Sécurité routière à conakry : le gouvernement guinéen déploie les grands moyens.

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Réduire substantiellement la fréquence et la gravité des accidents de la circulation, c’est dans cet objectif que les autorités guinéennes ont entamé une opération de déguerpissement des principales artères de la capitale. De la commune de Kaloum à la ‘’Cimenterie’’ en passant par les quartiers Bonfi et Bambéto, des agents de la sécurité routière sont visibles sur les différents carrefours et ronds-points. A cette occasion 911 personnes, 36 motos, 16 jeeps et 21 camions sont déployés dans les rues de la capitale Conakry afin de réussir ce pari. Pour en savoir plus votre quotidien en ligne a rencontré le directeur régional de la Police de Conakry.

Newsguinee : Aboubacar Kassé bonjour

Aboubacar Kassé : bonjour

Newsguinee : pourquoi l’implication des travailleurs de certains départements ministériels ?

Aboubacar Kassé : la problématique de la sécurité routière est une approche participative dans l’ensemble. Les gens ne connaissent que les services de sécurité sur la voie publique, alors qu’il y a plusieurs départements qui rentrent en ligne de compte.

Newsguinee : Quels sont les services de l’Etat impliqués dans ces activités de déguerpissement ?

Aboubacar Kassé : Pour endiguer plusieurs fléaux sur la voie publique, il faut la participation de l’ensemble des acteurs concernés. C’est comme le ministère des travaux publics, le ministère de l’administration du territoire, le gouvernorat de la ville de Conakry, l’entretien routier. Tout ça c’est dans le souci de définir des voies à travers lesquelles la Guinée pourrait réduire substantiellement la fréquence et la gravité des accidents de la circulation. Ce qui a amené le gouvernement à se pencher sur ce problème et à prévoir les états généraux de la circulation routière.

Newsguinee : d’autres faits de société peuvent aussi affecter la circulation routière et ses différentes emprises.

Aboubacar Kassé : Nous avons fait des analyses pour dire que l’un des fléaux, c’est le mauvais comportement des usagers sur la route. Le déficit de contrôle et de sanction, l’occupation anarchique des voies publiques surtout les marchands et étalagistes sur la voie publique, les grandes pluies aussi qui ont contribué à la dégradation de la voie urbaine à Conakry, tout cela concoure à faire régner le désordre et l’insécurité sur la route.

Newsguinee : Mais cette campagne de déguerpissement n’est-elle pas le fruit des états généraux de la sécurité routière ?

Aboubacar Kassé : avant les états généraux initiés par le gouvernement sous l’initiative du président de la République, nous nous sommes dit d’élaborer un plan d’urgence qui constitue une des réponses immédiates par rapport à la problématique de l’insécurité routière et le désordre dans la circulation. Et pour exécuter cela nous avons eu à définir des missions.

Newsguinee : vous faites allusion à quels types de missions ?

Aboubacar Kassé : Des missions qui consistent au dégagement des voix publiques anarchiquement occupées par des marchands et étalagistes, l’interdiction des stationnements sur l’emprise des intersections, le dégagement des stationnements en général, l’interdiction des doubles et triples files, le renforcement des mesures de contrôle  et de sanction, l’occupation des axes déguerpis pour pérenniser ces acquis et aussi la protection des personnes et biens sur la voie publique, assurer la fluidité de la circulation, le maintien de l’ordre sur la voie publique, voici les missions que nous nous sommes assignées.

Newsguinee : pour l’exécution de ces missions, comment comptez-vous procéder ?

 

Aboubacar Kassé : Conakry a été scindé en cinq zones : la zone de Kaloum, la zone de Dixinn, la zone de Matam, Matoto et Ratoma. Le déploiement a été défini par rapport aux axes qui ont été définis et les unités devant être déployées sur ces axes. A Kaloum par exemple, l’axe rond-point, port, boulevard du commerce, Banque centrale, commissariat central, l’hôpital Ignace Deen ; les unités qui sont déployées là c’est le commissariat spécial de la sécurité routière de Kaloum, le commissariat central de Kaloum et la CMIS n°7. On n’a regroupé l’ensemble des services routiers et les unités d’interventions pour mener à bon port ce projet.

Newsguinee : quels sont les moyens techniques et humains qui ont été déployés pour atteindre cet objectif ?

