Commémoration du débarquement de province : les dessous de la rencontre alpha-macron

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Le Président français, Emmanuel Macron a invité son homologue guinéen, M. Alpha Condé à la commémoration des 75 ans du débarquement de province. Le 15 août 1944, 450 000 soldats y ont débarqué pour libérer la France de l’occupation Nazis, dont 90% du contingent était composé d’Africains, (tirailleurs sénégalais qui venaient des colonies d’Afrique subsaharienne et les tirailleurs venus du Maghreb).

Les deux ont chacun rendu hommage aux tirailleurs qui se sont battus pour une patrie jusque-là inconnue, dont certains y laissé la vie. Ils vont également évoquer le meurtre de Mamoudou Barry, victime d’un acte raciste fatal à Rouen.

Mais au-delà de l’officiel, il se dit que depuis un moment M. Condé avait désespérément tenté d’obtenir une audience avec M. Macron dans le but de le persuader du bien-fondé du projet de la nouvelle Constitution qui ouvrirait la voie au 3è mandat.

Et si c’est Macron qui invite, l’occasion est à ne pas rater. L’audience aura finalement lieu, mais les opposants à la nouvelle Constitution et au 3è mandat polluent déjà l’atmosphère.

En exemple, on peut citer les cas de certains activistes de la société civile, à l’image de Abdourahamane Sanoh, ancien ministre, président de la Plateforme nationale des citoyens pour le développement (Pecud) et membre fondateur du Front national de défense de la Constitution. Il a écrit une tribune pour demander au président Macron de dire STOP à Alpha Condé c’est dans l’intérêt de la Guinée et celui de la France et pour la stabilité de la sous-région ouest africaine.

Sanoh rappelle que les chefs d’Etats de la RDC, du Burkina Faso et, récemment, du Soudan ont mené leurs pays à des crises dans leurs tentatives de changer leur Constitution aux seules fins de se maintenir au pouvoir.

« Ces tentatives sont accompagnées par des manœuvres visant à anéantir tout débat démocratique et à éliminer – financièrement, juridiquement ou physiquement – toute forme de contestation. Mo Ibrahim, le milliardaire philanthrope qui combat les dictatures à travers sa fondation éponyme avait qualifié de coups d’États constitutionnels ces manœuvres » note-t-il dans sa tribune.

Si le gouvernement estime que le peuple a le droit de changer sa Constitution, ce qu’acquiesce M. Sanoh à condition que le ‘’mobile du changement ne soit pas pour maintenir un président à vie’’.

Pour sa part, Moussa Baldé, malheureux candidat indépendant aux élections communales de février 2018 à la mairie de Ratoma, actuellement en France a écrit : « Alpha Condé est en France, c’est le lieu et le moment pour les Guinéens vivants  en Europe de lui faire entendre raison »

Dans les de mediatpart, Blandine Léger s’interroge si  M. Condé vient-il vendre son changement constitutionnel pour un 3ème mandat à Macron ?

« Alors que le Président Guinéen s’exprime souvent pour critiquer les positions supposément ‘’néo-colonialistes’’ de la France et qu’elle ne devrait pas se mêler des affaires africaines, le timing de cette prochaine rencontre laisse supposer qu’Alpha Condé souhaite influencer la position de Macron sur son projet de nouvelle Constitution. Un paradoxe pour celui qui déclarait en octobre 2018 que « la jeunesse doit savoir comment la France a voulu anéantir la Guinée » a estimé Blandine Léger.

Cette recherche d’assentiment chez le Président français s’est aussi vue à travers une lettre datée du 19 juin 2019 envoyée à l’ensemble du corps diplomatique avec pour objectif de vendre cette nouvelle Constitution, rappelle-t-il avant de souligner  que ‘’si les Etats-Unis ont déjà critiqué ce projet, la Russie quant à elle, avait, par la voix de son Ambassadeur Alexandre Brégadzé désormais nommé à la tête de Rusal soutenu le maintien de M. Condé’’.

Quelle sera la position d’Emmanuel Macron ? s’interroge-t-il, concluant qu’il est difficile de comprendre ce qui justifierait un maintien au pouvoir d’un Président qui n’a pas su développer son pays, duquel les jeunes fuient en masse vers l’Europe, où la violence et l’instabilité augmentent chaque jour et où les libertés se restreignent.

Hafia Diallo

 

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