L’ancien coordinateur général du rpg demande la destitution d’alpha condé

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Monsieur le « Professeur », Président de la République, en portant le 28 mai 2016 les graves accusations que l’on sait, au cours de sa conférence de presse, semble faire fi d’un détail, d’un tout petit détail : ceux qu’il accuse avec tant de prévention et si peu de précaution et de preuve, ne sont plus membres du RPG depuis près d’un quart de siècle. Ce sont de simples citoyens. Et lui, en tant que Président de la République, n’a pas le droit, il lui est interdit, il lui est absolument, rigoureusement interdit, d’utiliser la tribune d’un parti politique dont il n’est plus membre ni dirigeant pour s’en prendre à de simples citoyens. Il ne peut que faire engager des poursuites pénales contre des citoyens qui auraient porté atteinte à la sécurité intérieure et/ou extérieure de l’Etat. Or, Monsieur le « Professeur », Président de la République, ne saura, ne pourra jamais relever le défi que lui lancent ses accusés du 28 mai 2016, de pouvoir les trainer devant les tribunaux pour cause de trahison, de complot ou de corruption. Par contre, l’un des accusés, en la personne de l’ex-Coordonnateur National du BNP du RPG, soutient qu’à la suite de la violation et de la Constitution de la République et de son serment, Monsieur le « Professeur », Président de la République, est passible de poursuites pour haute trahison, car « Il y a haute trahison lorsque le Président de la République a violé son serment … ». Or il a violé son serment en violant la Constitution de la République. De ce fait, il doit être traduit, pour parjure devant la Haute Cour de Justice (Articles 118 et 119 de la Constitution de la République). L’opposition, toutes tendances confondues, ainsi que la société civile guinéenne, ont l’impérieux devoir de mettre tout en œuvre pour saisir l’Assemblée Nationale et obtenir d’elle, la mise en accusation pour parjure, de Monsieur le « Professeur », Président de la République, Alpha CONDE et, le cas échéant, sa déchéance de ses fonctions de chef de l’Etat, prononcée par la Haute Cour de Justice.

Le directeur du journal satirique le Lynx, en sa livraison N°1260 du 06 juin 2016, résume, avec bonheur, la question, dans un raccourci aussi saisissant que caricaturalement imagé, en écrivant : «  Ce qui aurait dû choquer le plus, c’est cette quasi-absence de choc chez le guinéen moyen quand Alpha CONDE assène toutes ‘’ses’’ vérités, le pied droit dans le fauteuil du président du RGP-arc-en-ciel, le pied gauche dans celui de Sékoutouréya à Kaloum. Au nez et à la barbe de la Constitution. Il est temps d’obliger la république à se préparer pour les énormes défis qui l’attendent. La Cour de Sureté de l’Etat, c’est quoi déjà ? ».

Avec cependant, cette réserve importante, que c’est davantage chez les dirigeants et cadres de la classe politique guinéenne, prise dans son ensemble, que chez le guinéen moyen, que cette quasi-absence de choc aurait dû choquer le plus ; et quand on écrit : «  Il est temps d’obliger la république à se préparer pour les énormes défis qui l’attendent », cela est fort discutable. Car ce n’est pas l’alerte donnée, en écrivant cela, qui suffira ou qui constitue le remède. Ce qui est temps, ce n’est pas « d’obliger la république à se préparer pour les énormes défis qui l’attendent ». Ce qui est temps, c’est plutôt que la classe politique et la société civile guinéennes, qui devraient être tenues pour les vrais défenseurs de la République, en finissent avec le retard qu’elles accusent de n’avoir pas été choquées de l’absence de choc, dont elles se sont accommodées jusqu’à maintenant, devant ce qu’il y a de plus choquant dans un Etat de droit : l’absence de choc, de réaction chez les acteurs politiques et la société civile, quand on a, sous leur nez et leur barbe, poignardé  la République, par la violation de sa Constitution, en toute connaissance de cause, avec la superbe de l’homme arrivé au faîte de la gloire et avec l’arrogance du défi lancé à l’opinion publique guinéenne par celui qui, le premier, est tenu, par la Constitution, de la défendre, mais qui est le premier, à l’avoir poignardée. Il y a là une question de priorité, car on n’a pas à choisir entre une République apparemment en bonne santé et une République réellement malade, pour avoir été poignardée, non « au nez et à la barbe de la Constitution », mais « au nez et à la barbe » de toute la classe politique et de toute la société civile guinéennes.

