Religion : la prière doit être faite en langue du coran et non pas en n’ko (tribune)

Publicité

«Il ne convient pas de parler durant la salat (prière), car la prière consiste uniquement à glorifier Allah, à déclarer Sa Grandeur et à réciter le Coran.»

L’histoire de prière en Malinké n’est pas défendable. Elle  déchaine beaucoup de {passions qui nous amènent} à faire le choix obligatoire entre défendre une imposture et rétablir la vérité.

 EXHORTONS DANS UN LANGAGE CONCILIANT

Je rappelle pour commencer que la haine d’un peuple {ne doit pas aveugler notre esprit au point de nous empêcher  de voir la lumière de la Guidée} . Aussi, nous avons l’obligation d’aider notre frère, qu’il ait raison ou qu’il ait tort. On sait  tous comment aider un  frère lorsque celui-ci a raison mais très peu de personnes savent comment aider un frère quand il a tort, il s’agit tout simplement de l’accompagner à voir la vérité et de l’empêcher à se heurter au mur de la perdition.

En vérité, personne ne doit aider le sheytan contre son frère mais plutôt prier pour lui afin  qu’il retrouve le droit chemin.

Si au lieu d’aider son frère on préfère le diaboliser, les chances qu’il rebrousse chemin seront amoindries. Cependant, il est important de rappeler que la malédiction du sheytane et la noyade du Pharaon lors de la traversée de la mer furent à cause de leurs orgueils. C’est la raison pour laquelle Il faut aider ce monsieur à rétablir ses facultés en vue de lui permettre de revenir sur le droit chemin.

Ce pari est encore possible puisque nous vivons dans un pays régît par des lois et habité par des hommes raisonnables et sensés, capables d’éteindre la flamme de l’adversité et de la haine par la sagesse et la bonne exhortation.

 LE NIVEAU INQUIÉTANT DE NOTRE ÉDUCATION

Force est de constater que notre pays devient orphelin de la bonne éducation, le doute règne en roi  dans tous les domaines puisque tout le monde voudrait s’ériger en spécialiste ou expert dans tout et dans n’importe quoi. Celui qui est appelé Savant ou érudit  de nos jours est  celui qui nous dit ce qu’on veut entendre, quant à celui qui ose nous contredire, il est instinctivement perçu comme un adversaire déclaré. Pourtant, lorsque  dans notre société, les érudits  sont tournés au ridicule en dépit de leurs connaissances, il faut conclure dès lors que nous sommes en face d’une équation à résoudre.

Ne serait-il pas nécessaire de rechercher la cause de ce problème qui prend de l’ampleur chez nous ? Est-ce parce  que l’ignorance ou la paresse intellectuelle pousse beaucoup d’entre nous à choisir la facilité et les raccourcis? Ou sommes-nous aujourd’hui dans une société au sein de laquelle le débat scientifique est devenu une chose populaire ? Ceci aurait été spectaculaire!  Mais avouons-le ,  nous sommes très loin de cette éventualité .

J’entends par -facilité et raccourcis- le fait de brandir l’étendard de la Laïcité dès lors que nous sommes à court d’arguments et dans une situation qui nous déplaît : « la Guinée n’est-elle plus un pays laïque ? » voilà ce qui est chanté.

LA LAÏCITÉ ET L’ACCULTURATION

On a comme l’impression que la Laïcité devient la religion de ceux qui refusent d’être astreints aux recommandations et injonctions en matière de religion. Pourtant,  la liberté ne signifie aucunement libertinage mais plutôt elle offre le droit de penser, d’agir, de se déplacer sans porter atteinte à la liberté des autres , ne dit-on pas : « ta liberté s’arrête où commence celle des autres ? »

C’est dans ce même ordre d’idées que notre constitution guinéenne légifère la liberté de culte, afin que personne  ne soit inquiétée en matière de culte, qu’une  personne ait une religion ou non . Cependant ,  ce privilège accordé à tous les guinéens ne signifie pas toucher au sacré en piétinant de manière désinvolte les préceptes d’une religion déjà  établie  au risque de créer le trouble et compromette la sécurité publique, donc la quiétude sociale.

