Le navigator passa de vie à trépas (kabinet fofana)

Publicité

La route a tué Navigator. Du thug, on entendra plus ! En fin, de ce life. Telle une étoile, le MC a filé dans les cieux. La consternation tutoie l’émotion. La cité murmure. La téci marmonne. La toile s’en émeut.

On engueule peu ou prou la mort. Le destin s’en mêle ! Comme quoi l’ange devrait attendre. Attendre de peu avant de tirer sa chevrotine. Attendre le temps. Le temps d’un couplet. Attendre le temps. Le temps d’un flow. Le temps d’un egotrip. Pourquoi pas !

Des artistes comme des mélomanes, le public regrettent la disparition. Le Navigator n’eut pas raison d’abdiquer sur le podium de Dabompa. Se tirer sans nous faire du sale. Même pas un EP.

L’Alpha Condé rape, le Cellou Dalein déclame. Ils versent les larmes, halètent, chuchotent un destin abrégé. Ils se confondent à nous pour le temps d’une émotion collective. Le temps d’un concert. On s’en convainc de la sincérité de leur émoi. Aux esprits futés qui lanceraient « Messieurs les politiques que nous valent cette soudaine empathie ? » : mamène, « ils rejoignent l’émotion collective parce que l’occasion est propice pour se rapprocher de nos cœurs. Ils nous draguent ».

D’ailleurs, la réappropriation du décès du Navigator par les politiques alors même qu’ils est plutôt de leur rôle de penser des politiques publiques pour atténuer les accidents de route, est très classique.

De Halliday de Mory Kanté ou du DJ Arafat, les disparitions trouvant une meilleure résonnance au sein de l’opinion aiguisent l’appétence du politique à marquer sa compassion parce que ces morts agrègent des émotions, ils drainent du monde.

Or, si on peut s’en féliciter de leur amour, cependant l’accidentalité routière ne change pas autant de rythme. La réalité : la route tue. Nos routes sont insécures.

L’aggravation des accidents de route se rapporte à plusieurs facteurs. Du déficit de panneaux de signalisation, de l’état piteux de nos routes, la défaillance mécanique, on peut crier la responsabilité de l’Etat.

Du Léviathan.  Pas de communication sociale, encore moins de campagnes de sensibilisation quant aux accidents routiers. Nos routes sont des pétaudières. Elles enterrent tous les jours, font des blessés. Endeuillent des familles. Quand CERF nous enseigne que seul 17% des usagers de route à Conakry se sente en sécurité autrement dit, 41,70% de la population ne se sent pas du tout en sécurité, il y a bien à comprendre que les guinéens stressent quand ils pratiquent la route.

Que la route nous fait du sale. Elle nous emmerde.

Vivre un jour. Et mourir un autre !

Navy, vas-y !

Kabinet Fofana

Publicité