Relations franco-rwandaises : macron dans la continuité de la rhétorique française en afrique

Publicité

L 
’évolution positive des relations franco-rwandaises avec, en apothéose, la visite officielle du Président Macron à Kigali rappelle un autre dossier des relations franco-africaines : la réconciliation entre la France et la Guinée, après la brouille consécutive au référendum du 28 septembre 1958 et la rupture des relations diplomatiques sur 10 ans, entre 1965 et 1975.

La normalisation, entamée en 1974, s’opère alors dans un processus complexe et tendu, dénotant la forte charge psychologique tributaire de l’histoire entre les deux pays, et qui s’illustre dans une étape décisive: le communiqué conjoint, le document exprimant la volonté des deux gouvernements de reprendre leurs relations officielles.

Dans sa rédaction qui s’étend sur plusieurs mois, les diplomates s’embourbent dans un détail sensible, auquel tient le Gouvernement guinéen et qui suscite la méfiance de la France : la reconnaissance par la seconde de la responsabilité de certaines de ses ressortissants dans l’agression du 22 novembre 1970, alors emprisonnés au Camp Boiro et promis d’être libérés au terme de la négociation.

Les acteurs de cet épisode, dont André Lewin, témoignent des dizaines de reformulations qu’ils ont dû proposer autour du verbe « regretter » (par la France, sans s’excuser), pour satisfaire les deux parties : « la France trouve regrettable [les agissements de certains ressortissants…] », « la France estime regretter… », « la France exprime ses regrets… », « La France dit regretter… ».

Finalement, la France regrettera. Le Communiqué, malgré sa monture définitive, attendra sept mois pour être publié le 14 juillet 1975, à Conakry, à Paris et à New York, consacrant ainsi la normalisation des relations bilatérales. Les prisonniers français sont libérés.

Mohamed Nasser Camara
Conseiller diplomatique

Publicité