Flexibilité du prix du carburant : un principe biaisé en guinée ?

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E n Guinée, il est admis, qu’en matière pétrolière, les prix fluctuent en fonction de la conjoncture internationale. Si cette démarche est partagée par chacun des acteurs, il semble, cependant, que les guinéens, dans leur écrasante majorité, sont unanimes à dire que ce principe est appliqué de manière biaisée par le gouvernement.

D’où la question de savoir ce que signifie flexibilité du prix du carburant à la pompe pour le gouvernement guinéen ?

– Quand le prix du baril baisse à l’international, comme on a pu le constater entre 2018 et 2019, il faut que la société civile, les syndicats, et les citoyens de manière générale mettent la pression sur l’Etat pour que ce dernier en fasse le constat. Dans les faits, ces pressions sont souvent matérialisées par des soulèvements populaires ayant pour but de contraindre le gouvernement à appliquer la règle [cf. au contexte de création des Forces sociales de Guinée]. L’expérience de ces soulèvements n’est toutefois pas très satisfaisante. Querelles intestines et de lead, manipulations de groupes de jeunes, corruption et détournements de lutte, semblent être les maîtres mots. Sans compter les risques d’intrusion au profit du gouvernement provocant ainsi une forte scission des associations de la société civile guinéenne …

– Quand le prix du baril monte à l’international, le gouvernement procède de manière unilatérale à l’augmentation du prix des produits pétroliers sur l’ensemble du territoire national. Or, à ce niveau, la logique de la gouvernance participative voudrait que les dirigeants et les organisations de la société civile guinéenne [OSCG] compétentes sur ces questions tablent avant toute mesure gouvernementale. Cette exigence de la gouvernance participative suppose, à maints égards, une certaine spécialisation desdites OSCG. Toute chose qui semble loin de la pratique de ces dernières.

Recommandations

Une spécialisation de certaines ONG de la société civile guinéenne pouvant dépêcher des experts [au sens rigoureux du terme et non guinéens] auprès du gouvernement avant toute opération d’augmentation ou de réduction du prix des produits pétroliers.

Quelques pistes de solution d’ordre conjoncturel

La République de Guinée étant l’un des pays les plus pauvres au monde [178/189 avec un IDH de 0,477 selon le rapport 2020 du Programme des nations unies pour le développement], caractérisée par une disparité entre riches [cadres de l’administration, entrepreneurs privés] et pauvres [soit plus de 70% de la population], il serait souhaitable que l’application du principe de la flexibilité des prix, au sens de l’augmentation, ne soit plus automatique en Guinée. Bien que je souhaite tout le contraire quand il s’agira de la réduction des prix des produits pétroliers. C’est cette petite, mais importante nuance qui devrait marquer l’exception guinéenne.

Quand on considère que le but ultime de tout gouvernement consiste à l’amélioration du cadre de vie, ou du moins la préservation du minimum vital pour ses populations, il reste fort souhaitable que celui-ci applique, de manière conjoncturelle, une certaine austérité eu égard à son train de vie.

Appliquées au cas guinéen, certaines institutions républicaines [loin de moi tout jugement de valeur sur leur inefficacité ou inefficience] devraient accepter de supporter le coût de la lutte contre l’extrême précarité. Leurs budgets de souveraineté, qui seront touchés de moitié ou tout simplement réorientés momentanément, seront ainsi détournés / redirigés / réalloués vers un fonds spécial d’urgence pour les populations les plus vulnérables ainsi que pour la mise en œuvre des mesures d’accompagnement [mise en place d’une réelle Politique nationale de transport public en milieu urbain, rural, inter urbain,…].

Au titre de ces institutions, nous pouvons noter la PRG (pour une réduction de 50% du budget), la Primature (un détournement de 100%), le Médiateur de la République (un détournement de 100%), le CESEC (détournement de 100%), l’INIDH (détournement de 100%à…

On peut y rajouter une dizaine de régies financières de l’Etat disposant d’un fort budget, mais dont l’efficience est étrangère aux Guinéens.

Chérif Haïdara

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