Panafricanisme : l’imposture du président guinéen alpha condé

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 Il n’y a pas un Président panafricain. Pas un seul
KEMI SEBA REFOULÉ DE GUNEE
 » Une civilisation n’est détruite par l’extérieur que si elle est rongée en priorité de l’intérieur « 
Dimanche 4 mars 2018, sur <Golfe TV Africa>, le regard amer, Kemi Seba raconte son weekend. 48 heures plus tôt, le vendredi 2, alors qu’il amorçait une intense tournée en Guinée, il est intercepté à l’aéroport international Gbessia de Conakry par les autorités locales.  L’homme apprend alors que la tournée tant attendue n’aura pas lieu. Le Président Alpha Condé en a instruit l’interdiction. Mieux encore, il a tout bonnement ordonné l’expulsion de l’écrivain-activiste de son territoire.  Sur les terres de Sekou Touré, le paradoxe est colossal, et l’incompréhension à son comble.
Alors qu’on pensait avoir avancé d’un pas dans l’émancipation des mentalités coloniales, et pouvoir y inciter peu à peu ceux qui siègent à nos têtes, la réalité nous enseigne que la tâche ( déjà ardue ) sera encore plus coriace que prévu. Car si l’on cherche le panafricanisme, nos Présidents sont à coup sûr le dernier endroit où on le trouvera.
LE CONTEXTE :
Kemi Seba était invité pour une série de conférences et d’activités à l’instigation de nombre d’associations de la société civile, notamment le mouvement <Le peuple n’en veut plus>, dont est membre l’artiste et militant humaniste Elie Kamano. Selon les propres dires de l’intéressé :  »  Je devais y parler de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et surtout de justice sociale. Car il n’est pas normal que la majorité du peuple vive en des sous du seuil de pauvreté pendant que les dirigeants du pays sont millionnaires en dollars ».
Mais voilà. La présidence guinéenne a jugé que l’education de la jeunesse à l’amour du continent et à la ré-appropriation de ses richesses et de son Patrimoine historique sont des « troubles à l’ordre public ». C’est du très grand art qui rappelle une pièce de théâtre similaire ayant eu lieu au Sénégal voisin il y a quelques mois.
Nul n’a en effet oublié comment, dans la nuit du 6 septembre 2017, le même individu s’était vu expédier comme un colis malpropre vers la France, sous ordre de Macky Sall et des forces de l’ombre que l’on connaît. À l’époque, le procès d’intention avait été le même : « Sa présence sur le territoire national constituait une menace grave pour l’ordre public. »
Quelques jours plus tôt, Kemi Seba avait fait les gros titres en détruisant symboliquement un billet de 5000 Franc des Colonies Françaises d’Afrique (5000 FCFA = 7, 60 euros) . Mais avant de se demander comment nos pays archi désordonnés car laissant leur autorité politique aux mains de l’ancienne métropole coloniale peuvent parler d' » ordre public », un élément des forces de sécurité affrétés à son interpellation nous donne sans le vouloir, un élément de réponse. Au micro de l’AFP (Agence France Presse), il dira : « [Kemi] n’a pas été autorisé à venir ici en Guinée organiser des conférences sur des thèmes qui dérangent. »
On y est donc.  S’il faut leur faire des éloges à longueur d’antenne dans les médias, les chefs d’Etat de nos enclos n’y voient aucun inconvénient, mais lorsqu’ils sont appelés à leurs responsabilités et à démontrer une volonté panafricaine concrète, ils sont vite aux abonnées absents.
 À titre d’exemple lorsqu’il s’agit d’assumer leur rôle dans la propagation du marché noir au détriment d’un tissu économique solide et crédible. Voilà pourquoi lorsqu’un Kemi Seba déclarera que :  « Le President Condé autorise dans le même temps les narco-trafiquants à fouler le sol de son pays », il ne se fera pas un nouvel ami, bien au contraire.
« JE SOUFFRE POUR NOTRE AFRIQUE »
Des canaux à vocation continentale tels que <Afrique Média TV> s’évertuent à apposer une étiquette panafricaine à nos dirigeants, dans le but de les pousser dans cette voie, afin qu’ils constatent le soutien immense que le peuple est prêt à leur apporter s’ils se détachent véritablement du carcan colonial, mais force est de constater que ces chers « élus » nous compliquent atrocement la vie. Nous avons des élites caméléon, dont la couleur varie selon les conditions environnementales, de température et de pression. Il est impossible sinon suicidaire de leur faire confiance.
