Occupation anarchique des voies publiques : quand le laxisme encourage l’incivisme !

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« Il est plus facile de déplacer un fleuve que de changer son caractère », dit un proverbe chinois. Les vieilles habitudes ont la peau dure chez certains Guinéens, en l’absence de mesures pérennes des autorités face à certains maux qui gangrènent la société.

Grâce à un plan d’urgence lancé en septembre 2017 par le Ministère de la Sécurité et de la Protection civile à coup de milliards de nos francs, les voies publiques étaient devenues plus  pratiquantes à Conakry. Pendant trois mois, les habitants de la capitale avaient constaté la fin des embouteillages causés par l’occupation de ces voies et la fluidité de la circulation. Cette nouvelle aise était due aux déguerpissements des emprises des chaussées par des policiers délégués à cet effet. Les vendeuses qui occupaient ces emprises avaient été contraintes de quitter. Et les ordures qui entravaient la libre circulation des usagers avaient aussi été dégagées. Bref, la capitale guinéenne offrait une image reluisante.

Mais il aurait été dupe de croire que ce beau changement serait durable. Ce plan d’urgence n’était que conjoncturel. Si dans l’immédiat les mesures adoptées ont soulagé le mal, elles ne l’ont cependant pas guéri, comme pour dire que la brèche qui n’a été que colmatée est devenue béante. Le relâchement des autorités, comme c’est le cas pour toutes les mesures en matière de sécurité routière, a donné libre cours à l’envahissement des principales artères par les ordures et les vendeuses, qui prolongent ainsi le marché sur les trottoirs voire sur la chaussée. Il suffit de sillonner certains marchés de la capitale, ceux de Enta, Koloma, Enco 5, ou encore Sonfonia-Gare pour s’en convaincre.

Les citoyens sont malheureusement habitués à ce qui s’apparente à des feux de paille. La fin du plan d’urgence qui avait pourtant soulagé les Conakrykas fait revenir donc les mauvaises habitudes. Pourquoi adopter une mesure d’urgence pour lutter contre des fléaux si fortement ancrés dans le quotidien de nombreux Guinéens si c’est pour s’arrêter à mi-chemin ? Le Ministère de la Sécurité et de la Protection civile a-t-il une réelle volonté de restaurer la fluidité dans la circulation ? A-t-il les moyens de sa politique ? Ou ces plans d’urgence sont simplement un moyen de dilapider l’argent public ?

Après sa nomination, le Gouverneur de la ville de Conakry, Mathurin Bangoura, avait parmi ses priorités le dégagement des emprises des routes et d’autres espaces publics comme les passerelles. Après une série de sensibilisations, les mesures avaient produit des effets escomptés : les chaussées et les ponts étaient désengorgés, rendant les mouvements des usagers très aisés.

 Des agents de la Police verte déployés avaient largement contribué à la mise en œuvre du projet du gouverneur. Malheureusement, ce énième plan n’a pas fait long feu. Les vieilles habitudes ont aussitôt repris le dessus dès que le Gouvernorat a baissé les bras.

Si le défaut d’adoption de mesures structurelles dans le secteur de la circulation routière est à déplorer, il faut aussi dénoncer l’incivisme prononcé chez bon nombre de nos compatriotes qui transforment les artères publiques de Conakry en marchés et dépotoirs d’ordures. L’autre cause des désagréments routiers reste le fait des automobilistes qui font du non-respect du code de la route leur quotidien. Le bon sens voudrait pourtant que tous les citoyens travaillent pour rendre la capitale Conakry plus vivable. Chaque geste compte donc !

On aime à le dire qu’il est difficile de changer les habitudes du Guinéen.  Mais les mesures précitées quoique éphémères avaient permis de changer le comportement des usagers de la route. L’action des agents déployés sur le terrain avaient réussi à discipliner les plus récalcitrants de ces usagers, comme pour dire que tout est possible avec de la détermination et la rigueur.

Il convient enfin de relever que l’occupation anarchique des voiries urbaines est une des causes de nombreux accidents de circulation dans la capitale, du fait notamment qu’elle obstrue la chaussée.

Après plusieurs opérations de déguerpissements sans lendemain, le constat reste amer . Il est de la responsabilité des pouvoir publics d’affirmer et d’exercer leur autorité en prenant des décisions pérennes.

Kadiatou Kouboura BALDE

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