Kankan : la hausse du prix du carburant impacte le quotidien des populations

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À  la grande gare routière de Kankan, communément appelé Bada, les transporteurs routiers n’ont pas attendu que le ministère des transports et ses partenaires revoient les tarifs des transports suite à l’augmentation du prix des produits pétroliers de 8 000 à 10 000 francs guinéens. 

Les responsables de cette gare ont augmenté le coût des transports au départ de Kankan. Le trajet Conakry-Kankan qui coutait 160.000 GNF passe à 180.000 GNF pour les taxis. Sur le même trajet, les frais de transport passent de 130 000 GNF à 150 000 GNF pour les minibus, soit une augmentation de 20 000 GNF. Pour les bus, on note une légère augmentation de 10 000 GNF sur l’ancien tarif de 100 000 GNF.

Pour le syndicat des transporteurs routiers de Kankan, c’est la conséquence de l’augmentation unilatérale du prix du litre du carburant par les autorités. « Le gouvernement a augmenté le prix du litre de carburant sans nous consulter. Donc, nous étions dans l’obligation de réajuster les prix pour éviter que les transporteurs ne perdent pas. » explique Iya Dian Keita, le chef de ligne à la gare.

De leur côté, les voyageurs qui subissent l’augmentation des tarifs de transport se rongent les ongles, aussi. « Nous sommes obligés avec cette augmentation du prix du carburant, de prendre l’autocar qui coûte à présent 110 000 francs. Plus le bagage, je vais dépenser à peu près 150 000 GNF. Au cours du trajet, je dois aussi manger, finalement, il ne me restera plus rien comme argent de poche. Franchement avec ça, cette situation ne nous arrange pas », se plaint François Millimono, en partance pour Conakry.

Les taxis motos, du Nabaya, ont aussi augmenté leur prix de déplacement, la situation n’arrange pas, mais les conducteurs des taxis motos, sont obligé de procéder à cette hausse disent-ils. Dans la commune urbaine de Kankan, les transports sur les taxis motos sont également affectés. « Avant l’augmentation du prix du carburant, le tarif pour une courte distance était fixé à 2 000 GNF, mais aujourd’hui, c’est à partir de 5 000 GNF. Quand c’est beaucoup plus loin, en ce moment, on peut discuter avec le client », explique Kaba Condé, un conducteur de taxi moto.

L’augmentation du prix des produits pétroliers et des frais de transport impacte négativement le panier de la ménagère. « Cette augmentation des tarifs de transport nous dérange tellement. Moi par exemple, quand mon mari me donne 30 000 francs pour la dépense, si j’enlève 10 000 GNF dans cette somme, ce qui va rester ne pourra pas suffire. En plus, tout a augmenté sur le marché : le riz, l’huile, l’oignon, tout. Nous demandons à l’État de revoir cette situation pour nous », plaide Mariame Camara, une ménagère.

Les prix des denrées de grande consommation connaissent également une augmentation à kankan. Ainsi, le sac de riz importé (Bangladesh ou CIAO) de 50 kg qui se vendait à 290 000 GNF se vend aujourd’hui à 300 000 GNF. Pour le sac de sucre, le prix passe de 295 000 GNF à 300 000 GNF. En général, l’augmentation varie de 5 à 10 000 GNF selon les endroits. Le sac d’oignons importés, lui, enregistre une grande envolée de 40 000 GNF passant de 135 000 à 170 000 GNF.

Par contre, les prix de certaines denrées demeurent inchangés. Il s’agit de la viande dont le kilo continue à se vendre à 35 000 GNF, de l’huile de palme dont le bidon en provenance de Gueckedou se négocie toujours à 150 000 GNF, du lait en poudre dont le sac s’obtient à 160 000 GNF et la farine dont le sac est vendu à 240 000 GNF.

Depuis l’augmentation des prix des produits pétroliers, des organisations de la société civile réunies au sein des Forces sociales de Guinée et l’inter centrale syndicale CNTG-USTG mènent des actions de protestation pour contraindre le gouvernement à ramener le prix du carburant à 8 000 GNF. Mais le démembrement du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne de kankan a tenté de protester à sa manière.

« Nous avons beaucoup plus privilégié le dialogue, ici. Nous nous disons que si les partis s’asseyent autour de la table, et discutent, elles pourront s’entendre. C’est vrai que nous n’avons pas tenu des pancartes, fait comme les autres, mais nous essayons avec une autre manière de suivre l’action lancée par les plateformes de la société civile basées à Conakry. Encore une fois, les rencontres de concertation sont notre action principale. Depuis le début de cette crise, nous avons eu plus de six rencontres, pour élaborer des stratégies, pour amener le gouvernement à écouter la population », indique Alphonse Yombouno, président du conseil préfectoral des organisations de la société civile (CPOSC/Kankan). Il rassure que la société civile régionale de Kankan est solidaire de celles qui se battent à Conakry.

Kadiatou Kouboura BALDE

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