 Force est de constater que notre  société se trouve piégée entre deux extrémités : les laïcistes et les intégristes (en religion) . Chacun conçoit  son modèle comme l’unique voie du salut pendant que le commun du peuple est plongé au milieu de vagues  de tentations. D’un côté, nous avons les ‘toubabs noirs’ qui lui vendent l’illusion d’une réussite mondaine laquelle est riche en valeurs occidentales pendant que de  l’autre côté, nous avons les ‘arabes noirs’ qui, répugnant  la vie d’ici-bas lui vendent le rêve des 70 vierges du paradis à gagner en se donnant la mort par des actes terroristes. Toutes ces déviations sont le prix à payer du fanatisme et l’obscurantisme.

Le plus grand perdant dans ce clivage  est l’Africain puisqu’il  a perdu le chemin du juste milieu lequel lui aurait permis de tirer la crème  des deux voies, celle occidentale et l’autre orientale.

Revenons-en au sujet de La laïcité. Celle que j’ai appris n’exclut pas l’existence de la religion, mais la Laïcité  établit un cadre harmonieux qui permet à la religion  d’exister sans que sa pratique  ne pose problème à qui que ce soit.

C’est donc à dire que la Laïcité ne donne pas le droit à quiconque de piétiner ou de saboter ‘une religion déjà établie’ à partir de l’intérieur. La République assure à chacun le droit de croire ou de ne pas croire, voire ne pas avoir de religion mais elle donne à personne le droit de piétiner les principes d’une croyance bien ancrée, et ce depuis plus d’un millénaire, sinon la république aurait failli à sa mission régalienne de permettre à chacun de pratiquer sa religion en toute tranquillité.

 COMMENT NOUS PERCEVONS LA LAÏCITÉ

C’est une grande question, difficile à répondre. En vérité, ces  notions sont récentes dans notre histoire moderne. A mon avis, il serait nécessaire de faire une étude comparée entre la culture  occidentale et celle guinéenne. La question centrale consistera à savoir : comment nos sociétés ont elles géré  la coexistence du pluralisme religieux et de  l’organisation politique de la société ?

 La laïcité en Europe a produit de profondes crises interreligieuses, avec des  guerres sanglantes, l’intolérance face au pluralisme d’idées, l’oppression politique ecclésiastique, l’obscurantisme dans l’explication de certaines catastrophes … Cela a engendré une réaction anti religieuse et une révolte de la société dans tous les domaines visant à se débarrasser  du système politico-religieux. Même aujourd’hui, une psychose renaît chez les européens dès qu’on parle de religion. Chez nous, les choses sont-elles similaires ? Je ne pense pas, Il y a des différences de nature  bien qu’il y’ait quelques points communs.

 Je pense que nous n’avons pas encore pris le temps d’étudier rigoureusement le processus d’islamisation ou de christianisation de nos sociétés. Il faut le faire avec beaucoup de courage. Seulement qu’en plus de cet héritage, les éléments liés au processus de modernisation de nos sociétés s’imbriquent les uns dans les autres sans que les gens n’aient eu le temps ou pris la peine de maîtriser leurs implications pour le présent et l’avenir.

Beaucoup de personnes profitent de tout ce flou et de cette ignorance  pour assouvir leur désirs et passions. La religion est perçue non pas comme un acte cultuel mais plutôt comme une pratique culturelle, un héritage qui nous viendrait des arabes. C’est la raison pour laquelle nombreux sont ceux qui  ne s’acquittent pas correctement de leurs devoirs religieux parmi lesquels il y’a le second pilier de l’Islam : la prière rituelle. Pourtant le message principal  du Coran à côté de l’unicité de Dieu peut être résumé en ces quelques sages mots: « je vous exhorte seulement a une chose : que pour Dieu vous vous leviez, par deux ou individuellement et qu’ensuite vous réfléchissiez ». Coran, 34 : 46. Et pour réfléchir, le minimum requis c’est de lire, s’instruire et non se fier à sa passion. C’est d’ailleurs, la première recommandation de Dieu faite aux hommes dans le Coran, révélé  au prophète (sur lui la paix) pour la première fois : « Iqraa » qui signifie « Lis ».

