Manifestation de rue en guinée : un droit incompris

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D urant plusieurs mois déjà, la Guinée sombre dans des interminables manifestations. Si ce n’est pas l’opposition, ce sont les forces sociales et les enseignants ou les élèves qui font de la  rue une tribune de revendication ces derniers temps.  

Parfois, ces manifestations prennent des tournures indésirables, avec des infiltrés appelés « loubards »  s’en prennent aux personnes et de leurs biens. Les circulations sont bloquées et d’autres citoyens sont empêchés de vaguer à leurs affaires alors qu’ils ne se sentent pas concernés par  les manifestations. Une restriction de leur droit que se permettent ces manifestations.

Une véritable incompréhension  rode autour de cette notion de manifestation, les  opposants qui appellent régulièrement à la manifestation, s’insurgent contre l’interdiction de leur manifestation par  les autorités du pays. Ces derniers, quant à eux se disent de préserver l’ordre public.

Face à ce tiraillement et d’incompréhension, des crises s’enlisent. A travers ces lignes, essayons de faire la part des choses.

La manifestation est une forme d’expression par laquelle une entité sociale extériorise son mécontentement’

Cela va paraitre paradoxal : « la manifestation, un droit incompris. » oui, c’est un droit qui a ses limites, il est exercé sous contrainte juridique.

La grève et la manifestation sont des droits primaires d’une entité collégiale ou professionnelle pour la première ; et d’une entité sociale soumise à une autorité plus grande.

Elles sont constitutionnelles et reconnues par toutes les nations ayant opté pour la démocratie et l’état de droit. Elles s’inscrivent dans l’optique de promouvoir les libertés individuelles donnant ainsi, la chance et l’opportunité à chaque élément d’une société de dire ce qu’il sent dans un cadre légal.

Manifester, c’est une forme de contestation. C’est aussi une forme d’expression par laquelle un peuple ou une entité sociale extériorise son ras-le-bol face à un système qui l’opprime et    part à l’encontre de ses intérêts.

Les manifestations sont des formes de pression sur le pouvoir pour avoir œil sur ce qu’endure sa population.

La manifestation est un droit qui riposte face à l’injustice’

On manifeste quand nos intérêts sont menacés. Quand nous ressentons l’injustice.

L’injustice et l’indifférence, l’insouciance des pouvoirs publics face aux problèmes d’une entité sociale sont source des manifestations.

Les peuples qui se sentent minoritaires dans les décisions des pouvoirs publics se révoltent.

En outre, certains manifestent pour la sauvegarde d’un intérêt  commun comme l’on peut le remarquer chez les « gilets jaunes », face à certaines mesures économiques du gouvernement français impactant la vie économique des retraités, les gilets jaunes sont nés face à cette injustice.

‘Toute manifestation non reconnue par les autorités est illégale’

Toute demande de manifestation est soumise à l’obligation d’une déclaration préalable à l’autorité communale où doit y avoir lieu la manifestation pour des fins d’examens.

Cependant, les déclarants doivent consigner dans leur demande tous les motifs qui les poussent à manifester.

La mairie qui est l’autorité compétente examine le contenu de la demande, les motifs et statue la-dessus assorti d’une décision favorable ou non favorable.

Par ailleurs, la mairie tient compte de la pertinence des motifs et voit réellement s’ils n’affecteront pas l’ordre public.

C’est ainsi, elle approuve ou rejette la manifestation quand celle-ci est légalement constituée et qu’elle n’affecte pas la quiétude sociale.

Toutefois, toute manifestation n’ayant pas passé par cette procédure, n’est pas reconnue et le pouvoir public peut l’interdire et procéder à des représailles.

Face à une loi injuste, nulle n’est tenue de respecter’

Dans l’interdiction des manifestations, l’autorité publique use de l’abus du pouvoir. Elle interdit certaines manifestations en tenant compte des calculs politiciens, interprètent mal les textes de loi et quand ça les arrange. Alors, les manifestants prenant conscience de cela, méprise la loi et se livrent à l’anarchie. C’est la réalité qui profile parfois en Guinée, l’opposition a été interdite de manifester depuis plus de 6 mois pour des motifs non notifiés. Chaque fois rejeter sa demande de manifestation révolte.

‘L’ordre public, un souci de l’autorité publique’

L’ordre public est  tout d’abord, l’ensemble des règles qui régissent la vie en société et édictées dans l’intérêt général. Une règle est qualifiée d’ordre public lorsqu’elle est obligatoire et s’impose pour des raisons impératives de protection, de sécurité ou de moralité.

Aller à l’encontre de ces règles, les transgresser de façon délibérée constitue une violation. Et cette violation est un trouble à l’ordre public. Se permettre de troubler la quiétude sociale, de créer la psychose au sein d’une société pour revendiquer  quoi qu’il en soit, est contraire à la loi et est réprimée par l’autorité publique.

L’ordre public ce qu’il faut d’abord comprendre

‘Le rôle des forces de l’ordre est d’asseoir l’ordre public’

Leur premier devoir est d’encadrer les manifestations, repérer les infiltrés et les mettre en état de nuire.

Une fois qu’une demande de manifestation est prouvée par la mairie, celle-ci interpelle les forces de l’ordre d’encadrer les manifestations pour qu’elles n’empêchent pas les autres populations qui n’adhèrent à leur manifestation de vaquer à leurs affaires quotidiennes

‘Ce que nous pouvons savoir de cette notion de manifestation…’

La manifestation est un droit qui s’exerce dans le respect de la loi. Elle ne doit ni s’exercer en outrance  par les manifestants ni être violée  et réduite par les autorités publique. Elle est légitime et légale. Légitime parce que le peuple en a besoin pour s’exprimer, et s’extérioriser  leur mécontentement. Elle est légale parce qu’elle est sous contrainte  de certaines normes juridiques. Cette loi qui l’autorise, la même loi définit ses limites.

La meilleure façon de manifester est de tenir compte de l’explication juridique que font nos lois du droit de manifester, de s’inscrire dans le respect de la loi et de respecter les décisions qui en découlent.

Et son interdiction doit partir de l’explication réelle des lois, l’interdire sans recouper tous les éléments constitutifs qui peuvent faire état d’une vérité qui fait qu’il y a eu lieu d’interdire une manifestation est un abus de pouvoir.

Cependant, il est dans l’obligation de toutes les deux parties (autorités publiques et ceux qui désirent manifester)  de privilégier la loi, de relever leur sens de patriotisme et de respecter les valeurs cardinales de la république.

Iso Abdoul Latif

 

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