Guinée : le système éducatif ne s’exprime que par deux faits (sékou camara)

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L ‘école guinéenne est malade. Notre système éducatif ne s’exprime que par deux faits: la grève des enseignants uniquement que pour une amélioration salariale et l’organisation des examens nationaux.

Les enseignants n’ont jamais grevé pour le manque de matériels didactiques, l’état vétuste des infrastructures scolaires, le pléthore des effectifs dans les salles de classe, le manque de programme de formation continue, de recrutement et de graduation des enseignants par voie de concours et que sais-je encore !

Comme pour dire que le salaire seul suffit pour améliorer la qualité de l’enseignement. Pourtant, Herzberg un imminent auteur de l’école des relations humaines classe le salaire parmi les facteurs d’hygiène professionnels qui sont nécessaires à la satisfaction et à la productivité, mais non suffisant à son augmentation.

Ce n’est parce qu’on est bien payé qu’on devient performant dans l’exécution d’un travail qui n’est pas sa portée. Et Dieu seul sait que la tâche d’enseignement n’est pas à la portée de beaucoup de nos respectables enseignants pour qualifier notre système.

– Sans satisfaire les préalables cités, l’encadrement de notre système éducatif ne se fait entendre avec un bruit assourdissant et effrayant qu’au au moment des examens nationaux.

Un arsenal sécuritaire est déployé dans les centres d’examen pour faire croire à l’opinion que notre école est enveloppée dans une toile de rigueur.

Les élèves étant le maillon faible de la chaîne, on met tout le grappin sur eux en leur faisant endosser la faiblesse de tout le système.

Le taux d’échec élevé devient l’indice de performance. Pourtant, un taux d’échec qui avoisine les 25% voir moins met en cause tout le système éducatif et non les élèves seules.

A quoi sert de mettre en place un système de contrôle sophistiqué pour une tâche mal planifiée, organisée et dirigée?

Des normes de performance pour notre système éducatif sont-elles définit ? Sont-elles satisfaites en amont ?

Le contrôle (examen) est une fonction banale de gestion qui sert à renseigner de la conformité du résultat aux prévisions.

Par analogie au vieil adage, « ce qui ce conçoit clairement, s’énonce aisément ». Si les préalables aux examens sont bien conçus et satisfaits, ils devraient être une promenade de santé pour les candidats.

L’école doit être la priorité des priorités car tout dépend d’elle. L’état doit doter l’éducation d’un budget (30-40%) conséquent pour assurer une formation adéquate à la jeunesse qui en retour entreprendra pour financer notre économie qui t’a revoir le budget à la baisse quand l’école aura pris son envol de performance. Le Sénégal a fait cette expérience sous de la gouvernance du président Wade.

L’état doit oser engager des réformes d’envergure dans notre système éducatif. Le morcellement du système éducatif n’est pas performant. La stabilité de l’encadrement est un atout de performance. La Côte d’Ivoire en 10 ans n’a eu un seul ministre de l’éducation quand le nôtre tout niveau confondu a eu une dizaine.

Les résultats d’une réforme dans le système éducatif ne sont perceptibles que dans 10 ans. Dans une administration où jeté l’enfant avec l’eau du bain est la règle, un changement perpétuel d’hommes est contreproductif.

Mieux, tant que savoir n’obtiendra ses lettres de noblesse, notre école ne sera pas performante. Dans un pays où la kakistocratie est la règle, adieu l’école de qualité.

La Guinée est l’un des rares pays où le fameux slogan « premier à l’école, dernier dans la vie » tient toujours. Tant que cela sera, il aura peu de facteurs motivants pour s’instruire et l’école régressera quel que soit l’investissement.

Il est très difficile aujourd’hui en Guinée d’inciter les enfants à l’effort et à l’intégrité quand ils voient leurs amis médiocres dans un luxe déconcertant par népotisme ou favoritisme. Cela est préjudiciable à notre école.

Une approche système de la gestion est indispensable. Dans un système tout est interdépendant. Une erreur de fabrication perceptible sur le produit fini peut dépendre de la qualité de la matière première.

Les grandes entreprises qui évoluent en Guinée doivent soutenir l’école, car il n’y a pas de formation professionnelle performante sans formation initiale de qualité. Une application rigoureuse du contenu local en matière d’emploi peut les amener à cela.

On pourrait faire parrainer par exemple les écoles professionnelles par des entreprises qui emploient plus leurs produits.

Il est inadmissible qu’un pays potentiellement minier comme la Guinée ne dispose que d’une seule université de formation générale en mine et géologie. Nous devons avoir des écoles ou tout au moins des spécialistes en bauxite, diamant, or, fer etc. Ainsi qu’en montage, suivi et évaluation et conseillers juridiques des projets miniers, infrastructures routières, agricoles, maritimes et portuaires. Ce qui permettra au pays d’accroître sa capacité de décaissement et d’être à l’abri des coups fourrés des partenaires.

En tout cas la première république avait déjà envoyé des étudiants guinéens en Algérie pour une formation en pétrochimie.

Notre système éducatif doit s’adapter à la réalité du terrain. Il est contre performant qu’il forme plus de prestataires de services (droit, économie, commerce, banque et assurance, etc) que de fabricants (ouvriers qualifiés, aide-ingénieurs, assistants agro-pastorales, ingénieurs etc).

C’est la fabrication qui crée les services et non le contraire. Le chômage endémique que connaît notre pays est plus lié aux filières de formation inadaptées au milieu de l’emploi qu’aux contenus et la qualité des programmes d’enseignement. Quand l’école va bien, tout va bien et inversement.

Juste susciter le débat autour du plier central de tout développement qu’est l’école.

Sékou Camara

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