Covid-19/guinée: quand les mesures barrières et restrictives font plus de drame que la pandémie elle-même (contribution)

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La maladie à coronavirus est apparue pour la toute première fois en Chine, plus précisément dans la région de Wuhan en Décembre 2019. Et comme une traînée de poudre, l’épidémie à la base chinoise, s’est très vite rependue à travers le monde pour enfin obtenir le grade de pandémie. Cette dernière a instantanément obscurci  l’intense luminosité de la marche mondiale.

Tous les pays du monde ou du moins presque tous, comme dans un scénario de partage de butin, ont chacun selon ses cotes reçu ses doses de virus provenant de l’empire du milieu.

Quant à notre pays, la Guinée, à l’instar de ses pairs du Monde et de l’Afrique, a elle aussi obtenu sa première provision de cas confirmé de COVID-19 le 12 MARS 2020 peu avant la date du double scrutin législatif et référendaire du 22 MARS 2020.

Obnubilé par la mise en place de sa nouvelle Assemblée et par l’adoption de sa Nouvelle Constitution, comme à  l‘accoutumée, le pouvoir Public a assoupli son  discours dans la seule intention d’atténuer les effets de psychose qui se sont emparés des populations dus aux échos dramatiques qui ont retenti depuis l’autre rive de l’atlantique.

En guise d’alerte, les voix se sont levées tous azimuts pour tempérer la volonté effrénée du pouvoir public à tenir mordicus son double scrutin nonobstant des conséquences néfastes auxquelles s’exposeraient ses populations. Mais hélas, les bruits assourdissants des sirènes alarmistes et des litanies de doléances n’ont eu siège que dans les sourdes oreilles des puchistes qui sont obstinément déterminés à atteindre leur objectif, advienne que pourra.

Dans ce contexte d’âpre tristesse, voilà que l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire(ANSS) comme pour engraisser le fertile champ d’application du pouvoir public, et sans répit a semblé banaliser l’état de trémeur dont ont fait montre  les populations en vantant et serinant les fallacieuses expériences que son pays à travers l’Agence  aurait acquis naguère lors de la lutte contre LA MALADIE A VIRUS HEMORAGIQUE EBOLA.

Heureusement, tous les guinéens n’ont pas leurs matières grises abimées. Ceux-là perçant la profondeur des discours subtils de l’ANSS et de certains laquais du pouvoir et comprenant avec exactitude  les stratagèmes ourdis contre les populations ont mis à nu leurs scenarii qui, se sont avérés vraisemblables. Le pouvoir public joue à la dissimulation, en minimisant le danger et cache les informations réelles crainte d’hypothéquer son double scrutin contesté auquel il tient tant. Cependant, que la surprise ne soit une pour personne  de constater la massification des cas contaminés après la tenue du scrutin ; ont-ils prédit. Et exactement peu de jour après les évènements se sont déroulés comme prédit. Drôle de sort, on se croirait dans une mythologie grecque où toutes les prédictions de lOracle se reproduisaient sans la moindre discordance .

Dans ce contexte de flambée en filigrane des cas confirmés juste peu de jours après la tenue du scrutin et comme nous avons constaté, par trois fois de suite, le chef de l’Etat Monsieur Alpha CONDE a fait ses adresses à la Nation. Dans ses speechs de circonstance, les mesures barrières et restrictives ont été instaurées. Parmi elles, nous avons entre autres : l’Etat d’urgence Sanitaire, le port obligatoire des bavettes ou masques, l’observation de la distanciation physique au moins d’un à deux mètres, la limitation des nombres de passagers dans les moyens de transport commun, la quasi mise en quarantaine de la zone spéciale de Conakry  qui constitue par ailleurs l’épicentre de la pandémie en érigeant les barrages aux niveaux des différents points de sortie et de rentrée, etc.

En soi, les mesures décrétées ont l’air préventif et protecteur. Mais qu’en est-il de son application effective sur le terrain ?

Nos forces de Défense et de Sécurité, souvent zélées dans l’exercice de leur fonction ont par endroit terrorisé et intimidé plus d’un, maints citoyens de Conakry et de provinces. Elles ont violé sans cesse des domiciles privés et arrêté parfois excessivement des citoyens pour leur violenter et leur soutirer de l’argent sans aucune conformité. Jusque-là résignation mêlée de quelques manifestations sporadiques de mécontentements sur les réseaux sociaux et dans des médias ont été relayées.

