Guinée : les propositions des coordinations régionales pour une transition réussie

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D ans une déclaration commune publiée, samedi 9 octobre 2021, les quatre coordinations régionales de Guinée ont salué la prise du pouvoir le 5 septembre dernier par l’armée guinéenne, à travers le CNRD dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya.

Selon eux, si les guinéens ont favorablement accueilli ce coup d’Etat, c’est parce que le régime qui était en place était devenu impopulaire à cause de la mauvaise gouvernance ayant entraîné le pays dans une profonde crise politique, économique et institutionnelle.

Pour une transition réussie, ces quatre Coordinations (Coordination de l’Union de la Basse Guinée-Labésanyi, la Coordination Nationale des Foulbhés et Haali-Poular de Guinée, la Coordination Nationale des Unions Forestières et la Coordination de l’Union de la Haute Guinée) formulent plusieurs recommandations à l’endroit du CNRD.

Parmi ces recommandations, ils demandent aux nouvelles autorités de combattre l’ethnocentrisme et renforcer l’Unité Nationale, d’instaurer un système administratif inclusif, de supprimer des interférences et des conflits d’attributions entre les départements ministériels et les grandes directions, d’installer la Haute Cour de Justice, d’assainir en profondeur le fichier électoral et le découpage électoral rationnel, de revoir la procédure de publication officielle des résultats des élections.

Ces sages demandent également la création d’un Conseil National des Sages (CNS) du pays d’éloigner les acteurs du 3ème mandat des centres de décision durant la phase de transition y compris les Coordinations, Associations et Mouvements de soutien, de restaurer un système judiciaire indépendant, respectueux des principes d’équité, de restituer, dédommager et indemniser les victimes d’expropriations illégales de patrimoines fonciers ou immobiliers ou encore d’évaluer l’impact négatif de la fermeture des frontières et prendre des mesures appropriées pour indemniser les victimes.

Déclaration

Nous, Coordinations Nationales des Quatre Régions Naturelles, avons pris acte de la prise du pouvoir par l’Armée, de l’arrestation de l’ancien Président Alpha Condé, de la dissolution des institutions notamment du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale. Nous avons noté que cette action de notre Armée a été largement saluée par les populations Guinéennes. Cet accueil très favorable réservé par les Guinéens à ce coup de force montre éloquemment à quel point le pouvoir qui était en place était devenu impopulaire. Cette impopularité du régime n’était que la conséquence de la mauvaise gouvernance ayant entraîné le pays dans une profonde crise politique économique et institutionnelle marquée par :

– la détérioration du tissu social ;

– la montée galopante de la pauvreté des populations ;

– la crise de confiance entre les Gouvernants et les Gouvernés ;

– la gabegie financière, la corruption et la course effrénée à l’enrichissement personnel de la classe dirigeante ;

– la détérioration des infrastructures notamment routières ;

– la hausse des prix ;

– la division ;

– l’ethno-stratégie institutionnalisée ;

– l’émigration massive des jeunes par manque d’emplois, la restriction des libertés et la violence d’Etat.

À cela il faut ajouter la grave crise politique créée par l’obstination du Président déchu de s’octroyer un troisième mandat et ce malgré les mises en garde et les appels à la raison des autorités religieuses, des coordinations régionales et de la communauté internationale. En effet, il violera la constitution et son serment en organisant, dans le sang et la douleur, le double scrutin du 22 mars et le scrutin présidentiel aux résultats controversés du 18 octobre 2020. La répression sanglante des manifestations contre ce troisième mandat a coûté la vie à plus de 150 citoyens dont une quarantaine a été enterrée nuitamment en pleine forêt à Nzérékoré. À ce bilan macabre, il faut ajouter l’arrestation et la séquestration de centaines d’adversaires du troisième mandat, la destruction des biens, les expropriations abusives de patrimoines fonciers et immobiliers appartenant à des citoyens supposés être militants ou sympathisants de l’Opposition.

