Fête de tabaski 2021 : manque de véhicules pour l’intérieur (immersion dans la chienlit au pavillon de kankan)

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A  quelques jours de la fête de Tabaski, les auto-gares de Conakry ne désemplissent pas. Au contraire, l’on assiste à la dictature des chauffeurs et syndicats de transporteurs sur les passagers désireux de célébrer les rituels des festivités de la Tabaski dans la Guinée profonde.

Dans la gare routière de Madina, abritant le plus grand marché du pays, les ressortissants de la grande ville de Karamo Sékouba, fidèles à leurs traditions ancestrales de la Mamaya, se pressent les pas pour rallier leur ville. Objectifs, célébrer la fête des moutons, garnis de leurs plus beaux bakha [bazins riches de couleur bleue ciel, ndlr], parmi les siens. Cependant, ceux-ci se heurtent à l’épineuse problématique de la rareté des véhicules en période de fêtes, sans compter sur les multiples rackets des Bana-banas [intermédiaires] ou des syndicats de chauffeur.

Pour en savoir plus, les reporters de votre quotidien www.guineeactuelle.com se sont rendus sur place.

Tabaski ou la traite des chauffeurs

Il est 4h du matin, le pavillon Kankan de la gare routière de Madina inonde de passagers. Mais cette réalité contraste assez nettement du désert créé par la rareté de chauffeurs et la disponibilité de véhicules pour Kankan.

Selon des personnes interrogées, plusieurs faits expliqueraient cette situation. D’abord, des impératifs de sécurité, argue un syndicat. Ensuite, la chienlit occasionnée par l’absence de l’autorité régulatrice, lance un passager.

« Vous savez, quand l’heure de la fête s’approche, cela va étroitement avec l’augmentation du grand banditisme. En Guinée, tout le monde connaît l’affaire des coupeurs de route. Donc si vous voyez qu’il y a plus de passagers que de véhicules opérationnels, en ce moment, c’est parce qu’à certaines heures de la nuit et à certains endroits, les chauffeurs préfèrent attendre dans des lieux sécurisés que d’aller pour se faire attaquer. D’ici 7h, vous verrez que la gare est devenue pleine à cracker », explique Francedy Mognouma, syndicat de chauffeurs à la gare routière de Kankan

Pour Ousmane Fofana, venu accompagner sa sœur en partance pour Kankan, la Guinée reste un Etat exceptionnel.

« Regardez ce bazar, cela fait deux jours que je rode ici à la recherche d’un bon taxi ou minibus pour ma sœur et mes enfants qui doivent bouger pour la fête et les vacances à Kankan. Ce n’est qu’hier qu’un syndicaliste m’a confié que si je veux un bon véhicule en cette période de fête, qu’il me faut être là avant 4h30 et pourtant 4h00 m’a trouvé ici et je ne vois ni véhicule opérationnel encore moins de chauffeurs. C’est tout simplement de la foutaise. Parce qu’on ne trouve ça nulle part au monde », fustige M. Fofana.

Frustré de cette situation, Ousmane Fofana va jusqu’à pendre des exemples sur certains pays de la sous-région pour mettre en exergue l’amateurisme qui caractérise, à ses yeux, le secteur du transport guinéen.

« Partez à Dakar, à Bamako ou même à Freetown ici, vous trouverez que dans ces pays, les gares voitures sont bien très organisées et à tout moment vous trouverez des véhicules disponibles pour vous faire voyager. Ailleurs, les gens travaillent de manière professionnelle et l’autorité est toujours là pour dissuader les cas de pénurie. Mais ici en Guinée, c’est la pagaille totale, les chauffeurs font tout ce qu’ils veulent, comme s’il n’y avait aucune autorité dans ce pays, c’est déplorable », s’alarme-t-il.

Fonctionnement de la gare routière de Madiana

Cette situation, nettement troublante, a interpellé notre reporter qui a voulu faire réagir certains syndicats et chauffeurs sur place, mais aucun commentaire n’a surgi d’eux.

Selon des témoignages recueillis auprès de certains passagers et individus présents sur les lieux, le fonctionnement de la gare ne ferait pas l’objet d’une réelle réglementation. A l’exception du prix des transports qui est régi au niveau national, du moins officiellement. Toute chose qui encourage la dictature de l’offre sur la demande.

Pour beaucoup, le changement apporté sur le nombre de passagers par véhicule, instauré à l’occasion des mesures de distanciation sociale due à la pandémie du Coronavirus, continue de plus belle. Quand bien même que cette mesure est abolie depuis plusieurs mois maintenant dans tout le pays. Cette situation, qui dénote de l’absence de l’autorité régulatrice, est supportée par les pauvres citoyens.

Officiellement, les frais normaux de transport, Conakry-Kankan, sont les suivants :

– Voiture [6 places] : 200 000 GNF / personne ;

-Minibus : 170 000 GNF / personne;

-Bus : nous n’avons trouvé aucun bus, ni public ni privé.

Suivant les mesures imposées par la Covid-19, les modifications apportées dans les frais de transport changent considérablement ces derniers. Ainsi :

– Voiture [4 places au lieu de 6]: ainsi la place [côté escroc] est fixée à 400 000 GNF alors que chacune des trois de derrière payent en moyenne 270 000 GNF;

– Minibus : il semblerait que  la même arithmétique s’y impose également.

Cependant, avec la technique de l’offre sur la demande, les prix tels que définis officiellement fluctueraient suivant le niveau de motivation affiché par le passager.

Certains passagers affirment avoir payé leur ticket pour Kankan à environ 340. 000 GNF. Et cela se discuterait en toute discrétion par les soins des syndicats véreux de chauffeurs ou  des Bana-banas.

Pour ce qui concerne les prix des bagages, cela relève d’une autre dimension. Car, à en croire aux témoignages recueillis sur place, ce prix serait à la seule discrétion du chauffeur, pour ne guère dire selon ses humeurs et ses problèmes financiers personnels.

CHERINGAN

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