Syndicats : s’achemine-t-on vers la création d’un syndicat du secteur privé ?

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L es centrales syndicales USTG-CNTG n’ont pas encore fini de soigner leurs maux. Elles sont à peine sorties des négociations avec le gouvernement face auquel elles ont finalement cédé sur leur revendication principale (la baisse du prix du litre de carburant à la pompe) qu’elles ont une autre paire de manches à relever. La désaffiliation prochaine des syndicats réunissant les employées des secteurs de la téléphonie mobile et des banques et assurances. D’après des informations crédibles venant de responsables à différents niveaux, la FESABAG (Fédération Syndicale Autonome des Banques et Assurances de Guinée) et la FESATEL (Fédération Syndicale Autonome des Télécommunications) envisagent de se désaffilier de leur ancienne confédération et de créer leur propre centrale syndicale. D’autres structures leur emboîteraient le pas dans les semaines à venir.

En effet, les responsables de ces deux fédérations reprochent au duo CNTG-USTG leur mollesse face au gouvernement lors des négociations et l’illusion que les leaders syndicaux de ces plateformes se font de la condition qu’ils ont posée pour lever le mot d’ordre de grève. Une hypothétique augmentation salariale à 10 millions de francs guinéens aussi bien pour les agents du privé que pour les fonctionnaires. La mesure a fait rire plus d’un dans un pays où certaines structures paient à peine le SMIG.

Cependant, à observer de plus près, l’on comprend les motivations de ces deux fédérations.
En effet, les centrales syndicales CNTG et USTG réunissent en leur sein l’écrasante majorité de la population active syndiquée de Guinée. Les fonctionnaires sont affiliés à la CNTG (Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée) tandis que l’USTG (Union Syndicale des Travailleurs de Guinée) revendique les employés du secteur privé dans leur grande majorité. Lorsqu’elles appellent à une grève, ces centrales sont suivies par endroits aussi bien par le service public que par le secteur privé.

Mais lorsqu’elles obtiennent satisfaction, les retombées sont circonscrites seulement aux agents du service public et les employés du privé, laissés sur le carreau, sont priés de s’adresser aux directions générales de leurs entreprises respectives. Aussi, les charges liées au fonctionnement de l’USTG sont largement supportées par la cotisation des agents du secteur privé. Aussi, lors la récente grève autour de la baisse du prix du carburant à la pompe, le secteur privé s’est fortement mobilisé avant d’être déboussolé par la suspension de la grève. Les employés du privé l’ont donc bien compris et ont décidé de ne plus être mangé à la sauce du gouvernement ou du duo CNTG-USTG.

Aux dires d’un responsable syndical d’une entreprise de téléphonie mobile, la mise en place d’une nouvelle centrale regroupant les employés des banques, des assurances et des télécoms n’est qu’une question de semaines. Probablement à la fin de ce mois d’août. Ils souhaitent également inclure le secteur minier dans leurs démarches afin de créer un puissant syndicat des travailleurs dédié uniquement au secteur privé. Cette initiative va en rajouter au manque de crédibilité de ces centrales qui sont déjà décriées par leur base et la population en général.

Les jours qui suivent nous en édifieront davantage sur cet autre coup que risque de prendre en face l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée.

Alpha Oumar DIALLO

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