Conakry environnement: la démission collective

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« Conakry ville propre », telle est la visée de nos différents gouverneurs qui se sont succédés jusque-là sans pour autant se concrétiser de manière permanente.

Du puissant M’bemba BANGOURA à l’actuel Général Mathurin, la capitale n’a connu que des mesures inefficaces et des opérations de charme quant à son hygiène et sa salubrité. Le long des artères principales ou secondaires servant de transport et déplacements, les carrefours et marchés, le constat est amer.

Si dans plusieurs pays les ordures constituent un moyen avantageux de transformations énergétiques, en Guinée elles sont sources de maladies et d’odeurs infectes. En plein cœur de la capitale, l’atmosphère est immonde et indescriptible. Par endroits, les ordures se sont entassées les unes sur les autres de sorte que l’on croirait voir des plaines bossuées. Déchets plastiques, ménagers et autres résidus côtoient les habitations de la capitale. Vous ne vous étonnerez point de trouver des gens entrain de manger dans des gargotes derrière lesquelles un énorme gisement d’immondices avec sa puanteur. Dans les grands marchés et alentours, la menace sur la santé publique est effective exposant ainsi la population à de hauts risques d’épidémies et maladies liées à l’hygiène. Submergés de boue pâteuse, les ruissèlements, les eaux stagnantes et les odeurs de pisse, les occupants n’ont plus le choix entre affronter le pire ou croiser les bras en attendant de mourir de faim avec plus d’une bouche à nourrir.

Conakry pue. Son parfum quotidien n’est plus celui des arbres qui bordent ses routes mais celui des canaux d’évacuations de wc avec leurs eaux noires et nauséabondes couronnées par la reproduction galopante de moustiques et autres insectes néfastes. Quand vous arrivez dans la capitale par vol ou en voiture, la première observation que vous faites c’est la visibilité des ordures un peu partout dégageant une respiration étouffante. Vous êtes stupéfaits par la négligence et l’irresponsabilité des autorités et des populations.

Où vont les milliards de francs payés tous les jours par les vendeurs, les magasiniers et boutiquiers pour des fins d’assainissement? Où entassons-nous les ordures collectées sporadiquement par des PME dans les quartiers?  L’Etat est en manque de solutions contre ce problème depuis toujours. Aucun plan d’urgence, aucune politique efficace ne provient des ministères de la santé et de l’environnement ou encore moins du gouvernorat urbain de Conakry.

Tout le monde salit! du gouvernant au gouverné. Les populations ont encore en mémoire ce tragique éboulement de la décharge du 22 Août 2017 dans la commune de Ratoma faisant des morts et des dégâts matériels importants. Pour la première fois, des ordures tuaient des personnes!

À un mois et demi de la saison pluvieuse, la question reste inquiétante. D’habitude, c’est la période favorite des citadins pour se débarrasser sans retenue de tous les déchets ménagers. Il suffit que quelques gouttes  tombent du ciel pour les voir déverser ces résidus dans les caniveaux en l’absence de dépotoirs et endroits indiqués. Les égouts se bouchent et comme par effet boomerang, la cité vomit tout ce qu’elle a enfouit dans ses tripes donnant ainsi une image désagréable de ses lieux et abords.

À Kaloum, lorsque vous sucez une orange ou buvez un sachet d’eau, vous faites comme la plupart de la population: vous jetez ou vous laissez traîner quelque part!

Devant les bâtiments administratifs, les entreprises et commerces de tout genre, on suffoque.

L’incinération des ordures a rendu certains quartiers invivables. Ces odeurs de brûlis favorisent un environnement sombre et irrespirable.

Que des milliards et des milliards du contribuable déboursés pour rien? sans parler des dons et financements octroyés pour lutter contre l’insalubrité!

Conakry ne sera propre que lorsque chacun, du plus haut perché au citoyen lambda comprendra que nettoyer c’est bien mais ne pas salir c’est encore mieux.

DIENG Mamadou Pathé 

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