Droit : nos coutumes, premières victimes du copier-coller

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A ux yeux de docteur Mohamed Bintou Keita, les coutumes sont les premières victimes du copier-coller en Guinée. Il clarifie sa position dans un article transmis à guineeactuelle.com.  

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Il me plaît important de clarifier un certain nombre de points dans ce présent article :

1-Ne pas faire l’amalgame entre le droit musulman et le droit positif ces derniers temps, nous avons pris l’habitude d’opposer les lois de la république au droit religieux ou à nos coutumes.

Toutefois, il convient de rappeler que dans une République, lorsque la loi traite tout le monde au même pied d’égalité́ et que personne ne se sent lésée en rien ou discriminée, la constitution prend valeur de Charia séculière à laquelle tout le monde reste assujetti à l’instar d’autres droits applicables dans un espace juridique déterminé́. Cela est d’autant vrai qu’il faille souligner que le droit musulman est de source divine, par conséquent son applicabilité́ dans une République reste conditionnée au contrat social lequel repose sur un pacte exprimant la volonté́ populaire ou en d’autres termes la souveraineté́ du peuple dans ses choix et options de vie. Ainsi, le droit musulman relève exclusivement du domaine spirituel en tant qu’expression de la morale, de l’éthique et du bon sens.

En sus, vouloir tout soumettre au droit musulman compromettrait notre vivre ensemble au vu de la pluralité́ religieuse qui existe dans notre pays.

2- Adapter nos réalités socio culturelles à l’évolution de la société.

En outre, avant que nous fassions connaissance du droit positif qui se définit -comme l’ensemble des règles applicables dans un espace juridique déterminé́ -, nous avions nos propres modes de vies, nos coutumes et mœurs, notre organisation sociale. On peut dire que vous vivez sur la base d’un contrat social dont les règles s’imprégnaient de nos valeurs africaines.

Cependant, aujourd’hui, l’évolution de notre société́ a du mal à s’adapter au rythme de changement dans la mesure où nous faisons du -copier-coller- sur les autres nations, sans adapter leurs lois ou leur mode de vie à nos réalités socioculturelles. Ainsi, le changement de notre attitude requiert absolument d’une part l’évolution de nos mentalités dans ce sens, et de l’autre part la recherche scientifique pour guider cette évolution dans l’intérêt supérieur de notre peuple. Les nations sur lesquelles nous calquons in extenso nos modes de vie n’arrêtent jamais quant à elles de multiplier les recherches scientifiques notamment en sociologie et dans n’importe quel domaine influant la vie en société́.

Par ailleurs, parmi les sources du droit musulman figurent en bonne place les coutumes et les mœurs longtemps pratiquées par nos ancêtres. Donc, s’il est permis de soumettre ces coutumes et mœurs à la critique constructive, il est néanmoins pas bénéfique de les remettre totalement en cause sans proposer une meilleure alternative. C’est donc ce qui explique ce pour quoi il existe un fossé entre nos réalités socioculturelles et nos textes de lois. Dans ce même ordre d’idées, bien que nous soyons une nouvelle génération aussi ambitieuse que consciente, il faut relever que nos efforts restent dispersés en raison de notre pessimisme exagéré́, dans ce sens où nous passons la majeure partie de notre temps à nous focaliser sur le négatif sans pourtant proposer des solutions idoines pour pallier à nos problèmes de société́.

Donc, cet état d’esprit qui nous anime de façon récurrente est ce qui nous pousse au désintéressement voir au reniement de nos valeurs culturelles au profit d’une modernisation à outrance. Pour conclure, donnons l’exemple d’une personne qui lutte pour l’émancipation du droit des jeunes filles depuis Paris. Cette personne verra son message difficilement compris par nos parents au bercail si un cadre pédagogique n’est pas créé́ pour mieux leur faire comprendre la portée significative du message.

La raison de cet échec résulte du fait que pour nos parents, l’occident ne saurait être une référence d’un point de vue culturel. Donc, il va falloir changer progressivement les mentalités en leur prouvant que le combat en faveur du droit des jeunes filles ne va pas à l’encontre de nos mœurs et traditions.

Dr. Mohamed Bintou Keita

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