Kéléfa sall, mort d’un homme de devoir

Publicité

Q u’importe ce que nous savons de toi, tu nous enjoins le devoir d’interroger notre conscience de Guinéens. Qu’importe ce que nous avons dit de toi jadis et naguère, ta mort nous verse dans de futiles et stériles exclamations, véritables succédanés de nos devoirs désertés.

Comme si tu avais osé nous demander quelque chose, quelque chose nous rendant subitement obligés de dire ce que nous voudrions que tu dises aujourd’hui. Alors que tu t’es contenté de dire :

« Gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes. Car, si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant ».

Puisque le maître de l’horloge a le chic de se jouer du monde, tu n’entendras ni les sirènes révisionnistes, ni les soutiens hypocrites qui ne t’ont point empêché de descendre de ton siège doré de la plus haute juridiction du pays. Descendre quand-même, mais descendre dignement malgré les impressions délétères du moment.

Adieu donc Maître Kéléfa Sall ! Va-t’en désormais en paix, avec la vérité d’un homme seul à la conscience affranchie des convenances et combines. Pour avoir tenu parole, pour avoir sanctifié le serment du magistrat de ne point succomber aux sirènes de lucre.

En t’adressant au Président de la République en ce jour d’investiture de 2015, tu disais vouloir t’adresser à lui et, à travers lui, à tes compatriotes dont tu sollicitais l’attention. Et nous nous précipitons désormais pour écouter des paroles que nous n’avions fait qu’entendre, entendre au point de ne rien y comprendre.

Finalement, une histoire ordinaire d’un homme peu ordinaire qui nous invitait à la solidarité et à la probité face au bien commun pour que vive la Guinée dans une dignité partagée.

Peu importent nos prières, ta vérité te survivra et nos jeunes magistrats se verront désormais imposer la référence d’une dignité désintéressée dans un flot de tellement de tentations compromettantes.

L’histoire retiendra ce qu’elle voudra, le peuple de Guinée, lui, aura désormais à se souvenir du NON de Sékou Touré à De Gaulle et des sirènes révisionnistes dont l’invite à ne point succomber notre estime et éminent magistrat, Maître Kéléfa Sall.

Merci pour la leçon de vie, pour l’exemplarité de dignité et de probité à celui qui a donné sa parole, à celui qui s’est déjà engagé, de ne point trahir la parole donnée et de demeurer fidèle à ses valeurs.

Tu nous as offert ton courage pour faire de nous des courageux, tu nous as montré l’exemple à ton corps défendant pour que nous ne renoncions guère à payer le prix de notre intégrité.

Repose en paix compatriote Kéléfa Sall, que ton sens du devoir inspire des générations et des générations de Guinéens.

 

Titi Sidibé

Publicité