 LA RELIGION EST UN DOGME, PAS LA PHILOSOPHIE

Faudra-t-Il souligner qu’il ne s’agit toujours pas  de s’en tenir au  raisonnement humain ou  au bon sens, la religion relève du  dogme et non de la philosophie. En l’occurrence, il y a en Islam l’obligation de se conformer aux ordonnances divines que l’on n’embrasse pas par sa science. Comme illustration, un  jour, le prophète Muhammad (sui lui la paix) demanda à Ali (que Dieu soit satisfait de lui) de passer les mains mouillées sur ses chaussettes pour les essuyer, Ali rétorqua en disant que la logique de propreté reviendrait à  essuyer en bas de la chaussette puisque c’est là-bas qui serait sale et non le haut. Le prophète (sur lui la paix) lui fit comprendre que dans la religion, c’est Dieu qui décide, tout n’est pas soumis à l’appréciation de la raison et la logique humaines. Dieu dit : «obéissez à Dieu et obéissez au prophète » Coran, 4 : 59.

Quand on discute d’un sujet, il faut avoir le minimum de connaissances sur le sujet en vue de se prononcer. Toutefois , si une personne  à son avis à donner  sur tous les sujets, cela ne relèverait pas le niveau du débat d’autant plus qu’en matière de religion nos avis personnels ne comptent pas mais plutôt ce que « Dieu et son messager ont décidé ».

Notre principe directeur en matière de débat intellectuel devrait être le suivant : « je me fonde sur des preuves tirées de sources authentiques pour être conforme à la vérité mais il est possible que je me trompe puisque nul n’est infaillible. Et s’il arrive que mon interlocuteur fasse quelques  erreurs, il se peut qu’il ait raison ». Avec cette mentalité éprise d’indulgence, on arrive à débattre avec des arguments sans avoir l’intention de gagner un débat et sans se figer sur une position irréversible.

L’ISLAM  EST BASÉ SUR UNE LÉGISLATION

Nous devons éviter de nous présenter comme défenseurs de l’islam, la religion musulmane n’a pas besoin d’avocats, elle fait déjà  l’objet d’une protection divine. Même si tout le monde entier devenait croyant, cela n’augmenterait rien dans la royauté de Dieu, de même si toute l’humanité mécroyait, cela ne diminuerait en rien la puissance de Dieu. Dieu se suffit à Lui-même.

C’est Lui qui a envoyé son messager en lui révélant un texte  « sacré » qu’il s’est porté lui-même garant de préserver . « En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien » Coran, 15 : 9.

 LA PRIÈRE EST DANS LA LANGUE DU CORAN

Le Coran, c’est toute une histoire, une vie, des circonstances de révélation, bref une législation. Vouloir le résumer  a une histoire de prière ou de cérémonie de deuil, c’est mal comprendre l’essence de sa révélation qui a eu lieu  sur une période de 23 ans.

Un héritage juridique vieux de 15 siècles et une pratique transmise de génération en génération ne suffisent ils pas comme preuves et arguments juridiques ? De quelle autre preuve avez-vous besoin ?

Le droit musulman est fondé sur 4 principes : la justice, la miséricorde, l’intérêt et la sagesse ou le bon sens.

Il vise 5 finalités : le droit de croire ou de ne pas croire, le droit à la vie, le droit à l’intelligence, le droit à la dignité et le droit au bien matériel.

