dropcap style= »style-2]P[/dropcap] uisqu’il nous est venu à l’idée de parler des retraités de notre chère Guinée particulièrement ceux du secteur privé, allons tout droit sur la véracité principale dont prolifèrent tous les autres qui nous ont précédés.
Avant d’aborder le vif du sujet, rappelons que la retraite peut être considérée comme un temps social au cours duquel un individu, ayant atteint un âge bien déterminé (60 pour certains et 65 ans pour d’autres suivant leur statut), quitte définitivement son emploi.
La Guinée, à l’image de la plupart des autres pays africains francophones, a mis en place une politique de retraite conçue sur le modèle français de sécurité sociale. C’est ainsi que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (pour le secteur privé) et tout récemment la caisse de prévoyance sociale (pour le secteur public) relevant de la Division Pension (dont la mission consiste à assurer le bien-être social et économique des retraités par le paiement des pensions) ont été mis en place.
En Guinée, le recouvrement des cotisations sociales auprès des employeurs n’a jamais posé de problèmes mais, la mise en place d’un système administratif pour la liquidation des dossiers de retraite ainsi que le paiement des pensions des retraités dans les délais légaux ont soulevé quelques défauts.
Cette situation trouverait son explication dans le retard causé lors de la collecte ainsi que l’analyse des dossiers, l’absence d’une réactivité des services de la CNSS mais aussi l’asymétrie d’information entre retraités et les deux (2) services cités ci-dessus.
Ce n’est pas pour rien que bon nombre de retraités rencontrés dans le cadre de cette analyse nous ont remonté divers problèmes à différents niveaux qui résulteraient de la mauvaise gestion des régimes de retraite. À cette date, beaucoup de retraités assimilent la retraite à une fatalité, voire une sanction. Car, obtenir sa pension de retraite ressemble bien souvent à un véritable parcours de combattant. Figurez-vous bien que certains retraités du secteur privé de décembre 2022 n’auraient pas encore touché leur pension selon nos différents entretiens avec eux. Et pourtant, la retraite est un droit pour tous les travailleurs. Cette situation trouverait son explication dans l’accroissement de l’effectif des retraités, qui constitue d’ailleurs une source sûre de dysfonctionnement dans le traitement des dossiers de retraite et par voie de conséquence, de lenteur et de retard dans le payement des pensions de retraite.
Malgré notre volonté manifeste de fournir des statistiques sur cette problématique surtout en ce qui concerne le secteur privé, nos efforts sont restés vaines (non obtention des données fiables sur le nombre d’individus enregistrés par année auprès de la CNSS). Ce qui est à notre sens très déplorable car les statistiques doivent être disponibles et à la portée de tous. Par ailleurs, il convient toutefois de souligner que les retraités de la fonction publique sont mieux traités que ceux du privé. En d’autres termes, les retraités du secteur privé ont vu leur pension passé ce dernier temps de GNF 1 500 000 à GNF 1 800 000 par mois et cela en dépit de tous les efforts consentis. Du coup, du DG au planton, tout le monde est traité au même pied d’égalité.
Cependant, le mode de financement de la retraite en République de Guinée à l’image de toutes les autres colonies françaises d’Afrique, repose sur la solidarité intergénérationnelle. Par ailleurs, il convient de noter un déséquilibre démographique entre cotisants (actifs) et retraités (inactifs) provoquant ainsi d’énormes déficits structurels. En un mot, les cotisations sociales ne permettent pas d’assurer les dépenses de pension. Cette situation serait en partie à la base des dysfonctionnements économiques dans le fonctionnement des institutions de retraite.
Face à cette situation, l’on se demande quels sont les déterminants de ces difficultés rencontrées par ces retraités ? Comment les institutions en charge de cette retraite gèrent-elles les dossiers de retraite ? Quels sont les problèmes rencontrés dans la mobilisation des ressources par ces régimes de retraite ?
Une fois encore, ces questions ne seront pas répondues. Cette analyse se fixe comme objectif d’éclairer la lanterne de l’opinion publique et des autorités publiques sur les véritables enjeux des réformes à entreprendre dans ce secteur afin d’améliorer les conditions de vie des retraités.
Nous ne saurons terminer cette réflexion sans pour autant proposer quelques pistes de solution fiables à notre sens pour le bon fonctionnement des régimes de retraite en Guinée. Nous pensons que pour résoudre ce problème, l’Etat guinéen doit :
1. Rehausser l’âge légal moyen de départ à la retraite (y compris celle anticipée) : une telle mesure devra entraîner l’accroissement du nombre d’actifs d’une part et d’autres part la baisse systématique du nombre de retraités. D’autant que cette solution semble très discutable dans le contexte guinéen, elle est de loin celle privilégiée de nos jours par la plupart des pays du monde et a été d’ailleurs mise en œuvre dans les réformes françaises de 1993 et 2003 avec des résultats hyper intéressants. Toutefois, il convient de souligner qu’elle se heurte cependant au faible taux d’emploi. Par conséquent, la mise en application devra faire l’objet d’une étude très approfondie avant la prise de décision finale ;
2. Augmenter les taux de cotisations des salariés afin d’avoir une assiette plus large. Une telle mesure occasionnera certes l’accroissement des ressources, mais elle se heurtera sans doute aux réticences des employeurs et des salariés. La conséquence directe d’une telle mesure sera la réduction de la progression du pouvoir d’achat des salariés. Ce qui entraînera la baisse de la consommation et la croissance économique.
Safayiou Diallo
Citoyen guinéen