Sidya toure : le communautarisme enfoui

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Dans le champ politique guinéen, à chaque fois qu’il est question de communautarisme, on se plait à penser surtout à l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et au Rassemblement du peuple de Guinée (RPG-arc-en-ciel). Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, les deux leaders respectifs de ces deux formations politiques passent ainsi pour les plus grands obstacles à l’édification de la Nation Guinée. Conséquemment, les autres leaders, quant à eux, surfant sur cette fausse évidence, présentent souvent leurs partis politiques comme des formations transversales. C’est le cas en particulier de l’Union des forces républicaines (UFR), de l’ancien premier ministre, Sidya Touré. Ce qui n’est pas forcément vrai. En cela, l’illustration a été donnée par le leader de l’UFR, à l’occasion de la dernière AG de son parti.

En substance, Sidya Touré a déclaré à l’intention de ces militants, rendant compte d’entretiens qu’il aurait dernièrement eus avec Alpha Condé et Cellou Dalein : « J’ai dit au Président Alpha Condé et au président Cellou Dalein que tout le débat s’articule autour de la Basse Côte, alors qu’au Fouta et en Haute-Guinée, on vole. Mais on ne dit pas. Ils s’interrogent tous sur qui va contrôler la Basse-Guinée, comme si nous ne sommes pas ici ». De cette déclaration, on peut retenir une conviction très enfouie à l’UFR : la Basse Guinée est un bastion du parti de Sidya Touré. Dans l’entourage de l’ancien PM, on ne l’avoue jamais publiquement. Mais on raisonne comme si cette portion du territoire guinéen est une propriété naturelle de ce parti.

En soi, le fait de penser ainsi n’aurait rien de mauvais si les prétentions étaient justifiées par les résultats. Mais comme on l’a constaté à travers les résultats des élections législatives de 2013 et les communales de février dernier, l’UFR est de plus en plus supplanter dans cette région. Dans ce cas, si on persiste à s’arc-bouter et à revendiquer la propriété de la région, cela ne peut que sous-entendre un raisonnement communautaire. De fait, au départ, les responsables du parti, sur la base d’un raisonnement fondé sur le poids numérique faible de la communauté d’origine du leader principal, avaient estimé qu’il est plus intéressant de mettre en avant la transversalité. Mais avec la chute vertigineuse que connait aujourd’hui l’UFR, les mêmes responsables semblent avoir pris conscience de la nécessité de se réfugier dans le repli communautaire, dans l’espoir de se faire au moins un fief permettant de survivre.

S.Fanta

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