Santé : la méthode de kangourou comme moyen de réduction du taux de mortalité infantile

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La prématurité est la principale cause de décès de nouveau-nés dans  le monde, elle est souvent associée à des complications graves. En Guinée, plus de 15 mille nouveau-nés naissent prématurés.

D’après les statistiques fournies par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la prématurité est la 3eme cause de décès des nouveau-nés après l’asphyxie et l’infection.

Selon M’mah Bangoura, médecin pédiatre à l’Institut de nutrition et de santé de l’enfant, les bébés prématurés naissent souvent avec des complications graves  et ceux qui survivent se retrouvent avec des séquelles irréversibles.

En guise d’exemple, Madame  M’mah Bangoura  parle de l’infirmité motrice cérébrale et le retard du développement psychomoteur suite à un manque de  traitement efficace.

En Guinée, plus de 15 mille nouveau-nés sont prématurés en 2012, soit un enfant sur dix, selon un rapport de l’institut de nutrition et de santé de l’enfant de Donka.

«  Le centre a reçu 633 bébés prématurés sur 4935 nouveaux- nés hospitalisés en 2017 » notent-ils dans ledit rapport qui que la mortalité de nouveau-nés est estimée à 1182 décès, soit 26 % pour l’ensemble des hospitalisations et 46 % pour les prématurés.

A en croire au directeur général adjoint de l’INSE, professeur Ibrahima Sory Diallo, l’immaturité est l’une des causes de ces décès.

« Un fœtus en développement s’adapte difficilement et l’une des adaptations les plus délicates chez le nouveau-né, c’est le poumon, un bébé prématuré a besoin de la maturation pulmonaire » a-t-il expliqué.

Poursuivant, professeur Ibrahima Sory  indiquera également que la mauvaise alimentation et le manque de température  sont aussi des causes de décès des prématurés.

« Un prématuré doit recevoir toute la couverture nutritionnelle. Malgré son petit poids de 700, 800, et 900g, il a besoin d’être alimenté. En plus, les bébés prématurés n’ont pas de graisse, il faut produire de l’énergie pour eux » a-t-il ajouté.

Mabinty  Camara, l’une des femmes qui a eu un enfant prématuré, a accepté de parler des difficultés qu’elle a traversées.

« Je souffrais d’un problème intra-stérique. On m’a dit que j’ai un problème de porter l’enfant ; j’ai donné naissance à 7 mois de grossesse. Mon enfant est sous oxygène» témoigne-telle.

Rencontrée dans les couloirs d’un centre de santé, M’mah Camara dit n’avoir pas bénéficié des soins médicaux tout au long de sa grossesse.

«  J’ai beaucoup souffert ; on m’a donné aucun produit au centre de santé » a accusé M’mah Camara.

Parlant sous l’anonymat, une autre femme accuse son médecin traitant d’être responsable de la mort de son enfant.

« J’ai accouché dans une clinique, le bébé se portait bien,  jusqu’a ce qu’ils nous disent un peu plus tard qu’on devait le transporter à Donka  pour le garder sous oxygène, on a pensé que la clinique avait tous les matériels et c’était mon premier geste depuis 7ans de mariage, c’était vraiment un choc parce que le bébé est arrivé tardivement à l’hôpital » a-t-elle révélé, indiquant que son mari et certains membres de la famille l’ont formellement interdits d’accuser qui que ce soit.

 «Ils disent que c’est la volonté de Dieu donc je dois me confier à Dieu, c’est pourquoi, je n’aime plus en parler » a-t-elle confié.

Des accusations ‘’tacitement’’ reconnues par le directeur général adjoint de l’INSE de Donka. Professeur Ibrahima Sory Diallo a évoqué le retard dans le transfert de nouveau-nés.

« Quand on nous réfère les bébés, c’est par transport commun, on a un taux élevé de dépôt de corps, on donne le bébé aux parent, ils l’emballent pensant que l’enfant vit encore alors qu’il est mort, imaginez pour les centres de santé qui sont à des kilomètres d’ici, et quand l’enfant arrive en vie, c’est juste pour une ou deux heures parce qu’il n’a pas reçu les soins à temps » a soutenu directeur général adjoint de l’INSE de Donka.

Interpellé sur cette problématique, le président de l’ONG souffle 2 vie,  professeur MathiaS ROTH, a fait quelques statistiques disponibles à leur niveau. Selon lui, le nombre de décès des prématurés varie entre 2000 à 3000 enfants en Guinée.

«  Ça, c’est y compris les non recensés dans les villages éloignés, c’est de Conakry à l’intérieur du pays, donc c’est plus que la fièvre hémorragique à virus Ebola qui a fait 2500 morts en deux ans » a-t-il regretté.

Par ailleurs, en vue de réduire les décès des prématurés, l’INSE envisage de travailler en étroite collaboration avec les maternités et les gynéco-obstétriciens pour une consultation prénatale de qualité et  une assistance qualifiée à l’accouchement.

«  Il faut administrer des corticoïdes aux femmes ayant une menace de  naissances prématurées. C’est pour faciliter la maturité pulmonaire du nouveau- né » propose-t-il.

Parmi les ambitions de l’Institut de nutrition et de santé de l’enfant de Donka, figure la formation des prestataires à des gestes de soins essentiels  des nouveaux nés, à une réanimation et à la méthode  kangourou.

«  Il n’est plus nécessaire de garder les bébés dans des couveuses ; si on associe la corticothérapie à la méthode kangourou, nous sauverons plusieurs bébé, le kangourou permet de prendre les enfants en charge en les mettant peau à peau entre les seins de la mère, ce contact renforce l’affection entre mères et enfants, et sa respiration stimule celle de l’enfant qui oublie parfois de respirer » précisera professeur Ibrahima Sory Diallo.

Nantady Camara

 

 

 

 

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