Umaro sissoco embaló : ‘’certains chefs d’etat avaient voulu nous emmener en guerre civile’’ (interview)

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V isiblement, le Président de la République de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, connu pour ses positions tranchées surtout quand il s’agit de ses relations avec ses pairs de la CEDEAO, n’a pas encore fini de faire parler de lui.

Entretenu par la journaliste Samantha Ramsamy, mercredi 22 juillet 2020, dans l’émission Grande Interview, le président Bissau guinéen, s’il semble se forgé au discours d’homme d’Etat, reste cependant attaché à la rhétorique qui est la sienne.

Questionné sur le scrutin qui l’a élevé au rang de Chef de l’Etat, le Général Embaló dit ne devoir qu’au peuple Bissau guinéen. Avant d’ajouter que certains de ses pairs membres de la CEDEAO  ont manœuvré contre lui.

« Non. Elle (la CEDEAO, ndlr) ne pouvait pas s’opposer. Ce, malgré qu’il y avait certains Chefs d’Etat qui avaient voulu créer de la pagaille, semer la pagaille en Guinée Bissau, et même voulu nous emmener en guerre civile » a-t-il déclaré.

Extrait de l’entretien réalisé par nos confrères de RT France

RT France: votre pays a été marqué par des crises politiques. Vous êtes arrivé au pouvoir au terme d’un imbroglio politique, d’une présidentielle contestée même devant la Cour Suprême de votre pays et vous êtes aussi arrivé au pouvoir à la faveur du soutien de la CEDEAO. A qui vous devez votre place ?

Embaló: Moi, la CEDEAO ne m’a pas soutenu. Je suis membre de plein droit de la CEDEAO. Les gens qui m’ont élu, c’est le peuple Bissau guinéen, ce n’est pas la CEDEAO. La CEDEAO ne peut pas imposer un Président. Ce mandat n’est pas un mandat de la CEDEAO. Les gens qui m’ont donné un mandat légitime, c’est le peuple de Guinée-Bissau. Et depuis quelque temps, n’oubliez pas, il y a beaucoup de gens, des Chefs d’Etat, mes homologues qui ne m’ont pas soutenu. Ils ont soutenu ouvertement mes opposants. Il y a même des Chefs d’Etat qui sont allés loin. Ils ont tenu une table ronde pour soutenir Domingo Simon Pereira, mais ça, je ne regarde pas dans le rétroviseur. Le plus important pour moi, que j’ai toujours compris, ce que ce n’est pas un Chef d’Etat qui va m’imposer. C’est le peuple Bissau guinéen qui va me faire élire, comme eux ils ont été élus dans leurs pays.

Mais pourtant, vous avez effectué des tournées dans certains pays, des pays qui vous ont soutenu comme le Niger. Votre homologue, le président Mahmadou Issoufou. Le Sénégal aussi, on sait que vous êtes un proche du président Sénégalais, Macky Sall. Et puis le Nigeria, c’est vrai que ça peut laisser penser finalement croire qu’il y a eu des arrangements entre amis.

Non. Ce n’est pas ça. Je vais vous dire que moi, après mon élection, je suis parti dans des pays où les présidents sont mes amis. (……). Que je sois président ou pas, je les aurais fréquentés. Macky, c’est mon grand frère. Nous sommes de même mère. Buhari, c’est mon papa. Issoufou c’est mon ami, un peu comme le président Sassou. Les autres sont mes homologues dans la sous-région. Donc c’est pour cela je suis parti les voir. Au Kenya par exemple, c’est mon grand ami, j’ai été en Afrique du Sud, aussi en Turquie, en Indonésie, au Portugal. Par exemple, je suis parti au Portugal deux fois. J’ai été avec le président et le premier ministre portugais. Donc, voilà.

En 2018, vous avez démissionné de votre poste de premier ministre du président José Mario Vaz sous la pression du parti au pouvoir en Guinée Bissau d’alors, le PAIGC qui dominait la vie politique depuis l’indépendance de votre pays.  A la faveur de la demande de la CEDEAO qui joue un peu le rôle de médiateur quand il y a des crises en Guinée Bissau, vous avez démissionné. Mais cette fois, vous avez été confirmé en tant que Président de la Guinée-Bissau, vous réfutez le soutien de la CEDEAO ?

Non, la CEDEAO ne m’a pas soutenu. La CEDEAO ne soutient personne. La CEDEAO, c’est quoi ? Elle joue un rôle d’une organisation d’intégration sous régionale qui soutient celui qui, normalement, gagne les élections. Et moi dans mon cas, j’ai gagné les élections, et pendant les élections, il y avait les observateurs de la CEDEAO, de l’Union Européenne, des Nations Unies et les autres organisations internationales, tous ces gens ont confirmé que l’élection était disciplinée, démocratique et transparente. Qui a gagné ? C’est le général Umaro Sissoco Embaló.

En Guinée Bissau, la seule Institution habilitée à annoncer les résultats des élections et confirmer celui qui a gagné et celui qui a perdu, c’est la Commission nationale indépendante. Ce n’est pas la Cour suprême.

Vous convenez donc que cette fois la CEDEAO ne s’est pas opposée à votre élection ?

Non. Elle ne pouvait pas s’opposer. Ce, malgré qu’il y avait certain Chef d’Etat qui avait voulu créer de la pagaille et semer la pagaille en Guinée Bissau, et même voulu nous emmener en guerre civile.

Qui ça ?

Ça, je le garde pour moi. Aujourd’hui, je suis un homme d’Etat. Ces gens-là, l’histoire va les condamner.

Guineeactuelle.com

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