Il sied de mettre en évidence que le droit musulman est un droit de source divine, ce qui veut dire qu’il puise ses arguments dans la révélation notamment : le Coran, la sunna, le consensus, la déduction par analogie, l’intérêt général, le discernement, le choix préférentiel du jurisconsulte, les mœurs et coutumes, la législation de ceux qui nous ont précédés, la prévention … etc. Donc, chercher à savoir la réponse à toutes nos questions exclusivement dans le Coran c’est démontrer son ignorance des autres sources complémentaires du Coran.

 De ce fait, il n’existe, explicitement, aucun verset qui autorise de prier dans une autre langue que l’arabe de même qu’il n’est dit nul part qu’on peut prier en ‘Malinké’. Cependant, plusieurs versets  prouvent à suffisance que le Coran est en « arabe claire » et non dans une autre langue. « Nous l’avons fait descendre le Coran en (langue) arabe afin que vous raisonniez ». Coran, 12 : 2. Voir : Ar-raad : 37. An-nahl : 103. Taha : 113. Achouara’ : 195. Azzoumar : 28. Foucilate : 3 et 44. Achoura : 7. Azzoukrouf : 3. Al Ahqaf : 12.

Tous ces passages du Coran démontrent que le Coran se distingue des autres livres relevés du fait qu’il est descendu en « Code arabe ». Par conséquent, la prière rituelle  ne peut être agréée que si on lit obligatoirement la Fatiha. Précisons qu’on  on peut bien invoquer  (faire des invocations) dans la langue de son choix mais (la prière rituelle) qui est agréée doit être faite obligatoirement dans la langue du Coran sans ajouter ni diminuer ne serait-ce qu’une lettre au texte coranique original sinon l’on ne parlera plus de « Coran ». Ce n’est pas une histoire de langue, car le Coran a une langue unique en son genre et son style, différente de la langue arabe classique.

Comme argument  supplémentaire, la traduction du Coran même en arabe classique ou en dialecte arabe autre que « la langue arabe  du Coran » n’est pas le Coran mais plutôt UN ESSAI D’INTERPRÉTATION DU CORAN . Cette religion est régie par une loi divine contenue dans le Coran, livre révélé  a un prophète illettré c’est à dire qui ne savait  ni lire ni écrire. « Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l’Évangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants. » Coran, 7 : 157.

Ce Coran est le miracle de Dieu accordé au Prophète de la même façon qu’il accorda des miracles à d’autres prophètes tels que Moïse (le bâton) , Jésus (la médecine) … Avec ce Coran, Dieu défie les djinns et les humains de reproduire un verset ou une sourate similaire s’ils en sont capables. « Dis : même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ils se soutenaient les uns les autres. » Coran, 17 : 88.

D’ailleurs, même le Prophète Muhammad (sur lui la paix) n’avait pas  le droit  de soustraire ou d’ajouter une lettre au Coran ; Dieu dit à ce sujet en parlant au prophète Muhammad (sur lui la paix)  : « c’est une révélation du Seigneur de l’Univers. Et s’il avait forgé quelques paroles qu’il nous  avait attribuées, Nous l’aurions saisi de la main droite, ensuite, Nous lui aurions tranché l’aorte. » Coran, 69 : 43 – 46.

C’est idem pour la prière rituelle, personne, y compris  le prophète (sur lui la paix) ne pouvaient y changer quelque chose. C’est comme cela qu’elle a été donnée au prophète et il l’a assidûment  pratiquée et a ordonné à tous ceux qui aspirent le suivre  de faire exactement comme lui : « priez comme vous m’avez vu prier » hadith.

