Le Premier Ministre guinéen sera face aux députés le 7 avril prochain a annoncé, vendredi 26 mars 2021, Ibrahima Kassory Fofana sur compte officiel facebook.
Selon le locataire du Palais de la Colombe, il sera question de faire une déclaration de Politique Générale du premier gouvernement de la quatrième République.
« Deux mois après ma reconduction au poste de #Premierministre, Chef du Gouvernement par SEM le Président de la République Pr Alpha Condé, je serais le 7 Avril prochain devant les honorables députés de l’Assemblée Nationale pour la déclaration de la Politique Générale du Gouvernement que je dirige », écrit-il.
Un discours d’austérité en vue ?
C’est un secret de polichinelle, les défis qui attendent le premier gouvernement de la quatrième République sont connus de tous. Du moins par la plupart des observateurs de la vie publique guinéenne.
Des signaux avant-coureurs ont même déjà été avancés dans l’opinion à l’effet de préparer les esprits. D’abord par le Chef de l’Etat.
A l’occasion d’une de ses sorties médiatiques, ce dernier lançait que « tout le monde doit payer les impôts même les femmes au marché ». Avant que Kassory Fofana, lui-même, sonne le glas de la récréation: « les prochains mois seront très durs » a-t-il alerté lors du Guinée Business Forum organisé par son gouvernement.
« Un discours construit à partir d’une rhétorique politico économique bien rodée nous sera servi », avertit un économiste, enseignant à l’université de Sonfonia.
Pour cet enseignant qui n’a pas souhaité qu’on divulgue son identité, le discours du Premier ministre Kassory sera loin de rassurer, car tous les indicateurs, allègue-t-il, sont presqu’au rouge.
Et d’ajouter que la pression déjà enclenchée par les institutions financières internationales sera maintenue jusqu’au moment où les choses reviendraient au vert, du moins au jaune. Car l’Etat, renchérit-il, doit compenser les gaspillages de deux dernières années qui se sont révélées catastrophiques à la fois pour l’économie, le social et aussi pour les droits de l’homme en Guinée.
Une assemblée nationale qui doit poser ces marques
Selon les termes de la nouvelle Constitution guinéenne, en vigueur depuis près d’un an, cette déclaration qui doit être faite par le chef de gouvernement sera suivie d’un débat accompagné d’un vote.
« Après sa nomination, le premier ministre fait une déclaration de politique générale devant l’assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat avec vote », stipule l’article 63 de la Constitution adoptée à l’issue du référendum constitutionnel de mars 2020.
Si le Chef du gouvernement n’est pas responsable devant les représentants du peuple (article 62, ndlr), il se doit par ailleurs, au risque de se voir lyncher par les plus sceptiques des représentants du peuple de Guinée, du moins les plus audacieux, de convaincre ceux-ci et par ricochet, de rassurer tout le peuple de Guinée.
En tout cas, entre la fermeture des frontières et ses fâcheuses implications sur l’économie, les arrestations d’opposants politiques, l’épouvantail d’une augmentation du prix de l’essence à la pompe au sortir du mois de ramadan, une inflation quasi galopante du franc guinéen, les suspicions de corruption dans les contrats miniers et les différents marchés publics, la cherté quotidienne de la vie, l’inefficience des réformes engagées,… c’est au moins une panoplie de sujets qui s’offre à cette assemblée dirigée d’une main de fer par Amadou Damaro Camara.
Ces députés, justement, seront-ils à la hauteur ? Pourront-ils mettre fin, une fois pour toute, aux polémiques seyant à leur crédibilité, en osant affronter le capitaine de l’exécutif sur des sujets attendus par les guinéens, d’une part et annihiler les critiques et invectives proférées par l’ancienne opposition parlementaire, devenue par la force des choses extraparlementaire, d’autre part ?
Rien n’est moins sûr. Le mercredi 7 avril prochain, rendez-vous à l’Assemblée nationale de Guinée pour être édifié.
A suivre !
Chérif Haïdara
