Condition de la communauté noire dans le monde : il faut en parler sans tabou (contribution)

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Le dramatique assassinat de l’afro- américain, Georges Floyd, par un officier de police blanc, révèle une réalité jusque-là taboue et trop souvent occultée : le mépris de la dignité et de la vie des personnes issues de la communauté noire.

Où qu’il soit sur le globe, le noir est cet éternel « damné de la terre » auquel on retire toutes les ressources de la dignité, de la conscience et de la connaissance.

Le constat fait, quelle est la cause de cette pandémie raciste ?

Nos sociétés sont malades d’un racisme séculaire, systémique et structurel qui va au-delà des frontières des Etats-Unis d’Amérique.

 Pour comprendre la nature et les motivations de ce cancer, il faut faire appel à l’histoire.

Jadis, les théories-prétextes inoculèrent, dans l’imaginaire collectif occidental, la notion de supériorité raciale entre les hommes, particulièrement entre le blanc et le noir, afin de justifier l’asservissement de certains peuples dits « primitifs » et « barbares ». Cette rhétorique raciste constituait, durant la traite transatlantique, le terreau fertile sur lequel l’hégémonie occidentale s’était consolidée. Le colonialisme n’a fait que perpétuer cet état de fait par la notion « d’exclusif colonial » ou « pacte colonial » : les colonisés et leurs terres sont une propriété exclusive de la Métropole qui détient sur eux un droit absolu. Et, la discrimination raciale était l’âme même du régime colonial.

En dépit du combat intellectuel et politique mené par d’illustres personnages issus du monde noir, ce racisme a laissé des stigmates qui structurent toujours nos interactions et nos modes de vie dans nos sociétés.

Ce racisme institutionnel s’est métamorphosé en racisme systémique symbolisé par le profilage racial et la répression policière. La police, idéalement présentée comme une institution qui a la noble mission de protéger les populations et leurs biens, est soumise aux injonctions des pouvoirs politiques. Elle devient de ce fait, s’il faut emprunter l’analyse marxiste, une institution au service des dominants, des plus forts, contre les plus faibles, les plus vulnérables. Elle rompt, par conséquent, le principe d’égalité devant le service public.

Le racisme systématique et systémique pollue et avilit les hommes, les femmes et les enfants issus de la communauté noire. Il détruit des familles et il compromet l’avenir de millions de jeunes ghettoïsés qui ont commis le seul crime de naitre avec une couleur de peau noire.

Ce racisme dénie au noir son statut d’humain et le relègue, consciemment ou inconsciemment, au rang de « sous-homme ».

Cet assassinat de plus, de trop, aux Etats- unis éveille les souvenirs d’un cas similaire en France, la tragédie d’Adama Traoré.

 L’indignation collective doit pousser à une réflexion véritable et à un changement de paradigme pour faire respecter la vie et la dignité de l’homme noir au même titre que tous les humains sur terre. Le racisme est un cancer qui touche l’humanité en dépit du fait que la communauté noire en soit particulièrement la première cible.

L’humanité doit choisir entre, d’une part, la construction d’une société fraternelle, juste, respectueuse de toutes les vies et de toutes les différences ; et d’autre part, l’émergence d’une société cloisonnée dans laquelle l’entre soi et le mépris de l’autre seront le lit de la misère collective et de la violence.

L’option de la fraternité et de la justice sociale est la plus souhaitable. Pour y arriver, les crimes et les violences policières commis contre la communauté noire doivent, au-delà des indignations, être punis sans aucune forme de complaisance. Sans changement de mentalités et de paradigme, le monde court sans doute vers une poudrière sociale qui pourrait irréversiblement éclater un jour ou l’autre.

Syndie AMOUSSOU

Étudiante, Master 2 recherche, Science politique, Parcours Étude africaine, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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