Autrement dit, il est surtout question d’urgence et de priorité. En effet, avant qu’il soit « temps d’obliger la république à se préparer pour les énormes défis qui l’attendent… », il est d’abord temps d’obliger, non la République, mais la classe politique et la société civile guinéennes, non « à se préparer pour les énormes défis qui [les] attendent… », mais à relever, maintenant, l’unique défi auquel elles sont actuellement confrontées, à savoir agir, maintenant, pour arrêter, maintenant, la main qui a déjà osé poignarder la République, en violant, en toute connaissance de cause et impunément, à leur nez et à leur barbe, la Constitution de la République et, conséquemment, le serment prêté devant la Cour Constitutionnelle.

Ces remarques faites, même si elles avaient été réputées pertinentes, cela n’entame en rien le grand mérite du directeur du Lynx, d’avoir eu, le premier, à stigmatiser ce qu’il y a de choquant dans l’absence de choc, chez tout le monde en Guinée, et, de plus choquant encore et en particulier, chez la classe politique et la société civile guinéennes, quand celui qui, le premier, est tenu, pour avoir été élu à la magistrature suprême du pays, au scrutin universel direct, et de ce fait, plus que tout autre, de monter au créneau pour assurer la défense de la République, est aussi celui qui, le premier, a osé descendre du créneau pour aller la poignarder, en violant, en toute connaissance de cause, le serment prêté par lui, par la violation délibérée de la Constitution de la République.

Quand Monsieur le « Professeur », Président de la République, prend la liberté de se rendre de Sékoutouréya, siège de la Présidence de la République, à Gbessia, siège du RPG-arc-en-ciel, en violation flagrante de la Constitution de la République, en son article 45 qui dispose : « … Le Président est au-dessus des partis politiques… », – lequel parti a cessé d’être un parti dont il serait membre ou dirigeant, cumulativement avec ses fonctions nouvelles de Premier Magistrat de la République, et y prononce un discours, non pour faire état de ce que la gouvernance de son premier quinquennat a apporté de progrès au peuple de Guinée, mais le réquisitoire que l’on sait, sous la forme répugnante d’un sordide et inactuel règlement de comptes, force était, pour l’ex-Coordonnateur National du BNP du RPG de répondre. Il ne pouvait plus continuer à observer un silence coupable devant cette attaque en règle contre toute une communauté, contre les dignes cadres malinkés en général et, en particulier, ceux de ces cadres qu’il a nommément désignés. Il sait, au fond de lui-même, qu’ils feront partie, qu’il le veuille ou non, soit de l’impétueuse et inexorable déferlante des sans voix qui soulèvera tout un peuple, semblable à celle qui, récemment, a tenu en échec, à Ouagadougou, son ami Blaise COMPAORE, par l’admirable peuple de l’intègre et incorruptible Thomas SANKARA ; soit, au besoin, du camp de ceux qu’il aura contraints et forcés de recourir à la lutte armée, pour s’opposer résolument à un troisième mandat. L’idée première qui est venue à l’esprit de l’ex-Coordonnateur National du BNP du RPG, a été de revisiter la profession de foi du Secrétaire général du RPG, à l’occasion de sa candidature à l’élection présidentielle de 2010, au lieu de répondre à l’invective de celui qui, en dépit des titres de docteur en droit et de professeur de droit, dont il a l’incroyable propension et la détestable coutume de faire état et dont il aime à s’enorgueillir, n’hésite pas à violer la Constitution de la République ce, en ne parvenant pas à faire la distinction, pourtant capitale, entre la fonction de Président de la République et celle de premier responsable d’un parti politique, que la Constitution de la République lui interdit formellement de diriger désormais, voire de maintenir ou d’entretenir quelque commerce que ce soit avec ce qui, naguère, fut son parti.

Par Elhadj Fofana

Avocat à la Cour

Membre fondateur et ex coordinateur du RPG

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