 Aussi, ce que les gens ignorent ; c’est qu’on a appris au prophète lui aussi à prier. Après le voyage nocturne du prophète au cours duquel Dieu lui a prescrit  la prière, vers l’an 7 ou 8 de l’hégire, l’ange Gabriel descendait à chaque heure de prière pour montrer au messager de Dieu (sur lui la paix) comment Dieu voudrait  que la prière soit accomplie. C’est pourquoi il a dit : « priez comme vous m’avez vue prier » lui aussi a appris la prière assidûment. Cette dernière a 14 piliers obligatoires, dont entre autre : l’intention, le fait de s’arrêter correctement, dire Allaho akbar, lire la Fatiha qui n’est même pas la première sourate révélée malgré sa position dans le Coran, mais la 20eme, la génuflexion, la prosternation… jusqu’au salam final. Si l’un de ces piliers n’est pas fait convenablement, la prière serait invalide.

En outre, une autre pratique qui invalide la prière rituelle est le fait de parler au cours de la prière. Dans les recueils de hadith authentique  se trouve le hadith de ibn Mas’oud : Le Prophète (sur lui la paix) a dit : « Durant la prière, la personne est occupée (avec quelque chose de plus sérieux). » [Sahih Al Bukhari, le Livre de la Prière, no 1127]. Zaid bin Arqam a rapporté : « Nous avions l’habitude de parler lorsque nous commencions la salat (prière) durant la vie du Messager de Dieu (alayhi salat wa salam) et l’un de nous parlait à son compagnon concernant ses besoins dans la prière jusqu’à ce que (ce verset) fut révélé : «Observez strictement les prières, en particulier la prière du milieu ; et tenez-vous debout devant Dieu avec obéissance» Coran, 2 : 238. Ensuite on nous ordonna de garder le silence (durant la prière) et on nous interdit de parler.» [Hadith  accepté. La version est celle de Muslim]. Nous apprenons de ces deux hadith : l’interdiction de parler durant la prière, et quand on lit le Coran traduit, ce sont des paroles des gens et leur compréhension différente de la langue divine du Coran.

Donc ça n’a rien à avoir avec la langue arabe, il s’agit d’une révélation divine . Dire Allahou Akbar par exemple pour commencer la prière, il existe encore d’autres formules pour exprimer cela. On peut dire en langue arabe classique « Allah Aazam », ceci a le même sens qu’Allah Akbar mais on ne peut pas prier en commençant la prière par « Allah Aazam », l’homme arabe qui l’aura fait invalide sa prière. En plus Allah Akbar ne veut en aucun cas dire Dieu est grand, mais plutôt Dieu est le plus grand.

En matière de traduction, il n’y a pas de consensus sur une façon de traduire. C’est toujours un travail humain donc sujet à des erreurs. Quand vous prenez la traduction du coran en français vous verrez bien qu’il y a différentes traductions d’un même verset. Au début on mentionne toujours que c’est la traduction rapprochée du sens des versets du Coran, donc pas le Coran lui-même. Avant, on traduisait « Al Quran Al Karim » par le Saint Coran en référence aux saintes écritures bibliques, mais de nos jours on traduit par le Noble Coran.

Pour garder l’authenticité du Coran, il est nécessaire voire obligatoire de maintenir la langue dans laquelle le Coran a été révélé, car, il s’avère que les interprétations peuvent changer d’une langue à une autre donc dénaturer le sens des versets, et dans la même langue il peut y avoir des compréhensions différentes du même verset et il y a de ces langues qui n’ont pas le vocable exact pour expliquer le sens du verset, dans ce cas on fait recours aux emprunts soit dans la langue de révélation du Coran ou d’autres langues plus riches en vocabulaire.

Un exemple d’interprétations différentes : le verset 2 de la sourate Al Baqara on trouve deux 2 interprétations, la première : « c’est le livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux » et la seconde : « c’est le livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un remède pour les pieux ».

Un exemple d’emprunt: lorsqu’on prend le verset 61 d’Al Baqara, on se rend compte que tout ce qui a été cité comme nourriture n’a pas son équivalant en langue vernaculaire africaine, les traducteurs ne font qu’adapter à certaines équivalences de chez nous pour faire transmettre le message. La traduction superficielle du Coran, comme le fait bon nombre de personnes, ne permet pas de maîtriser l’essence des versets, pour aller plus en profondeur (raison, contexte, le moment, etc.) Il va falloir se référer à l’exégèse (tafsir) du Coran.