Ainsi, le Condé qui a déclaré le mercredi 26 Mars 2017 face à François Hollande à Abidjan: « Il faut couper le cordon ombilical avec la France », est le même qui, à sa réélection en 2015, déroulera le tapis rouge à Vincent Bolloré pour quelques salles d’ordinateur climatisées , après avoir confié en Mars 2011 la section <conteneurs> du port de Conakry à celui qu’il appelle alors son « ami depuis plus de quarante ans ».
Un panorama des enjeux de fraude et de corruption autour de cette amitié obscure nous est livré par une tribune du journal <LeMonde> parue le 16 septembre 2016 sous le titre : « Bolloré – la saga du port maudit de Conakry. »  Et pour finir, voici qu’il. poussera le vice jusqu’à interdire l’accès au territoire à un illustre fils du continent, aimé et adulé par la jeunesse africaine. Il y a en principe, des choses qui, en 2018, devraient être fichées « Impossibles », mais qui, hélas, existent toujours. Autant dire que l’heure est grave. Très grave.
De même, le tout jeune Président camerounais Paul Biya ( au pouvoir depuis trois mois seulement), dira en février 2015, au sortir d’un entretien avec Laurent Fabius, à l’époque ministre français des affaires étrangères  : « On coopère avec la Chine comme avec la France, mais la Chine n’enlève rien à personne. »
On pensait tenir là le nouveau visage d’un partenariat équilibré entre ceux qui veulent parler business et rien que (La Chine), et ceux qui ont la nostalgie de l’ère de Gaulle-Foccart (La France/l’Europe). Et pourtant, le même Paul Biya n’hésitera pas à rappeler la France dans la gestion de la plateforme de Kribi, alors que le deal avait été invalidé en janvier 2014 et que des concessionnaires philippin (International Container Terminal Services)  et danois (ADM Terminals) aux offres beaucoup moins élevées frappaient à la porte. Quand je vous dis qu’on est en forêt au milieu des caméléons.
Sur le cas Condé et son  » panafricanisme  » observé récemment, Kemi Seba apporte l’explication (Sans doute la plus plausible) suivante :  » Il jouait frauduleusement, ces derniers mois, le panafricaniste, pour faire taire une jeunesse guinéenne qui grognait face à toutes les dérives dictatoriales du pouvoir… il vient une nouvelle fois de faire tomber le masque, et illustre une réalité précise: le néocolonialisme ne tombera pas seulement en luttant contre l’impérialisme occidental. »
Et autant se le dire, aucune personnalité africaine ne subit autant la répression internationale. Ce qui entérine largement ces paroles : « Je souffre pour notre Afrique. »
EN BREF  :
Pour ma part, je n’ai jamais, dans aucune de mes analyses et sur aucun plateau télévisé, désigné un de ces Présidents comme panafricain. Tant que le marionnettiste ne sera pas défait, les marionnettes continueront de danser, même celles dont le fil semble prêt à rompre, tant que la rupture n’est pas consommée. Cela est clair comme du cristal.
Dans mes interventions, j’ai toujours à cœur de préciser qu’il y a des éléments encourageants dans certaines actions de ces élites (Notamment la diversification des partenariats du port d’Owendo par Ali Bongo, voire même de Kribi par Biya), mais que ces braves hommes se tirent eux-mêmes une balle dans le pied en posant par la suite, l’acte contraire (la défense du CFA par Bongq et l’indifférence cosmique de Biya sur la question) .
Tant et si bien que toute conclusion définitive à leur sujet en devient absolument complexe. Mais nous préférons être prudents et se tromper qu’être naïfs et connaître la désillusion. Les leçons du passé nous l’apprennent.
Par ailleurs, il y a longtemps que certains, à l’instar de Macky Sall et de l’Ivoirien A .D. Ouattara ne laissent même plus d’espace au doute. L’avantage avec ceux-là, c’est qu’on sait de manière claire et concise de quel bois ils sont faits, et qu’il n’y a plus rien à attendre d’eux. Cela dit, bien que les autres soient plus ambigus, nous savons où la balance penche et le constat est sans appel : il n’y a actuellement, pas un Président panafricain, pas un seul.
Ekanga Ekanga Claude Wilfried
(Si Sankara ressuscitait aujourd’hui, il s’évanouirait aussitôt, devant la médiocrité de ses prétendus « successeurs »)
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