Peche artisanale: un secteur qui stagne entre difficultes et precarites

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L a pêche artisanale est l’une des activités exercées par une partie des citoyens de la capitale. Ce métier constitue de nos jours la principale source de revenu pour plusieurs d’entre eux. Mais ce secteur informel est confronté aujourd’hui à d’énormes difficultés qui empêchent son développement. Ce secteur qui, à ce jour, constitue le principal fournisseur des citoyens de la capitale en produits halieutiques, ne beneficie guère de la bienveillance de l’État. En tout cas, ce point de vue est partagé par un nombbre important de pêcheurs.  “ Depuis belle lurette, la pêche artisanale guinéenne nage dans l’eau trouble. Ce secteur informel est complètement laissé pour compte par l’État guinéen, ce qui est très regrettable. Nous ne recevons plus de subvention et d’aide de la part de l’État et les pêcheurs évoluent dans une précarité qui ne dit pas son nom. En un mot, le secteur de la pêche artisanale est abandonné à lui même par nos gouvernants actuels et c’est vraiment choquant de voir ce secteur porteur de croissance plongé dans un état d’abandon total ” déplore Abdoulaye SOUMAH, pêcheur au port de Bonfi.

Une idée réfutée en bloc par le chargé de la pêche artisanale au ministère de la pêche, de l’aquaculture et de l’économie maritime : “ Le gouvernement a toujours appuyé ce secteur en Guinée mais, c’est plutôt la mauvaise organisation et la politique qui freinent son développement. À cela s’ajoute, la mauvaise gestion que les pêcheur eux-memes font des aides que l’État leur alloue ” a expliqué Morlaye SYLLA.

Salifou CAMARA est pêcheur au port de dixinn. Pour lui, l’une des causes qui handicapent la pêche artisanale en Guinée, reste et demeure le manque d’unité d’action entre tous les pêcheurs évoluant dans le domaine : “ Ça fait des années que nous sommes divisés en petit clan. Il ny’a pas d’entente parfaite, ni de solidarité entre nous les pêcheurs. Et c’est cette division qui bloque aujourd’hui le développement réel du secteur.  Il faut que ça change ” a –t-il lancé sous un ton ferme.

 

Outre cette mésentente, les hommes de mer sont aussi confrontés à un problème majeur dans leur activité. Ce problème n’est rien d’autre que la cherté et le manque criard d’intrants de pêche, comme l’explique ici le chef du port de KAPORO : “ On a pas du tout d’instrants de pêche comme les filets, les moteurs hors bord, le  bois servant à confectionner les pirogues et tous ces matériels coûtent extrêmement chers. Un moteur hors bord coûte plus de quinze millions de GNF et les filets de pêches coûtent environ 1 million cinq cent milles  GNF. C’est aussi la même chose pour le bois utilisé pour la confection de nos pirogues. Tout ceci constitue un vrai problème pour nous les pêcheurs  ” se lamente Marif SOUMAH.

Par ailleurs, les pêcheurs artisanaux soulignent également que leur sécurité est souvent mise en danger  en haute mer, à cause d’insuffisance de gilets de protection. Chose qui est un casse tête pour eux dans la pratique de leur activité quotidienne : “ Quand y’a naufrage, on ne sait pas à quel  saint se vouer car nous n’avons pas suffisamment de gilets de sauvetage et c’est ce qui emmène souvent des cas de morts en haute mer surtout vers la fin de cette saison pluvieuse. Donc, à dire vrai, notre sécurité en haute mer relève du destin ” a regretté le vieux Fanyawa SOUMAH,  pêcheur et chef du port de Boulbinet.

À cela s’ajoute, poursuit-il,  l’activité des grands bateaux de pêche qui les causent assez de dommages pendant leur quête surtout les nuits. À ce jour, cette situation les préoccupe à plus d’un titre :  » Les gros navires ecrasent souvent nos petites embarcations en mer en déchirant nos filets et en broyant, dès fois, nos pirogues. Le dernier cas remonte au mois d’août où un bateau de pêche venu de Boffa, a marché sur une pirogue de pêcheurs de Téminètaye. Les pêcheurs au nombre de 6 avaient tous péris dans ce drame et voilà l’un des problèmes qui, en mer, nous tracassent énormément ” renchérit Fanyawa SOUMAH

Face donc à toutes ses difficultés qui freinent actuellement le développement de ce secteur, porteur de croissance, les professionnels de la pêche artisanale guinéenne demande au président Alpha CONDÉ et à son gouvernement de les appuyer en vue de faire décoller leur secteur : “ Seul l’apport du gouvernement guinéen surtout du président Alpha CONDÉ peut changer l’image de la pêche artisanale en Guinée. Nous les supplions donc de venir investir dans ce domaine pour faire décoller rapidement le secteur de la pêche artisanale ” a plaidé Mohamed Kallo, pêcheur au port de Dabondi.

En attendant les réponses du gouvernement, les pêcheurs artisanaux de Guinée vont continuer à tirer le diable par la queue .

Elma CAMARA

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