En Malinké, par exemple, la traduction du Coran faite par le savant Kanté Solomana et celle faite par Karamo Baba Diané ou par bien d’autres traducteurs, ont des mots traduit du Coran avec des sens diamétralement opposés. Si nous devrions prier dans l’une des traductions, laquelle choisir et sur quel critère ? Ou bien chacun suit sa propre interprétation, ainsi le Coran perd  son universalité. Si chacun prie dans sa langue, en cas d’erreur qui corrigera qui ? Si les soussous ne comprennent pas le kissi comment peuvent-ils prier ensemble ? Ou bien à chacun sa religion et sa mosquée ? L’union sacrée des musulmans serait-elle sacrifiée sur l’autel  du nationalisme religieux ?

Si la prière dans la langue du Coran  a pu résister à  l’épreuve du temps qu’est-ce qui nous empêcherait  de continuer sur ce chemin ? Sommes-nous moins intelligents  pour ne pas comprendre le Coran dans son sens premier et dans sa langue originelle ? Dieu n’a-t-il pas dit qu’ «IL a facilité le coran » (wa laqad yassarna al qura’na lilzikr)  ou bien sommes-nous plus doués que les  générations antérieures ? Les questions sont intarissables sur ce sujet.

 Il est bien de noter  que cette affaire de prier en Malinké n’entache en rien l’effort et l’énorme sacrifice consentis par les académiciens de n’ko. Mais notre fierté pour le système d’écriture n’ko ne doit pas nous conduire à la folie de grandeur.

Le Coran, pour la compréhension de son message peut-être traduit sans problème dans toutes les langues. Mais la prière en langue du Coran est un cadre bien réglementé par la pratique prophétique, donc celui qui déroge à cela, son acte sera illégal par rapport au droit islamique .

La religion ne consiste pas à donner ses propres opinions. Dans le domaine de la croyance, c’est soit on accepte de croire ou on ne croit pas. L’inadmissible de nos jours, c’est lorsque des supposés intelligents veulent rectifier la religion ou faire recours à  la science pour corriger celle-ci. Un minimum de logique requiert qu’avant la correction ou la rectification de la religion, il  faille lire d’abord les textes fondateurs et essayer de les comprendre. Et surtout, ne pas se contenter à  des lectures et des traductions de surface.

Celui qui traduit le texte original en est d’abord tombé amoureux du contenu, c’est bien ce qui l’a poussé à le traduire dans d’autres langues.

Ceci étant, la traduction est assez importante et encouragée pour transmettre le message, car c’est bien vrai qu’il faille connaître Dieu pour mieux l’adorer. Cependant, on ne soumet pas la religion à ses humeurs, au risque de modifier ses piliers et fondements. Nous ne sommes pas en politique, là où on donne son opinion sur tout et n’importe quoi. La religion consiste à accepter  les obligations divines avec foi.

 L’ARABE N’EST PAS SUPÉRIEUR AUX AUTRES

Toutes les langues se valent, Dieu comprend toutes les 8000 langues sur terre, mais, IL a choisi l’arabe comme langue  pour la prière rituelle au point que  près de deux milliards de fidèles à travers le monde soient liés par une même langue, c’est la « volonté souveraine » de Dieu qui fait ce qu’il veut. En quoi sommes-nous si différents des autres nations ? Ne voyez-vous  pas que la communauté musulmane a plus besoin de rassemblement autour de valeurs communes telle que la langue que de se diviser pour des choses qui n’en valent pas la peine ?

Toutefois, à part les formules bien connues de la prière, toutes les autres invocations peuvent être dites dans la langue de nos choix. De nos jours, la langue anglaise rassemble presque le monde. Dans nos échanges commerciaux,  les administrations et institutions internationales, l’anglais est presque la langue officielle. Cela ne rend pas cette langue supérieure aux autres langues du monde. C’est comme prier en langue du Coran (arabe) ne rend pas forcément les arabes meilleurs aux autres nations.

