Course pour le poste de 1er ministre : guirassy, k2,… une ligue anti-kassory ?

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C ’est un secret de cinéma ! Depuis l’investiture du Président Alpha Condé, ouvrant ainsi la voie à la quatrième République, tous les yeux restent désormais rivés sur la formation d’un hypothétique nouveau gouvernement. Dès lors, intrigues, coups-bas, et révélations tous azimuts, tout semble vacillé entre dignitaires du régime.

Dans cet océan de confusion, certaines évidences s’affichent à visage découvert : Alpha Condé, la constante. La Primature, le poste en jeu ?  Lamine Guirassy, PDG du groupe ADAFO-Média, l’intrus ! Pourquoi ?

Le poste du Premier ministre est-il en jeu ?

Dans les Etats où la pratique démocratique est d’usage, certaines circonstances influent peu/prou sur les changements de gouvernement. Ce sont par exemple la survenance de crises sociopolitiques profondes, la tenue d’élection modifiant substantiellement la configuration du paysage politique du pays…

Sous Alpha Condé par exemple, les chefs de gouvernements antérieurs ont réussi à présenter au Chef de l’Etat leurs lettres de démission. D’abord avec Mohamed Saïd Fofana après les législatives de 2013, ensuite Mamadi Youla au sortir des élections locales de 2018. Donc, une démission du gouvernement Kassory Fofana, loin d’être une règle juridique à proprement parler, pourrait être perçue par l’opinion comme un respect de ce qui semble devenir une pratique presque coutumière en Guinée.

Cependant, les enjeux sont-ils véritablement les mêmes ?

Très probablement non ! Car, si les deux premiers ministres du pouvoir Condé étaient quasiment méconnus du grand public et procédaient d’une gestion quasi normale des affaires de l’Etat, Docteur Kassory Fofana quant à lui, reste une personnalité politique de premier plan en République de Guinée dont l’influence et le charisme ne sont plus à démontrer.

‘’Nul n’est irremplaçable quand il s’agit de la gestion des affaires de l’Etat’’ cela est un fait. Les chefs d’Etat ou de gouvernement passent, mais les Etats demeurent, certes. Sauf à considérer l’effort fourni, le statut du concerné dans l’establishment politique ou encore les conséquences d’une telle aventure.

En réalité, le véritable enjeu de ‘’l’année électorale 2020’’ n’a été, ni plus ni moins, autre que la pérennité du pouvoir Condé, d’où le slogan ‘’le changement dans la continuité’’ concrétisé par un expert non contesté.

Ce, en dépit des réelles hostilités engagées entre Amoulanfé (forces anti 3ème mandat, ndlr) et Alanmanè (camp pro 3ème mandat, ndlr) à travers l’ensemble du territoire, pas que, aussi à l’extérieur du pays.

Sans être dans le secret des dieux ou vouloir procéder à des louanges dithyrambiques en faveur d’untel plutôt que de l’autre, nul autre que Docteur Ibrahima Kassory Fofana ne serait assez légitime pour revendiquer le statut de véritable chef d’orchestre du plan de continuité du professeur Alpha Condé à la tête de la Guinée. Mais quand il s’agit cependant des retombées politiques d’une entreprise aussi périlleuse que le troisième mandat, surtout en cette période où la question est en proie à de vives contestations dans la sous-région, tous les quidams s’en sentent légitimes.

En sa qualité de Chef du gouvernement et Directeur de campagne en la faveur de la présidentielle passée, c’est bien monsieur Kassory qui a engagé l’ensemble des membres du gouvernement ainsi que la mouvance autour du RPG-arc-en-ciel dans la lutte pour le maintien du locataire de Sekhoutoureyah, non sans grande conséquence d’ailleurs.

« Je dis doublement oui à une nouvelle constitution et tous les membres du gouvernement sont d’accord »lançait-il lors d’une conférence de presse, tuant ainsi toute controverse sur le sujet.

Malgré les hostilités engagées dès octobre 2019 par les forces anti 3ème mandat, le natif de Forécariah est resté droit dans ses bottes.

