Page noire : que retenir du parcours de mory kanté, cet artiste à la carrière hors du commun?

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Le célèbre artiste et musicien guinéen Mory Kanté, né le 29 mars 1950 à Albadariya (Sud de la Guinée, ndlr), a tiré sa révérence ce vendredi 22 mai 2020 à Conakry  des suites de maladies, a appris guineeactuelle.com.

Selon les informations fournies à l’AFP par Balla Kanté, fils du défunt, celui qui était surnommé le « griot électrique » luttait contre une  maladie chronique depuis un certain temps déjà.

«Il est décédé vers 9h45 ce matin à l’hôpital sino-guinéen. » avant d’ajouter que son père est aussi l’une des nombreuses victimes indirectes de la pandémie du Coronavirus «  Il souffrait de maladies chroniques et voyageait souvent en France pour des soins, mais avec le coronavirus ce n’était plus possible»

‘’UN PARCOURS HORS DU COMMUN’’

Rejeton d’une famille de griots et de musiciens, Mory Kanté, très vite, a réussi à jumeler tradition et modernité.

Au fil des ans, il maitrise le Balafon (héritage familial, ndlr), le Djémbé, la Kora, le Bolon et la guitare. De cette prouesse, il mélange des rythmes traditionnels du monde entier et des sons modernes dont le Rock, le Funk, le Jazz,… il faut dire que le virtuose de la musique panafricaine n’a pas attendu l’avènement de la World Music pour innover.

Fort de toutes ces expériences, il empile albums, singles et trophées de manière phénoménale.

Entre 1981 à 2012, il enregistre 12 albums dont Courougnegre en1982, A Paris en 1984, Tamba-Le Voyageur en 2001, ou encore La Guinéenne en 2012.

Parallèlement, il signe trois singles dont le mythique Yéké Yéké en 1988, qu’il remixera en 1996. Ce morceau légendaire, venu d’une autre planète, sera repris dans plusieurs langues dont l’hébreux, l’arabe, le chinois, l’anglais ou encore l’espagnol.

A travers Yéké Yéké, Mory Kanté entre dans la légende et obtient son premier disque d’or et conservera pendant longtemps la première place du classement pan-européen établi par le fameux hebdomadaire professionnel américain Billbord.

Avec ce single, il devient l’artiste africain le plus vendu et certainement le plus connu du monde.

En 1976, il reçoit le trophée de la ‘’voix d’or’’ au Nigéria pour ensuite être consacré ‘’Griot d’Or’’ en 1994.

Sur le plan international, le légendaire Mory Kanté se produit dans plus d’une dizaine de pays et joue devant des milliers et des milliers de spectateurs dans les salles les plus prestigieuses du monde dont Bercy (devant 16 000 personnes, ndlr) à Paris, au Womad Festival à Reading en Grande Bretagne, ou encore dans le célèbre Apollo de Harlem, qui  a vu naitre James Brown, son idole.

En 2001, il sera nommé Ambassadeur de bonne volonté de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ndlr).

‘’DES HOMMAGES AU PLUS HAUT NIVEAU DE L’ETAT’’

Dès l’annonce du décès, nombreux sont les hommes publics guinéens qui ont rendu hommage à l’illustre disparu.

Au premier rang de ceux-ci, Alpha Condé, le Chef de l’Etat guinéen.

«La culture africaine est en deuil. Mes condoléances les plus attristées… Merci l’artiste. Un parcours exceptionnel. Exemplaire. Une fierté» a-t-il écrit sur son compte officiel Twitter.

De son coté, Mamadou Cellou Dalein Dalein, figure principale de l’opposition guinéenne a laissé entendre qu’une légende s’en allée « Une légende s’en allée laissant derrière elle toute une nation orpheline. L’héritage musical que nous lègue Mory Kanté constitue un patrimoine culturel dont tous les guinéens sont fiers. A juste raison. Mes condoléances les plus émues à sa famille et au peuple de Guinée. »

«Mes condoléances les plus émues au monde culturel guinéen et à l’ensemble du show biz africain. Du « Rails Band de Bamako » au tube planétaire « Yèkè-Yèkè » (qui fit de toi l’unique artiste guinéen du Top 50 mondial) tu as su marquer ton temps en élevant le drapeau de la musique mandingue au firmament de la culture africaine… Va donc te reposer à jamais, enfant prodige d’Albadaria, le devoir pleinement accompli, laissant à la nouvelle génération d’artistes guinéens un héritage riche et chatoyant. Qu’Allah le Tout-puissant t’ouvre les portes du paradis, en ce mois béni ! Amen ! » a déclaré sur son compte Facebook Siaka Barry, ancien ministre de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique.

La musique urbaine n’est pas restée en marge de cette triste nouvelle. L’un de ces porte-parole Souleymane Bangoura, alias Soul Bangs, a indiqué que le Griot électrique, au crépuscule de sa riche carrière, ne demandait autre chose qu’une reconnaissance.

« Tu as fièrement représenté ton pays par ta musique à travers le monde entier. Et tout ce que tu demandais en retour était qu’une reconnaissance de ce pays à ton égard ! C’est donc bien ce que tu sais faire de tes fils qui se battent pour ton bonheur ma très chère Guinée » a-t-il écrit sur sa page Twitter.

Visiblement, l’univers musical africain reste très éprouvé par l’année 2020. Après que le camerounais Manu Dibango, l’algérien Idir, et le nigérian Tony Allen, soit passé au trépas, voilà que c’est le virtuose de la Guinée qui les rejoint au Paradis céleste.

CHERINGAN

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