Politique en guinee : des convictions bien mouvantes

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 Des élections communales du 4 février 2018, on s’éloigne progressivement. Mais il s’agit là surtout de la dimension du vote en tant que telle. Parce qu’autrement, on reste encore rattaché à ce scrutin par les jeux d’alliance qui se mettent en place, sous nos yeux. Et justement, cette phase révèle, sinon confirme, s’il en était besoin le caractère superficiel voire provisoire des convictions au nom desquelles les différents responsables politiques disent agir. En effet, même si, officiellement, aucune alliance n’est encore scellée, certains discours révèlent de quelques leaders une tendance à trahir les idéaux et les positions qu’ils ont jusqu’ici défendus.

Depuis que la perspective des alliances est devenue évidente, il y a une expression qui revient en force dans le discours des politiques guinéens. Il s’agit de ‘’en politique, il n’y a que des intérêts’’. Eh bien, cette expression n’a jamais été aussi appropriée à la Guinée qu’en ce moment précis. D’intérêt, il n’est question que de ça. Encore qu’il s’agit surtout d’intérêts se rapportant à de l’argent cash. Tout le monde est à l’affut. Ce qui donnerait un avantage considérable au parti au pouvoir, le RPG-arc-en-ciel dans ces phases cruciales de négociations ardues.

En la matière, la première surprise est arrivée de l’Union démocratique de Guinée (UDG) de Mamadou Sylla. Déçu de son alliance passée avec le RPG, l’ancien patron des patrons guinéens avait juré de ne plus se laisser prendre au piège du locataire de Sekhoutouréyah. Cependant, depuis la fin des élections, courtisé qu’il est dans la commune de Dixinn, il clame désormais haut et fort que sa porte est ouverte à tout le monde. Il serait donc prêt à tourner le dos à Cellou Dalein Diallo qui lui avait pourtant offert une épaule de consolation et dont on se rappelle qu’il avait, en août dernier, accueilli la manifestation à Kagbélen. En fait, il se susurre que pour laver l’affront à lui infligé pendant ces élections municipales, le président Alpha Condé serait prêt à tout pour s’acheter un lot de consolation en s’adjugeant les exécutifs du maximum de mairies.

Dans cette veine, le chef de l’Etat a aussi reçu en fin de semaine passée, le leader du Bloc libéral. Faya Millimono qui, lui aussi, passait pour un des leaders les plus constants, en est sorti avec un discours équivoque. Selon lui, en effet, en cette phase de négociations, il lui faut rencontrer tout le monde. Alors même qu’au compte de la Coordination de l’opposition extraparlementaire (COEP), le même Faya Millimono avait refusé une rencontre avec le chef de l’Etat, sous prétexte que le contenu de la rencontre n’était pas suffisamment précis. Cette fois, il y allé dare-dare. Et il n’est pas exclu qu’en conséquence, son parti puisse s’allier au RPG-arc-en-ciel. Ce qui, aux yeux de beaucoup au sein de l’opinion publique, risque de passer pour une alliance contre-nature.

Mais peut-être que cette expression n’existe pas en Guinée. Tant les convictions et les positions y sont changeantes et interchangeables pour celui qui sait proposer le prix.

S. Fanta

 

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