« Entre l’ordre et la loi, je préfère l’ordre » prévenait-il dans un discours, ce, à un moment où les factions du FNDC (front national pour la défense de la constitution, ndlr) sévissaient dans les rues de Conakry et environ.

Quelques mois plus tard, après la tenue des élections et la confirmation du Chef de l’Etat, les vautours tourbillonnant du côté de Sekhoutoureyah s’en mêlent les pinceaux, dérèglent les pendules et se positionnent pour phagocyter l’acquis de ceux qui, au péril de leur carrière, ce sont battus sur l’autel de la parole donnée.

Comment comprendre le positionnement de monsieur Guirassy

Lamine Guirassy, PDG de l’influent groupe ADAFO-Média, en la faveur du prochain remaniement ministériel, a lancé un tweet dans lequel il a publiquement semblé prendre position dans cet océan de confusions.

Cette nouvelle évolution dans les prises de position de monsieur Guirassy a créé une vague d’indignations pour moult guinéens, alors que d’autres s’en sont vertement réjouis, du moins ses affidés. Si fait qu’à un moment, il faut se demander sur les intentions inavouées de l’animateur principal des GG. Car, le statut d’homme de média ainsi que de personnalité publique qu’il représente, commande à l’homme une certaine distance eu égard à des prises de position d’ordre politicien.

Selon une source assez bien introduite dans le giron de la présidence, Lamine Guirassy chercherait à se servir de sa position de média influent pour régler des comptes. Ainsi, pour lui, la démarche de l’homme n’est nullement la manifestation d’un quelconque intérêt pour Dr Ousmane Kaba (candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, ndlr), au contraire.

« Guirassy ne fait nullement la promotion de Docteur Kaba, il n’en a que faire. Il cherche plutôt à combattre Kassory en remuant la fibre ethnique de la mouvance malinké» soutient notre interlocuteur. Avant de préciser qu’il y’aurait une cabale derrière le locataire du palais de la Colombe.

« Ce n’est pas la 1ère fois que des gens cherchent à combattre Dr Kassory. Beaucoup s’y sont prêtés mais ont échoué lamentablement. Ne serait-ce que la publication de l’ouvrage de l’ancien ministre de l’éducation, qui pourtant était un protégé de Kassory, il y a des forces occultes qui se sont ligués pour créer un fossé entre le Président Alpha Condé et son PM Kassory Fofana. Car, en vérité quand K au carré dit que Kassory est impliqué dans l’arrestation d’Alpha Condé, c’est qu’il est mal informé. En 2002, lors d’une visite d’Alpha Condé aux USA dans laquelle il s’était entretenu avec Kassory, Alpha avait dès lors compris que c’était Fodé Bangoura qui tirait les ficelles et non Kassory. Alors que K au carré aille se sourcer encore» révèle –t-il.

« Ce n’est pas la 1ère fois que Lamine Guirassy soit devant les projecteurs, cette fois, son projet consiste à ébranler le système Alpha Condé auquel il a plutôt tiré de gros bénéfices. Il en a largement profité. Car, Guirassy a commencé avec presque rien, je le dis parce que j’étais là dès le début. Mais aujourd’hui, il s’est bâti un empire. Grace à qui ? C’est aussi grâce à Kassory qui à un moment à jouer au rapprochement entre le Président Alpha et Guirassy. Les deux sont ensuite devenus très proches. Et aujourd’hui, il cherche à l’évincer et à se positionner » regrette-t-il.

Et d’ajouter « vous savez le PM a la confiance de son Président. Et il est très serein, vous verrez».

De toute évidence, cabale ou non, il est temps d’une part que le Président de la République, seule constante dans cette affaire, s’exprime enfin sur les réelles implications de Dr Gouressy et Kassory Fofana, respectivement Ministre de la Sécurité et Ministre des Finances au moment de son arrestation par le régime Conté. Et d’autre part, sur la reconduction ou non de son actuel Premier ministre, en vue de mettre un terme à des polémiques stériles dans le fond et pernicieuse pour son régime.

Che De Vinci

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