Taxe ebola : la taxe de trop (révélations)

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L orsque le président Alpha Condé a dit en 2014 qu’Ebola est une opportunité, il n’avait pas du tout tort. Ce fut en fait une opportunité en or pour engraisser les grosses pontes de son régime sur le dos de tous les utilisateurs du téléphone portable et donc de la population. Explications.

En mars 2014, le virus hémorragique Ebola fut officiellement déclaré en Guinée. Entré par la région du Sud-est du pays, Ebola décima des milliers de vies et mis à nu le système de santé qui était déjà en caleçon.

Mais pendant que la communauté nationale et internationale se mobilisait pour venir au secours de la Guinée et de ses voisins touchés, une horde de bandits à col blanc s’enrichissait insolemment sur le dos des victimes et surtout du contribuable. Leur haut représentant, le Président de la République dira qu’en fait Ebola est une opportunité. Beaucoup étaient surpris d’entendre ces mots, mais celui qui l’avait prononcé savait bien ce qu’il affirmait.

En effet, jamais le pays n’avait bénéficié d’une telle attention et d’un tel regard, bienveillant ou malveillant par endroit. Le conseil de sécurité des Nations Unies avait déclaré la maladie dans la catégorie des « urgences mondiales ». Banki Moon nous a même rendu visite, suivi quelques mois plus tard de François Hollande. Tous, nous ont aidés.

Au plan interne, des entreprises avait été mises à contribution. Comme pendant la CAN, chacune d’elle veut montrer qu’elle est généreuse, à défaut d’être la plus généreuse. Un opérateur de téléphonie donnera à lui seul 1 milliard de francs guinéens. Cela n’a pas suffi.

Dans la loi des finances 2015, le gouvernement fait adopter une taxe unique jamais votée encore dans le pays. La taxe Ebola. C’est une taxe sur tous les appels, les sms et la connexion internet. Votée en décembre 2014 pour entrer en vigueur dès janvier 2015, cette taxe impose de prélever un franc guinéen sur chaque seconde d’appel émis, soit 60 francs guinéens par minute et 10 francs par minute sur les pass internet.

C’est la stupéfaction chez toutes les entreprises du secteur qui voient là tous les efforts mis à l’eau puisque la taxe diminue fortement la consommation des clients et donc la rentabilité. Elles entament des négociations au près du ministère des postes et télécommunications, leur ministère de tutelle et du ministère du budget qui est chargé de recouvrer les montants colossaux qui seront prélevés.

Rien n’y fait, le gouvernement veut du cash. Mais il promet de supprimer la fameuse taxe dès que le virus maudit s’en ira. Dos au mur, les opérateurs cèdent. Certaines, pour ne pas perdre leurs clients supportent la taxe pendant un moment mais finances oblige, elles finissent par le répercuter sur le client. C’est donc le bas peuple qui paie cette facture depuis.

Pour vous donner une idée, cela représente une moyenne de 80 milliards de francs guinéens par mois seulement pour les trois opérateurs de téléphonie (Orange, Cellcom et MTN). Sans compter les fournisseurs d’accès internet comme ETI, Sky Vision ou Mouna Group, qui, eux paient seulement la taxe sur les pass internet.

En 2018, les opérateurs de téléphonie mobile s’additionnent aux fournisseurs d’accès internet et demandent à l’Etat de supprimer la taxe Ebola vu que l’épidémie a été vaincue depuis.

Réponse de celui-ci, il va supprimer la taxe au plus tard le…31 février 2019. Il invite les opérateurs à simplement répercuter la taxe sur leurs clients. Point barre. Ceux-ci rétorquent que ça va au-delà de la répercussion sur le consommateur. La taxe sape carrément tous les efforts des commerciaux et impactent négativement la rentabilité au vu de la baisse de la consommation.

A ce 26 août 2019, soit plus de 3 ans et 8 mois après la déclaration officielle de la fin d’Ebola en Guinée, la taxe qui porte le nom de son géniteur d’arrière-plan est toujours d’actualité malgré ses impacts néfastes sur les clients qui paient après tout.

Lorsqu’on dit que ce sont les populations qui paient toujours le prix de la mauvaise gouvernance, en voilà un exemple parfait.

Faites le savoir aux promoteurs de l’autre !

Alpha Oumar DIALLO

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