Rechercher les causes de notre désenchantement

Publicité

Au cours d’une longue histoire, le peuple de Guinée a assimilé progressivement une riche civilisation appuyée sur l’ordre Africain, l’intelligence, l’humanisme, l’amour de la Guinée démontré par les précurseurs de l’indépendance et les élites révolutionnaires, par les valeurs républicaines, ainsi que par les résistants et combattants engagés au péril de leur vie et de leur liberté.

Emporté par cet élan, notre peuple a pu supporter les défaites, sublimer les gloires, traverser les crises, en réussissant à remonter la pente par le courage et la solidarité.

La Guinée a longtemps été admirée pour les œuvres de l’esprit, pour la capacité de faire vivre les libertés publiques fondées sur les règles de vie commune. Les Guinéens ont été appréciés pour la qualité du langage, le mode de vie et l’élégance des comportements.

Pourquoi donc, de nos jours, la Guinée a-t-elle tant changé ? Les Guinéens se trouvent en pleine dépression?

Cette chute de tension ne fait que s’accélérer et s’aggraver depuis quelques années, et maintenant quasiment de jour en jour, face aux déconvenues d’un spectacle politique inopérant.

Au lieu de gémir, il importe de réfléchir aux causes de ce drame national, notre drame, puisque causé par nous-mêmes. Nos racines ne prennent plus prise dans la terre ancestrale. Les principes de nos traditions et de nos convictions spirituelles sont bafoués et ne sont remplacés par rien, sinon par le vide moral ou par le virtuel informatique.

Déchirons le voile de l’hypocrisie pour stigmatiser la trahison des élites politiques et autres, l’hystérie des pouvoirs ivres d’une jouissance factice et sans mérite, la prétention orgueilleuse des médias qui amplifient les commentaires complaisants.

Il faut reprendre cette place qu’est la nôtre, il faut agir pour reconstruire ce qui a malheureusement été défait.

A la place des discours d’exemplarité, nous agitons dans cette haine viscérale qui nous maintiendront dans ce capharnaüm de misères.

En effet, nous justifions nos agissements tordus par les principes de l’Etat de droit. Or, pour l’heure, la plus grande réclamation de notre peuple c’est la construction d’un État-nation. Entendons par là, un peuple qui pense et agit au-delà de la communauté et de l’ethnie. Bref, de toute forme d’exclusion de l’autre.

C’est pourquoi, tous les jours, nous mentionnons que le problème que vit notre jeune, et pour l’instant misérable histoire, c’est le fait que nous rejetons tous nos maux sur l’autre. L’autre qui est responsable de notre état criard de désinvolture. Nous nous rejetons entre nous sans raison ou cause valable.

« IL FAUT BLÂMER LE NOUS »

La seule explication que nous donnons au rejet que nous affichons à l’autre, c’est le fait qu’il est soit Malinké, Peulh, Soussou, ou Forestier. L’ethnie, est la justification à la réserve que nous nous entre-faisons.

Comment voulez-vous que les politiques ne gagnent pas raison sur nous?

C’est fait à dessein, notre division a été semée, elle ne résulte pas de notre volonté, elle a sa racine dans la politique politicienne basée sur le principe « du divisé pour régner ».

Les politiques nous font faire des guerres d’intérêt et achètent les consciences de nos jeunes.

Comment voulez-vous qu’on parle de l’Etat de droit alors qu’est absent l’État-nation ?

Il faut reconstruire la nation guinéenne.

C’est une nécessité.

Par Aboubacar Sidiki Kaba, Sociologue

Publicité