Loi sur l’usage des armes par les gendarmes : « … aux usa ou en france, les policiers comme les gendarmes sont tous armés » dixit damaro camara

Publicité

E ntre la révision de la loi sur le mariage et l’adoption de celle relative au port d’armes à feu par les gendarmes guinéens, il faut dire que les réformes engagées par la session des lois 2019 ont fait couler beaucoup d’encres et de salives.

Pour recadrer les débats et rassurer l’opinion publique, le RPG arc-en-ciel (parti au pouvoir, ndlr) décide de sortir l’artillerie lourde. Après les sorties peu convaincantes, à la limite scabreuses, de certains saltimbanques du régime en place, c’est au tour de Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle à l’hémicycle, de reprendre la parole.

« Pourquoi  limitez-vous le rôle des gendarmes à contenir des manifestations seulement. Ils doivent travailler en rase campagne, ils doivent faire face au grand banditisme. Ils doivent faire face à toutes les menaces en rase campagne comme en ville, dans lesquelles ils se joignent à la police pour combattre le grand banditisme… depuis le vote de cette loi, vous ne parlez que des manifestations, et pourtant, il y’a bien mieux … » rétorque le chef de la majorité parlementaire interrogé par nos confrères de la radio Espace FM.

Face à la question de savoir quelle différence existerait entre la nouvelle loi sur l’utilisation des armes par les gendarmes et celle adoptée en 2015, portant sur le maintien de l’ordre, le parlementaire précise : «Si vous voulez, c’est comme un avenant à cette loi. Il y’a plusieurs composantes des forces de l’ordre, il y a la police, la garde républicaine, la gendarmerie, à quelques occasions, selon l’ampleur, il y’a même l’armée. Donc on a voulu règlementer, peut-être que d’autres lois viendront aussi pour être plus spécifiques pour ce qui concerne d’autres corps des forces de l’ordre. ».

Plus loin, comme pour jeter un clin d’œil à leurs détracteurs, le patron de la mouvance parlementaire RPG arc-en-ciel renchérit :

«  Le problème qu’on a en Guinée, c’est qu’on croit que, seuls ceux qui sont dans l’opposition sont des humains, seuls eux, ont des cœurs. Et que tous ceux qui sont de la majorité, qui ont voté cette loi, s’en fichent de la vie des guinéens, s’en fichent de ce qui peut arriver aux guinéens. Nous sommes des hommes conscients de ce qui passe autour de nous et nous avons voté cette loi en toute conscience. Soyez rassurés que nous sommes des humains qui n’ont d’objectif que de sécuriser les guinéens et nous évaluons la vie du guinéen à quelque niveau que ce soit » tente-t-il de rassurer.

Quant à l’épineuse question de l’inopportunité d’une telle loi, surtout en prélude aux grandes échéances électorales, l’honorable Damaro CAMARA, comme à son accoutumée, est resté fidèle à sa rhétorique habituelle.

«… aux USA ou en France, les policiers comme les gendarmes sont tous armés. Il arrive qu’ils tirent sur des bandits, il arrive même qu’ils tirent malencontreusement sur des victimes qui ne possèdent aucune arme. Mais tous les jours, chaque fois qu’on peut prendre une loi pour réglementer l’utilisation des armes de guerre, surtout l’utilisation des armes dans les mains des forces de l’ordre, je crois qu’il est opportun de réglementer pour que chacun sache ses droits… » se justifie-t-il.

En dépit du fait que plus de cent guinéens ont perdu la vie par suite de tirs à balles réelles, il faut rappeler qu’à date, jamais une condamnation n’a officiellement été prononcée pour sanctionner à la mesure de la forfaiture commise, les éventuels coupables de tels crimes.

Signalons tout de même que les ONG de défense de droits humains entendent d’ores et déjà déclencher des actes visant à empêcher la promulgation de ladite loi.

Nous y reviendrons.

CHERINGAN

Publicité