Nations unies : l’assemblée générale sert-elle encore à quelque chose ?

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I nitialement instaurée pour le dialogue entre les nations et les Etats une fois par an, l’Assemblée générale des Nations Unies est devenue au fil des années une tribune entre ‘’fachos’’ au point de menacer la paix mondiale.

Depuis la création de l’Organisation des Nations Unies en juin 1945, son organe consultatif se réunit une fois par an par pour des rencontres formelles de haut niveau, mais aussi des discussions à l’informel. Ces rencontres réunissent des Chefs d’Etat, des capitaines d’industries, des organisations non gouvernementales, des altermondialistes et des lobbyistes.

Conçue comme une plateforme d’échanges entre dirigeants du monde pour discuter, aplanir les divergences et arrondir les angles, l’Assemblée Générale annuelle des Nations Unies a toujours été l’instance la plus pacifique de l’ONU contrairement au Conseil de sécurité où les divergences entre occidentaux et orientaux ont eu des conséquences terribles sur la paix mondiale. Aussi l’Assemblée générale  des Nations Unies est l’une des rares opportunités pour les pays pauvres de s’affirmer et d’être entendus même s’ils ne sont jamais écoutés.

Mais depuis quelques années, cette Assemblée se vide de son sens pour se transformer en Assemblée élargie des dirigeants désunis.

Au fil des crises qui secouent le monde, cette occasion annuelle est devenue la tribune favorite des dirigeants pyromanes qui en profitent pour insulter et narguer leurs adversaires voire leurs ennemis à tel point qu’aujourd’hui, il est plus légitime de se demander si cette instance ne produit pas son sens inverse.

Au lieu d’unir, elle désunit, renforce les tensions et les méfiances. Parallèlement, elle  rend nerveux les marchés financiers, cœur battant de l’économie mondiale.

Le 20 septembre 2006, l’ex président du Venezuela tire à boulet rouge sur le président des Etats-Unis Georges W. Bush en qualifiant ce dernier de Diable. A l’entame de son discours, Hugo Chavez dira : «Le diable est dans cette salle»

Le 24 septembre 2009, le Colonel Mouammar Kadhafi s’en prend à l’ONU et aux membres permanents du Conseil de Sécurité dans une diatribe fleuve qui durera une heure quarante-cinq minutes. Sans compter les traditionnelles confrontations entre Israël et les pays arabes ou les coups de gueules entre l’Ambassadeur de la Corée du Nord et les délégations américaines et Sud-Coréennes. Ou encore les attaques verbales entre l’Iran et les Etats-Unis.

Depuis son accession à la magistrature suprême de son pays, le Président américain répond coup sur coup à ses adversaires réels ou imaginaires. En 2018, il qualifie le dirigeant nord-coréen Kim-Jong Un de rocket man et lui promet le feu si ce dernier n’arrête pas ses tirs de missiles.

L’Assemblée générale donne ainsi cet aura à des pyromanes qui n’ont droit à la parole qu’à cette unique occasion. Alors bien sûr, ils en profitent. Ce qui fait froid dans le dos puisque c’est devenu le terrain favori pour les règlements de compte entre puissances nucléaires.

L’année 2019 ne déroge pas à la règle puisque Recep Typ Erdogan a focalisé une bonne partie de son discours sur le morcellement de la Palestine par Israel, avec carte à l’appui.

Et pour ne rien arranger au climat déjà tendu entre eux, le premier ministre Pakistanais Imran Khan a violemment taclé son grand voisin indien, en brandissant les risques de guerre entre son pays et celui des Maharadjas, détenteur aussi de l’arme atomique et de l’une des plus grandes armées du monde.

Si cette situation continue, il ne servira à rien de déverser des tonnes de kérosène dans l’atmosphère pour venir assister à des diatribes entre représentant d’Etats comme dans une Cour de récréation. Avec l’avènement de l’unilatéralisme que nous impose un certain Donald Trump depuis son élection, il est évident que les relations internationales vont se porter mal les années qui viennent.

Alpha Oumar DIALLO

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