Politique : l’ufdg, la vache laitière de la classe politique guinéenne

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P arfois, il est normal de se demander si Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG et chef de file de l’opposition est bien entouré, bien conseillé. Soit il ne prend nullement en compte les avis de son entourage, soit il n’en fait qu’à sa tête ou il est tout simplement mal conseillé. Au gré des échéances électorales et des intérêts des partis politiques, l’UFDG s’est fait baratiner par des bandits à col blanc qui ne partagent aucune de ses valeurs. La deuxième force politique en république de Guinée possède en effet un atout redoutable qui ferait trembler tout pouvoir politique et rendrait jaloux tout adversaire, et même partenaire : un réservoir immense de militants motivés et dévoués et une majorité silencieuse de sympathisants. Malheureusement, ce potentiel attire vers le parti plus d’opportunistes que de véritables partenaires dans le cadre des alliances signées çà et là.

C’est ainsi qu’à l’occasion des législatives de 2013, l’actuel ministre des transports Aboubacar Sylla de l’UFC (Union des Forces du Changement) et Mouctar Diallo, ministre de la jeunesse et président des NFD (Nouvelles Forces Démocratiques), ont réussi à se faire élire député à l’Assemblée nationale sur la liste de l’UFDG. Si ces deux partis avaient présenté des candidats sur leur propre liste, il est évident qu’ils n’auraient pas eu les voix nécessaires pour élire un seul député. Aujourd’hui, ces formations politiques ont rejoint le navire gouvernemental après s’être donné de l’aura en surfant sur la popularité de l’UFDG.

Il en est de même avec l’UFR. Aux mêmes élections parlementaires, Sidya et Cellou à travers leurs entités ont conclu une alliance électorale dans l’un soutiendrait l’autre dans les zones qui lui sont favorables. L’UFDG a donc soutenu les candidats de l’UFR dans les circonscriptions électorales de Boffa, Boké et Matam entre autres. Alors que les résultats d’élections antérieures notamment la présidentielle de 2010 ont prouvé que l’UFDG à elle seule pouvait remporter ces circonscriptions. Puisque au second tour de la présidentielle de 2010, à la surprise générale, c’est Cellou qui est arrivé en tête à Boké, chez la mère d’Alpha Condé, ville qui l’a vu naître également.

Fort de 10 députés à l’hémicycle rectangulaire après cette alliance, l’UFR boude son allié et s’approche de la mouvance présidentielle avec à la clé la nomination de Sidya Touré comme haut représentant du chef de l’État. Allez savoir où et comment il effectue cette haute représentation.

Sans tirer les conséquences de cette prévarication, l’UFDG a grandement ouvert ses bras à tous les frustrés qui quittent le navire de la mouvance pour des intérêts strictement personnels et égoïstes.

Elle a accueilli les tambours battants Alhousseiny Makanera Kaké l’ancien inconditionnel de la mouvance et signé une nouvelle alliance avec l’UDG de Mamadou Sylla. Elle est devenue la consolation de ces égarées politiques qui n’ont pas eu l’audace de démissionner du gouvernement lorsqu’ils en avaient l’occasion.

Le Parti au pouvoir exploite également les faiblesses de son principal challenger. Lorsqu’il le veut, le RPG s’acoquine avec l’UFDG pour violer la loi. À eux deux, ils écrasent et mettent en minorité toutes les voix discordantes qui viendraient d’autres bords politiques. Ce fut le cas le 23 février 2017 avec la modification du code électoral en prélude aux élections communales. Malgré les critiques de la société civile et les mises en garde d’éminents juristes, le couple UFDG-RPG détenant la majorité parlementaire ont doté la Guinée d’un nouveau code électoral prévoyant la désignation des chefs de quartier et de district au prorata des résultats que les listes de candidats auront obtenus aux élections communales. Cette situation entache sérieusement la crédibilité de l’UFDG qui, rappelons-le, cherche à conquérir le pouvoir politique tandis que le RPG tend vers la fin de son second mandat.

Le retournement à 360 degrés du RDIG n’est que la confirmation de cette hypothèse. Dans la démocratie balbutiante de la Guinée, à l’heure où le pays traverse une crise des institutions, nul n’a intérêt à fragiliser le seul contrepoids du pouvoir en place. Cela revient à redéfinir clairement la ligne politique de l’UFDG, sa fixation sur les principes démocratiques et de respect de la constitution.

Alpha Oumar DIALLO

 

 

 

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