Le mois de mars ou le mois de lutte contre toute inégalité faite à la femme pour son émancipation, les femmes guinéennes, représentant plus de la moitié de la population du pays, sont de plus en plus marginalisées. Elles sont peu représentées dans le gouvernement et les institutions africaines. Une chose due à un manque d’organisation, selon Hadia Saran Daraba Kaba, fondatrice du forum des femmes du fleuve Mano.
Dans une interview accordée à la rédaction de guineeactuelle.com, l’ex-secrétaire générale de l’Union du fleuve Mano, Hadia Saran Daraba a déclaré que les femmes guinéennes doivent mieux s’organiser pour combattre cette marginalisation dont elles sont victimes.
Selon elle, les femmes ne sont pas solidaires pour le combat contre les nombreuses inégalités en Guinée.
« Comment voulez-vous que vous ne soyez pas marginalisé. D’abord, elles ne réfléchissent pas en profondeur aux questions, et quand elles réfléchissent, celles qui n’ont pas réfléchi les combattent, il n’y a pas de solidarité entre celles qui veulent agir et celles qui peuvent pas agir, qui sont complètement d’ailleurs contre, qui se font infantiliser. Tout cela, ce sont des questions qui doivent être discutées … Il existe des panoplies d’organisation, mais qu’est-ce qu’elles font ? Ces multiples associations, elles font quoi ? On fait beaucoup de tapages sur les médias, mais concrètement quand vous allez sur le terrain, vous faites quoi ? Il n’y a pas beaucoup qui ont une action concrète permanente, vous n’avez pas la pérennité dans l’action, évidemment si les habitudes continuent, les actions ne changent pas » a dépeint Hadia Saran Daraba Kaba.
L’ex-ministre des affaires sociales soutient que les femmes doivent mettre en place des espaces de discussion des différents maux dont souffre la femme guinéenne.
« Moi, je suis grand-mère aujourd’hui, mais ce que j’ai souffert, mes filles vont en souffrir, mes petites filles vont en souffrir parce que tout simplement, nous n’avions pas ces espaces-là où nous pouvons discuter des vrais problèmes des femmes. Il faut la création des espaces de communication » a souligné la présidente du Réseau des Femmes et Filles du fleuve Mano pour la paix (REFMAP).
Hadia Saran Daraba est l’une des femmes qui a un parcours remarquable en Guinée, elle a laissé des traces positives dans tous les secteurs qu’elle a occupés. Pharmacienne de formation, Saran Daraba a été membre fondateur du groupement des femmes d’affaires de Guinée et présidente de la coordination des ONG féminines en 1996, avant d’être nommée ministre des affaires sociales sous la 2eme république.
L’ex-ministre a été recrutée comme consultante en 1999 par les nations unies pour préparer Beijing avant de créer le réseau des femmes du fleuve Mano pour la paix qu’elle a dirigé de 2000 à 2004. Le REFMAP est une structure de la société civile Ouest Africaine qui a contribué à la résolution de plusieurs conflits dans la sous-région et à l’émancipation de la femme Africaine.
Hadia Saran Daraba Kaba est également la première femme candidate à se présenter à l’élection présidentielle en Guinée en 2010, une manière pour elle de prouver à la femme qu’elle a aussi sa place dans la politique. Elle a été nommée secrétaire général de l’union des fleuves Mano de 2011 à 2017. De retour dans son pays, la pharmacienne a repris le poste de présidence du réseau des femmes du fleuve Mano pour la paix.
Mère d’une famille nombreuse, Saran Daraba ne compte pas baisser les bras dans son combat pour l’émancipation de la femme africaine de façon générale. C’est pourquoi, elle participe actuellement à plusieurs débats et conférences en Guinée et ailleurs.
« L’éducation d’une fille conditionne sa vie d’adulte, mon père était très stricte en matière d’éducation, il ne voulait pas qu’il ait de différence entre les garçons et les filles et j’ai eu l’immense honneur d’épouser un homme qui croit en la femme » confie-t-elle, pour rendre ainsi hommage à son défunt père.
Nantady Camara