Il vous souviendra que pour mettre fin à toutes ces choses et permettre aux dirigeants de l’époque d’avoir un départ honorifique du pouvoir, l’opinion nationale et internationale avaient été averties par nos Coordinations de ce que traversait notre pays et des conséquences désastreuses de leur obstination et de leur aveuglement. Très malheureusement, après plusieurs déclarations sans succès, les sages des quatre Coordinations Régionales, en concertation chez le Kountigui, El hadj Sékhouna Soumah, au sujet de la situation sociopolitiques envenimée par la poursuite du projet de 3ème mandat, ont été pris en otage, encerclés, aspergés de gaz lacrymogène et ce sans discontinuité le 1er septembre 2020 à Tanéné, plus de 24 heures durant, par des agents de sécurité. Il a été dénombré 377 étuis encore disponibles sur les lieux.

Par ailleurs, les Quatre Coordinations ont noté avec satisfaction que le discours décliné par le président du CNRD, lors de l’annonce de la prise du pouvoir par l’Armée, a identifié clairement les faiblesses essentielles de notre Administration et de nos Institutions. En conséquence, elles soutiennent toute politique que le CNRD entreprendra pour corriger les fléaux et les dysfonctionnements qui ont été dénoncés dans ce discours objectif.

En outre, les quatre Coordinations demandent au CNRD de prendre toutes les dispositions pour :

– combattre l’ethnocentrisme et renforcer l’Unité Nationale ;

– instaurer un système administratif inclusif ;

– supprimer des interférences et des conflits d’attributions entre les départements ministériels et les grandes directions ;

– équilibrer les nominations à tous les postes administratifs ;

– renforcer la décentralisation afin de soutenir les fondements participatifs, inclusifs et démocratiques de l’État pour un développement durable et équilibré ;

– que toutes les victimes de la répression des manifestations politiques et sociales notamment celles relatives au troisième mandat et aux violences post-électorales aient droit à la justice et à la réparation ;

– que les victimes des expropriations illégales de patrimoines fonciers ou immobiliers soient rétablies dans leurs droits ;

– maintenir le régime présidentiel et renforcer le pouvoir et l’intégrité de l’Assemblée Nationale pour que les nominations à certains postes stratégiques requièrent son avis;

– élire une Assemblée Régionale au niveau de chaque Gouvernorat, à travers une amélioration du code des collectivités locales pour un développement participatif à la base ;

– installer la Haute Cour de Justice ;

– assainir en profondeur le fichier électoral et le découpage électoral rationnel ;

– revoir la procédure de publication officielle des résultats des élections ;

– créer un Conseil National des Sages (CNS) du pays ;

– éloigner les acteurs du 3ème mandat des centres de décision durant la phase de transition y compris les Coordinations, Associations et Mouvements de soutien ;

– restaurer un système judiciaire indépendant, respectueux des principes d’équité ;

– restituer, dédommager et indemniser les victimes d’expropriations illégales de patrimoines fonciers ou immobiliers ;

– évaluer l’impact négatif de la fermeture des frontières et prendre des mesures appropriées pour indemniser les victimes.

– organiser dans un délai raisonnable des élections inclusives, libres et transparentes pour doter notre pays d’institutions légitimes et crédibles.

Les sages attendent également du Président de la République et de son équipe une entente cordiale et réciproque pour l’atteinte des objectifs de rassemblement et de développement auxquels aspirent légitimement les populations guinéennes.

Pour finir, les quatre Coordinations se tiennent à la disposition du CNRD et de son président pour contribuer à la mise en œuvre de toutes les actions visant à renforcer l’unité de la nation et à promouvoir la démocratie, la justice et le développement dans notre pays.

Nous vous remercions.

Fait à Conakry, le 09 octobre 2021

Pour la Coordination de l’Union de la Haute Guinée : Mr Sékou Kaba

Pour la Coordination Nationale des Unions Forestières : Dr. Jean N’Dimini Tolno

Pour La Coordination Nationale des Foulbhés et Haali-Poular de Guinée : Elhadj Ousmane Fatako Baldé

Pour la Coordination de l’Union de la Basse Guinée : Elhadj Sékhouna Soumah

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