Opposition republicaine : attention au péché de trop

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L’opposition républicaine ou tout au moins ce qu’il en reste, avec à sa tête, Cellou Dalein Diallo, entend faire reprendre ses actions ce lundi. Cela devrait commencer par une journée ville comme il y a deux semaines. Puis, selon le programme, le mercredi, une manifestation est projetée. Cette nouvelle dynamique de protestation s’inscrit dans le cadre de la contestation des résultats des dernières élections communales. L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) en particulier, s’évertue à obtenir le réexamen et pourquoi pas la modification des résultats définitifs du scrutin. Une éventualité déjà rejetée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), arguant du fait que cela reviendrait à violer les dispositions légales en la matière. Mais l’opposition n’en a cure. Partant du principe que le pouvoir est aujourd’hui affaibli et que le contexte est favorable à la fronde, elle veut mettre à profit le rapport de force qui lui semble favorable. Sauf que la manœuvre pourrait bien se retourner contre elle.

Il convient néanmoins de faire une première précision. La légitimité des revendications de l’opposition ne souffre aucun doute. Tous les observateurs sont d’accord sur le fait que les élections communales de février dernier ont fait l’objet de fraude. Il y a eu abus dans l’utilisation des procurations. Des Procès-verbaux ont été falsifiés et d’autres égarés. Quelques magistrats ont aussi servi la machine à fraude en annulant même quand il ne fallait pas du tout. Et ce n’est pas par hasard si tous les protagonistes, à l’exception du parti au pouvoir, s’en sont plaints. En suivant donc ce raisonnement, on pourrait comprendre la démarche de l’opposition. D’autant que les Tribunaux de paix auprès desquels des recours ont été déposés, n’ont pas été à la hauteur. Par ailleurs, depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, seul le rapport de force via notamment les marches de protestation ont fait bouger les lignes. Et c’est ce que Lansana Kouyaté, chez nos confrères de TV5 a résumé en disant qu’en Guinée, « il ne reste plus que la rue ».

Faudrait-il en outre, rappeler ici à ce sujet que les élections législatives qui étaient prévues six mois après les présidentielles de 2010, par l’accord de Ouagadougou, n’avaient finalement été organisées qu’en septembre 2013. Ce après des mois de marches, de nombreuses victimes et un accord obtenu au forceps. De même, à la veille de la présidentielle de 2015, Alpha Condé avait dû consentir à ses adversaires que les communes rurales et urbaines soient administrées par des délégations spéciales composées au prorata des résultats des législatives de 2013. En soi, c’était là un arrangement de circonstance qui, s’il permettait la tenue cruciale de la présidentielle, violait cependant les textes législatifs en imposant aux citoyens à la base des responsables qu’ils ne s’étaient pas choisis. Enfin, en février 2017, sous la pression de la rue, Alpha Condé avait également consenti à la révision du code électoral qui a débouché sur la suppression des élections de quartiers et de districts. Là aussi, il s’agissait d’un arrangement qui amputait aux citoyens dans les quartiers et districts de se choisir leurs administrateurs directs.

Depuis donc l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, Il n’est question que de ce type d’arrangements qui violent la constitution et les autres principes consacrés. D’une certaine façon, c’est donc ce que l’opposition a intégré et qui la pousse à s’imaginer qu’il n’est pas impossible que les résultats des dernières élections communales puissent être modifiés. Quoiqu’ayant été publiés de manière définitive. Il est vrai que dans les faits, c’est bien possible. Cependant, si Cellou Dalein et Cie encouragent voire exigent une telle entorse à la constitution et à la loi électorale, ils pourraient avoir ouvert la brèche dont a besoin Alpha Condé. En effet, le chef de l’Etat et quelques faucons doublés de démagogues qui rôdent autour de lui caressent bien le rêve de modifier la constitution dans l’optique d’un troisième mandat. Mais jusqu’ici, ils se sont entendus dire qu’il n’est pas question de modifier les dispositions de la constitution. Seulement, si ceux qui sont enclins à protéger cette constitution sont les premiers à vouloir la violer, aucun reproche ne pourra être fait au chef de l’Etat. Quand le moment arrivera, il lui suffira juste de leur rappeler qu’ils lui ont montré la voie…

A chacun de méditer donc sur les conséquences futures de ses actions présentes

S.Fanta 

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