Les récentes manifestations dramatiques du côté de Coyah et de Dubreka ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Lassées et outrées  par des épars  raquettages des Forces des Défense de Sécurité (FDS) et de la privation de certains citoyens  de leurs centres d’activités qui se trouveraient dans la zone de Conakry ont manifesté leur ras-le bol face aux attitudes antirépublicaines, malsaines et abjectes des FDS postées à ces endroits.

A leur habitude, elles ont brillé une fois encore  par leur descente musclée  faisant état de sept morts et de plusieurs blessés lesquelles viendront malheureusement rallonger la longue lugubre liste des personnes arrachées à notre affection.

Alors que ces âmes trépassées n’exerceraient  que leurs droits constitutionnels en exigeant la délocalisation des barrages afin que s’arrêtent les multiples violences et raquettages.

Comment peut-on comprendre que les FDS tout autour des barrages érigés dont l’unique mission était de protéger les innocentes populations en leur mettant à l’abri des éventuels effets néfastes de ce virus cruel soient ceux-là même qui ont ôté la vie à  des personnes  qu’elles sont censées protéger. Ce qui est regrettable et révoltant c’est de constater au final la délocalisation des barrages après que les âmes nous soient arrachées. N’est-ce pas là le paradoxe ?

Au demeurant, nous ne pourrons venir jusque-là sans émettre  quelques mots sur la manière de gestion de cette pandémie dans notre pays. En effet, jusqu’en date, aucun remède unanime  n’ayant été trouvé par des structures spécialisées en la matière, bon nombre de pays cependant  ont su combattre progressivement la pandémie à travers l’application stricte de certaines mesures barrières imposées à cet effet.

En se basant sur ces expériences, nous avons sorti de notre sébile deux propositions qui ne sont ni exemptes de critiques, ni d’amendements. Elles sont:

-Si le gouvernement à la réelle volonté d’en finir avec ce virus, nous lui proposons de confiner totalement la zone spéciale de Conakry d’au moins quinze jours pour maîtriser les chaines de contamination.  C’est vrai que cette décision sera très difficile à prendre au regard de la situation socio-économique qui prévaut dans notre pays. Mais quand on a les destinées de tout un pays entre ses mains, il nous incombe parfois de prendre certaines décisions impopulaires qui, à la longue seront très productives. Malheureusement que cela ne soit réservé qu’aux seuls hommes d’Etat. Alors pour rendre ce confinement effectif, il reviendra à l’Etat de venir en aide des personnes les plus démunies en commençant par leur identification. Heureusement d’ailleurs que l’ANIES ait fait des efforts dans ce sens  si vrai est ce qu’on nous a venté jusqu’ici. La sincère bienveillance des mécènes et des personnes de bonne volonté sera aussi ardemment sollicitée.

-Si le gouvernement continue toujours d’écarter l’option d’un confinement total, nous lui exhortons  de permettre aux citoyens d’apprendre à vivre avec le virus  en leur autorisant de vaquer librement à leurs occupations quotidiennes. Cela, sans pour autant supprimer définitivement quelques mesures productives comme le port obligatoire des bavettes dans les lieux publics, le lavage régulier des mains avec du savon et de l’eau de javel, l’observation de la distanciation physique dans les lieux publics, le maintien de la limitation de nombre de passagers à bord des engins.

Sinon, tous ceux à quoi nous assistons jusqu’à présent concernant ces mesures auxquelles nous sommes assujetties  ne sont que des farces dont certaines n’ont de nos jours  aucun apport concret dans la lutte contre La COVID-19.

Sinon comment explique-t-on que les citoyens  qui sont libres de leurs mouvements de tout ordre et dans tout sens toute la journée durant soient restreints dans leurs  manœuvres nocturnes ?

En agissant ainsi, le message qu’il nous renvoie est celui de dire tenez, le virus n’a de rendez-vous que la nuit. Donc déambulez toute la journée, vous ne risquez presque rien.

Sinon comment explique-ton  encore que jusqu’en date et en dépit de la propagation des cas confirmés que les lieux de cultes, des universités, des écoles, des bars et des maquis soient toujours maintenus fermés, tandis que nos marchés bouillissent en Hommes tous les jours que Dieu fait où ça salue, ça s’entremêle, ça se frotte, ça éternue parfois hors bavette même ?

Cela aussi nous laisse entendre que nos marchés qui sont les endroits potentiellement contaminant et ce, contrairement aux autres lieux sus inqués, soient exempts de toute contamination sauf quand on suivrait les heures de mouvement indiquées par les autorités en charge.

Au final, ne peut-on pas dire que notre pays est le fief de tous les paradoxes ou tout simplement victime d’un syndrome de suivisme ?

Oumar DjIguiné KALLO

ODK

Membre du CNJ-PEDN

Responsable de communication de  la DECoP

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