Aboubacar Kassé : A Kaloum l’effectif déployé pour la circonstance est de 137 agents. Au niveau de Dixinn 131 agents à Matam 121 agents au niveau de Matoto, la plus grande commune de Conakry, ils sont 283 agent à Ratoma 219. Il y a une coordination assurée par l’ensemble des directeurs nationaux (la Routière, la Sécurité publique, les CMIS et la Protection civile, les renseignements intérieurs, la Police de l’air et des frontières, la Police judiciaire et la direction régionale de la Police de Conakry) en tout c’est 911 personnes qui sont déployées. Les moyens matériels pour la circonstance : nous avons mis à contribution 36 motos, 16 jeeps et 21 camions qui vont être déployés. L’exécution, elle est tactique, nous n’allons pas par rapport aux missions définies essayer de prendre le tout en même temps. La première des choses que nous allons faire après la sensibilisation, qu’on n’a eu à synchroniser, c’est le dégagement des voix publiques anarchiquement occupées par les marchands, après il y’aura le dégagement des stationnements gênants, l’exécution des stationnements sur l’emprise des intersections, ainsi de suite.  Il y aura un contrôle comme on a dit qu’il y a la coordination. Chaque zone est sous la responsabilité d’un officier de police de la sécurité routière.

Newsguinee : sur la route Niger, au marché Madina, dans la commune de Matam, la chaussée est-elle toujours occupée ?

Aboubacar Kassé : D’abord On ne peut pas occuper toutes les zones de Conakry au même moment et de la même manière. Ensuite les zones sont définies pour un premier temps et on va venir sur le Niger. Enfin nous avons constaté que la route Niger est une zone très sensible pour le moment. On va commencer d’abord dans les autres zones et lorsque nous allons venir sur cette partie ils vont comprendre et ils ne feront que se plier.

Newsguinee : certains pessimistes soutiennent que ces actions de déguerpissement des emprises de la circulation routière à Conakry ne perdureront pas…

Aboubacar Kassé : Ce n’est pas un feu de paille, ça va durer c’est un plan opérationnel de trois mois. C’est en prélude à l’organisation des états généraux, comme ça le gouvernement va impliquer les autres départements qui ont la charge de la gestion de la voie publique. Ce n’est pas absolument la police qui doit être sur la voie publique. Parce qu’il y a la dégradation poussée de la voirie. Tout ça ce n’est pas la police, mais les gens ne voient que la sécurité routière, alors qu’il y a d’autres acteurs qui sont concernés par rapport à la gestion des voiries. Mais il faut mettre un accent sur la citoyenneté. Il ne faudrait pas que les agents fassent déguerpir et qu’après leur départ certaines personnes reviennent encore s’installer au vu et au su de  tout le monde, sans que personne ne réagisse. C’est sur cela aussi qu’il faut mettre un accent particulier. C’est bien beau de saluer et soutenir l’action mais il faudrait l’implication de tous les citoyens pour qu’on puisse pérenniser ces actions.

Newsguinee : qu’est-ce qui vous assure que ces policiers déployés ne vont pas recevoir de l’argent et faciliter d’autres occupants illégaux à s’installer dans les emprises et chaussées ?

Aboubakar Kassé : d’abord il y a la population elle-même qui doit s’abstenir de corrompre, vous parlez de corruption, mais il y a le corrupteur et le corrompu. Il faut éviter tout cela sur la voie publique. Quand on dit aux gens de quitter il faudrait qu’ils comprennent. L’utilité sociale de la chose, il faut qu’ils quittent, leur donner de l’argent c’est pour un temps. Dans chaque zone il y a des responsables qui sont définis, il y a des contacts, il y a la coordination qui doit passer et si on constate des actes répréhensibles on sait déjà qui est le premier responsable en matière de la sécurité de cette zone, il sera tout de suite interpellé. Il y a eu beaucoup de réunions de concertation et de sensibilisation qui ont été dirigées par le ministre de la sécurité et l’ensemble des directeurs nationaux qui sont impliqués. Je ne pense pas que quelqu’un puisse accepter d’être corrompu. Si un citoyen constate le mauvais comportement de certains agents il peut toujours venir à la sureté de Conakry pour attirer notre attention.

Newsguinee : Commissaire Aboubacar Kassé, merci de nous avoir accordé cet entretien

Aboubacar Kassé : merci à vous

Interview réalisée par Mohamed BAH

mohamed.bah@guineeactuelle.com

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