Pollution de l’environnement à fria : la population suffoque

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S ituée à 160 km de la capitale guinéenne, la préfecture de Fria est frappée par une vague de poussière dégagée par l’usine Friguia. Le rhume et la toux sont devenus actuellement les maladies les plus répandues dans la ville.

Depuis le 18 décembre 2018, l’usine Friaguia a subi une panne technique. L’un des fours de calcination et la tribune fixe ne sont pas fonctionnels d’après une source sûre. Conséquence, l’usine dégage depuis près d’un mois des nuages de fumée d’alumine sur la ville de Fria.

Cette envolée de poudre blanche est visible partout. Sur les toitures, dans les concessions, sur les arbres, bref tout est peint en blanc. Une situation qui inquiète les citoyens de la localité.

« Ce qui se passe ici, c’est du jamais vu. Moi je suis né ici, j’ai grandi ici mais c’est ma première fois de vivre cette situation-là. La poussière est partout. L’alumine, on respire ça! On mange ça même » s’emporte Alseyne Camara, citoyen, visiblement impacté par le phénomène.

Dans la ville, il est difficile de se promener sans protéger le nez au risque d’avaler une grande quantité de poussière surtout pour ceux qui roulent à moto.

« Si vous sortez le matin, vous voyez un excès de poussière qui couvre toutes nos maisons. C’est difficile d’y rester. Difficilement on respire. Quand vous roulez à moto, vous sentirez vous-même cette pollution dans vos yeux. Des fois, les larmes coulent d’elles-mêmes » raconte Mohamed Sylla.

Outre ce calvaire, beaucoup de citoyens de Fria se plaignent aussi de certaines maladies, notamment la toux et le rhume. Même le personnel de l’hôpital n’est pas épargné.

« Moi,  je suis en train de tousser depuis un certain temps. Pratiquement une dizaine de jours, je n’arrive pas à maîtriser ma toux elle est sèche. Je touche, je n’arrive pas à respirer. Cette flambée d’alumine a un impact néfaste vis-à-vis de la population » a confié sous l’anonymat un médecin.

Contacté par nos soins, Mamadouba Camara, responsable de la chirurgie à l’hôpital préfectoral de Fria, a confirmé avoir contracté la toux suite à la pollution de la ville.

« Exactement, des patients sont venus chez nous, ils ont trouvé que je suis en train de tousser. Donc on était obligé d’ajourner ce programme. Il a fallu que je prenne des médicaments. Le lendemain on a pu effectuer le programme » a-t-il confié.

Etant les plus exposés à cette intoxication, les ouvriers de l’usine de Fria ont la peur dans le ventre d’exprimer leur mécontentement au risque de voir  l’usine fermée à nouveau.

« Les ouvriers ont peur de leur tête par rapport à leur précédente grève. La situation qui est là chacun est en train de protéger son emploi. Et ils tuent les gens à petit feu. Personne n’est à l’aise. Les jeunes veulent bouger, manifester mais on les intimide en leur rappelant des conséquences des précédentes grève » a indiqué Youssouf Soumah, citoyen de la localité.

D’après le maire de la commune de Fria, des réunions  ont été tenues avec les responsables de l’usine. Des recommandations ont été faites mais tardent à être réalisées.

« L’invite que nous nous leur avons faites est de telle sorte que cette pollution cesse dans la Ville. Que nos plantations cessent d’être polluées, que nos rivières cessent d’être polluées, que l’environnement en un  mot cesse d’être pollué. C’est ça notre préoccupation » rapporte le maire de la commune urbaine de Fria.

Implantée en 1960, l’usine Friaguia serait frappée par la vétusté des équipements et même les usines qui fabriquent les pièces de rechange ont fermé, selon nos informations.

Mata Malick Madou

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