Si tout le monde priait dans sa propre langue, le Coran allait disparaître avant l’invention du système d’écriture n’ko. Soyons donc humbles et acceptons le fait que Dieu connaît ce sur quoi nous n’avons aucune connaissance. Donc, il ne faut pas confondre nos passions et désirs à la loi divine. On ne fait pas dans la religion ce qu’on veut. Les turcs, les iraniens et nombreux d’autres peuples nous ont devancés dans la foi et la réussite mondaine. Mais tous ont fini par accepter ce fait invariable  de prier dans la langue du Coran.

Rien a été omis dans le Coran, Dieu dit : « Nous n’avons rien omis de mentionner dans le Coran » Coran, 6 : 38. Les principes généreux du droit musulman existent dans les textes fondateurs, mais il revient aux jurisconsultes de comprendre ces principes, les interpréter, ensuite les appliquer et les adapter au quotidien.

Dans un verset, Dieu dit clairement que cette religion est parfaite et complète : «aujourd’hui j’ai parachevé pour vous votre religion, j’ai complété mon bienfait sur vous et agrée l’islam comme religion pour vous» Coran, 5 : 3. Ces versets veulent dire que si nous avions la possibilité de faire la prière dans une langue autre que la langue du Coran, le prophète (sur lui la paix) nous l’aurait dit, c’est sa mission principale, celle de transmettre « O messager, transmets ce qui t’a été descendu de la part de ton Seigneur. Si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message. Et Allah te protège des gens. Certes, Allah ne guide pas les gens mécréants » Coran, 5 : 67. Or, en effectuant la prière dans une autre langue que celle du Coran, on se retrouve, selon l’esprit de ce texte coranique face à deux options : Soit  le Prophète n’a pas transmis tout le message qui lui a été confié, et ça, aucune personne raisonnable  ne peut dire ce genre de monstruosité ou soit depuis 15 siècles personne d’autre n’a su cette possibilité, c’est nous qui venons de nous en apercevoir, les autres n’étaient pas savants. Nul homme normal ne peut avancer une telle ineptie.

 Le premier pilier et fondement  de la foi musulmane est   : l’attestation de la foi, croire en Dieu et en son prophète Muhammad. Prier en Malinké, c’est quelque part arrêter de suivre la sunna du prophète (sur lui la paix) et en faisant cela tu as cessé de croire que Muhammad (sur lui la paix) est le messager de Dieu car tu n’as pas suivi son enseignement sur la prière ou tu penses qu’il n’a pas accompli sa mission.

Il y avait beaucoup de compagnons au tour du prophète (sur lui la paix) issus d’autres communautés que les arabes. Bilal Ibn Rabah, Wahchi Ibn Harb tous deux Africain. Salman Al farissi, Salim Mawla Abi Houzayfa, Fayroz Daylami tous perses. Oumou Ayman la mère de Oussama Ibn Zayd, c’est elle la baby-sitter du prophète dans la vie de ma mère Aminata, la femme du prophète Maria la copte et sa sœur Sirine Bint Cham’oun étaient Égyptiennes. Djabane Abou Maymoun Kurde, Souhaib Arromi, Azraq Ibn Outba tous deux romains, pour ne citer que ceux-là… Le prophète n’a jamais demandé à un de ses quelques 113000 compagnons de prier dans sa langue. Il aurait dû dire à Bilal son muézin de faire l’appel une fois dans sa langue.

Il y a des gens qui disent que le prophète aurait autorisé à Salman de traduire la fatiha en langue persane pour sa communauté. Ceci n’est pas vrai. Depuis  que Salman a rencontré le prophète aleyhi salam , il ne l’a jamais quitté même pas une fois pour se retourner auprès des siens. Il n ‘y a aucun hadith authentique rapporté, qui dit qu’un compagnon du prophète (sur lui la paix) ou une tribu non arabe ait prié dans une langue autre que l’arabe.

