondez-vous?

Les populations veulent la paix, la sécurité, le développement économique, des emplois. Les premiers responsables pour leur procurer ça, ce sont les États, des gouvernants légitimes dont le peuple s’est doté à travers des élections.

Quand le pays (les) a choisi(s) lui-même à travers des élections démocratiques, on ne peut pas accuser une organisation de soutenir tel ou tel dirigeant. La Cédéao accompagne les pays dans les processus électoraux et nous en avons accompagné où il y a eu des changements de régime, au Liberia, en Sierra Leone, au Sénégal où le parti au pouvoir a perdu.

Je pense qu’il faut renforcer les processus démocratiques, s’il y des insuffisances, des faiblesses, il faut les corriger. Ce qui est important, c’est d’avoir des élections qui soient transparentes, crédibles, organisées de manière ouverte pour que les populations puissent s’exprimer librement. C’est ça qu’il faut soutenir, améliorer, rendre encore plus performant.

Mais il ne faut surtout pas croire – et ça c’est un piège – qu’un régime militaire qui intervient par la force pour s’imposer, sera mieux qu’un régime civil pour trouver des solutions de développement, de sécurité, d’emploi.

Tout n’est pas parfait, mais le fait qu’il y ait des difficultés au plan sécurité, ne veut pas dire qu’il faut absolument un coup d’État. C’est un recul au plan politique et économique.

Êtes-vous inquiet par la tension qui est en train de monter entre la France et la Mali?

Le Mali est un pays qui fait face à une pression terroriste très forte. Il faut appeler les partenaires, l’Union africaine l’ONU, à venir aider dans la lutte contre le terrorisme, c’est une lutte qui a été imposée à nos pays, le terrorisme vient de la déstabilisation de la Libye et c’est pour ça que nous demandons à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et d’appuyer ce pays-là.

Ce que nous souhaitons, c’est qu’il y ait un dialogue, des échanges pour aplanir les différends, car ce qui est important, c’est que la paix revienne, qu’on réussisse à juguler le terrorisme. Je crois que c’est ça qu’on recherche tous ensemble. 

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