A yant décidé de participer aux prochaines élections « avec ou sans Apha« , Ousmane Kaba ne semble pas prendre la mesure des enjeux et foule aux pieds les efforts fournis ainsi que les résultats encourageants obtenus par le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution, NDLR) depuis sa création.
Y a-t-il besoin de rappeler que le fichier ayant permis le vote en mars -contenant encore beaucoup d’anomalies et ayant privé 2.5 millions de personnes de leur droit de vote- ne subira aucune révision avant les prochaines présidentielles ? Sous cette hypothèse, on peut bien se demander ce qui a bien pu motiver la décision d’Ousmane Kaba d’autant plus qu’aucun changement n’est intervenu entre le 22 mars et le moment où il faisait sa déclaration.
Avec des arguments tirés par les cheveux pour tenter de se justifier chez les GG (Grandes gueules, NDLR), Ousmane Kaba a laissé certains observateurs de la scène politique sur leur faim et d’autres entre sentiment d’incompréhension et étonnement.
Le moins qu’on puisse dire ,c’est qu’il est déterminé, peu importe les conséquences, et veut participer aux prochaines présidentielles.
Interrogé par une radio de la place sur cette situation qui a créé une onde de choc, Ousmane Gaoual Diallo s’est contenté de rappeler le principe suivant : « ce n’est pas le FNDC qui dicte l’agenda des partis politiques de participer ou pas à des élections. Mais, les conduites du Front national pour la défense de la constitution sont des conduites consensuellement arrêtées par l’ensemble des partis politiques et les acteurs de la société civile qui y sont membres. Il ne faut pas donner des sentiments qu’il y aurait des gens dans le front pour imposer leurs volontés à d’autres ».
Connu pour n’avoir pas sa langue dans sa poche, le GORKO SOUSSAÏ de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée, principale formation politique d’opposition, NDLR) n’a pas osé aller au bout de ses idées, laissant ainsi la porte ouverte à toutes interprétations sur sa sortie. Certains militants du PADES n’ont d’ailleurs pas manqué d’utiliser ses déclarations comme pour dire qu’il apporte son soutien à leur leader.
Lui emboîtant les pas chez les GG, Aliou Bah, leader du MoDel, a usé de la même prudence -esquivant par moment la question de fond- lorsqu’on lui a posé la question sur les déclarations de Ousmane Kaba.
Une lecture croisée de leurs interventions permet de dégager quatre hypothèses :
1/Volonté d’apaiser les choses après la passe d’armes, par médias interposés, entre Ousmane Kaba et Sekou Koundouno, responsable des stratégies au FNDC;
2/Volonté de ne pas exhiber les limites du principe rappelé plus haut : en effet, il paraît clairement qu’au regarde de ce principe, des entités politiques au sein du FNDC jouissent d’un degré de libertés important leur laissant parfois même le choix d’être à califourchon entre la mouvance et le FNDC. Aussi il met en évidence l’incapacité du mouvement à influencer la décision d’un parti politique de participer ou pas à une élection;
3/Volonté de préparer la tête des militants à une éventuelle participation aux prochaines élections;
4/Un soutien implicite à Ousmane Kaba sur le bout des lèvres : je ne peux pas comprendre qu’ils se soient juste contentés de rappeler un simple principe alors que Ousmane Kaba venait de faire une déclaration aux antipodes des idéaux du FNDC.
Au vu des enjeux et la rudesse du combat qui s’annonce, le FNDC doit tenir en tous lieux et en toutes circonstances un langage de fermeté vis-à-vis des entités (civiles et politiques) en son sein.
Toute entité initiant un projet contraire à la vision du FNDC, susceptible de casser sa dynamique doit être exclue sans condition.
Toute entité politique au sein du FNDC qui décide d’aller aux présidentielles dans les conditions actuelles du fichier -je rappelle qu’il donnerait Grand P gagnant face même à Obama s’il est soutenu par le RPG- doit être exclu.
Inhérents à toutes organisations, les désaccords entre acteurs doivent pouvoir se régler en interne.
Le spectacle offert par le FNDC-Belgique ces derniers temps, laisse un goût amer et ternit l’image du mouvement.
Kerfalla Cissé