 Parmi les arguments avancés par les partisans de la prière dans une autre langue, il y a le fait que Abou Hanifa aurait autorisé de prier pour ceux qui viennent de se convertir parmi les perses en langue persane. Les deux fidèles compagnons de Abou Hanifa : Abou Youssouf et Muhammad Ibn Alhassan Achaybani ne l’ont pas suivis dans cette fatwa. C’est pourquoi il a annulé de son vivant cette fatwa.

D’ailleurs, juridiquement, une fatwa est un avis juridique non contraignant, à la différence du jugement (qada’) qui est contraignant. A part cet épisode, les turques aussi ont tenté le coup de faire l’appel et de prier en langue turque, au moment de l’empire Ottoman, cela a été jugé infondé, ainsi ils l’ont abandonné. Les jurisconsultes musulmans de quelques bords que ce soit, ont unanimement admis que la prière ne peut être agréée qu’en arabe. Celui qui veut, qu’il prie dans la langue de son choix, mais sa prière ne sera pas faite pour Dieu ! D’autres vont jusqu’à dire  également que le juriste hanafite Sarkhassi aurait émis un avis permettant de prier en persane, toutefois, ceci n’est pas un hadith authentique, ce n’est pas non plus un avis juridique solide.

 Ceci étant, la recherche reste un domaine privilégié du droit musulman, les questions, les interrogations font vivre les textes. Avant d’avoir les révélations, même les prophètes posaient des questions. Abraham (Ibrahim) demanda à Dieu de lui montrer comment IL ressuscite les morts, avant cela de se Montrer a lui dans Sa quête du monothéisme pure. Il adora d’abord les étoiles, puis la lune ensuite le Soleil avant d’être guidé vers le Seigneur des Hommes, l’Omnipotent. Moise (Moussa) sollicita des preuves auprès de Dieu pour convaincre sa communauté qu’il est l’élu. Dieu lui en donna 9 miracles les uns après les autres. Jésus fils de Marie interrogeait les rabbins juifs de son époque. Le prophète Muhammad alla interroger Waraqat Ibn Nawfal le cousin de sa femme Khadija au début de la révélation. Il a passé des années de retraite et de méditation avant que le premier verset du Coran ne lui fût révélé. Ce qui veut dire que le questionnement est l’essence même du droit musulman, cependant, l’interrogation et les ajouts dans la religion dans l’optique de contredire ses fondements est irrecevable pour un croyant. ​

Il est grand temps de commencer à enseigner la religion dans nos écoles, sinon les extrémistes de tous bords s’érigeront  en enseignants à la  place de ceux qui ont le mérite et ça sera la catastrophe !

CONCLUSION

En sommes, la laïcité guinéenne mérite un travail sérieux pour en définir le contenu en vue de l’adapter à nos réalités socio culturelles.

Le  problème ne réside pas à copier sur l’occident  mais en collant, il est impératif de prendre en compte les spécificités et les réalités socio-culturelles de l’environnement dans lequel nous voulons l’appliquer. Cette occidentalisation à outrance et  l’acculturation  de notre société nous plongent dans une forme d’extrémisme qu’il faut combattre au même titre que l’extrémisme religieux.

Personne ne doit être diabolisé pour quoi que ce soit, le moins qu’on puisse faire c’est de prier et accompagner la personne pour qu’elle retrouve le droit chemin.

Cette crise de la lieutenance spirituelle de notre pays nécessite une véritable prise de conscience sur deux points : la qualification de la représentation au niveau du champ religieux. Et l’investissement dans la formation. Le manque criard de  bonne éducation expose les enfants et les  adultes de demain aux dangers de l’obscurantisme.

Dr. Mohamed Bintou Keita

drmlkeita@gmail

Publicité