Présidentielle 2020 : pourquoi alpha condé n’a pas dit ‘’oui’’?

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Une fois n’est pas coutume. Le chef de l’Etat guinéen n’a pas dérogé à la règle qu’il a mise en place depuis son arrivée au pouvoir en 2010 : l’enfumage.

Appelé à se porter candidat du RPG arc-en-ciel, à la présidentielle du 18 octobre 2020, le président qui arrive à la fin de son deuxième et dernier mandat, a laissé planer encore le doute quant à sa décision d’aller ou pas à ce projet mortifère.

Mais pour combien de temps encore et surtout à qui laisse-t-il cette poudre de perlimpinpin ? Pas en tout cas aux 12 millions de guinéens aux quels Alpha Condé a clairement affiché sa volonté ardente à se maintenir au pouvoir au-delà des délais légaux que lui accorde la Constitution du pays, dont il a prêté serment à deux reprises (2010 et 2015).

Mais comme la manipulation reste le seul moyen pour lui de continuer à diviser les composantes de la nation, il continue à jouer dessus. Au lieu d’y aller tout bonnement en officialisant sa candidature qui est devenue un secret de polichinelle, le président a préféré louvoyer. Se dérobant encore une fois au lieu de finir le sale boulot qu’il a confié à ses sbires depuis belle lurette.

Douche froide à la chaleur moite du palais du peuple pour ses fanatiques venus en nombre pour adouber leur champion afin qu’il rempile pour un 3ème mandant. Euh pardon, pour le 1er mandat de la 4ème République comme le disent si bien les sangsues du peuple.

Apres ce coup d’éclat, beaucoup d’interrogations ont fusé de toute part pour comprendre cet énième manège de ce vieux président.  Et comme tout le monde, nous nous sommes mis aussi à réfléchir et voilà ce que nous pensons.

Récupérer la base

Alpha-Condé en campagne à Kankan

Alpha sait pertinemment que sa base électorale de haute Guinée est entrain de lui échapper. Les récents évènements qui ont secoué la ville de Kankan traduisent le malaise profond que traverse cette ville et la région naturelle qui l’abrite depuis l’accession au pouvoir de ‘’leur fils’’.

Longtemps masqué par l’ethnocentrisme qui mine le pays, le désenchantement de Kankan et de la haute Guinée en général a fini par exploser à la figure de ceux qui entretenaient le mirage du développement de cette région à coups de mensonge et d’exacerbation de la fibre ethnique.

Le président en est bien conscient et en fin manipulateur, il conditionne sa candidature aux soutiens de grosses pontes du régime envers les démunis du parti. Ça peut se traduire par ceci : « vous qui vous gavez dans les richesses du pays, jetez quelques miettes aux laisser pour compte».

Ce qui revient à montrer du doigt l’écart de richesse abyssal entre le RPG arc-en-ciel et le ‘’RPC’’. Pendant que les uns se beurrent et se sucrent dans l’argent public, les autres tirent le diable par la queue sous le soleil ardent de Manden. Lui Condé, qui est l’Alpha et l’Omega de cette situation semble ainsi faire l’innocent en se faisant l’avocat de la base alors qu’il la méprise de tout son cœur. A malin, malin et demi.

Se rassurer des derniers réglages

Quoi que l’on dise,  l’audace du président Condé est balbutiante dans les situations tendues comme celle dans laquelle il nous a plongés depuis 2018. Même s’il en meurt d’envie et qu’aucun doute ne subsiste plus sur sa volonté à se maintenir au pouvoir, Alpha joue encore les prudents.

Pendant que le débat enfle sur sa candidature, il se rassure du soutien de la base, de ses appuis à l’étranger, mais aussi et surtout du soutien de l’armée. Même s’il ne faille rien attendre de ce côté, un retournement de situation n’est pas à exclure surtout que ses prédécesseurs Dadis et Konaté, tous militaires de carrière, maintiennent encore une influence certaine sur un nombre non négligeable d’hommes en treillis.

En attendant Ouattara

Ouattara-Condé

Les Républiques de Guinée et de Côte d’Ivoire sont la risée du monde à cause de la volonté affichée de leurs dirigeants respectifs à se maintenir au pouvoir au-delà des délais constitutionnels. Alpha Condé sait que sa candidature peut être tributaire de celle de son homologue ivoirien, Alhassane Ouatarra. Maintenant que celui-ci s’est officiellement porté candidat pour un 3eme mandat, il est clair que cela vient conforter la position du président Condé qui serait bien isolé si ADO avait respecté sa parole d’homme d’Etat et la Constitution de son pays.

En attendant de parachever son projet suicidaire Alpha Condé continue à jouer le forcé au grand dam de la Loi.

Alpha Oumar DIALLO

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