Cellou dalein: la naïveté chevillée au corps

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La Guinée est décidément à un autre carrefour de son histoire tumultueuse et faite de rendez-vous manqués. Comme cela se remarque à travers toutes les crises que le pays connait depuis quelques semaines, le pouvoir actuel est à bout de souffle. Ses limites, devenues évidentes, apparaissent  aux yeux de tous les Guinéens, au-delà des communautés et des appartenances politiques. Malheureusement, en face, aucune alternative. En tout cas, Cellou Dalein Diallo n’en est toujours pas une qui vaille. Une nouvelle fois, il l’aura démontré en se faisant avoir dans le cadre de la gestion du contentieux électoral, consécutif aux élections communales du 4 février 2018.

Grand mobilisateur, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) l’est certainement. Mais il s’est toujours révélé incapable de capitaliser l’adhésion populaire que lui témoignent ses militants. En cause ? Une naïveté dont il peine toujours à se défaire. Ainsi, dans le cadre du contentieux électoral, résultant des communales du 4 février, il vient d’essuyer un revers cinglant. Le 26 février 2018, au soir d’une journée ville morte particulièrement suivie à Conakry, il est sollicité de toutes parts. Cellou Dalein Diallo reçoit en particulier le médiateur de la République, Mohamed Saïd Fofana, et le ministre conseiller personnel de ce dernier, Tibou Kamara. Pris à la gorge par la double crise syndicale et politique, Alpha Condé les a dépêchés dare-dare pour négocier une sortie de crise. Résolu à obtenir un répit, le chef de l’Etat n’hésite pas à promettre la possibilité du réexamen des résultats rendus publics par la CENI, et par conséquent, définitifs, et donc insusceptibles de recours. Pragmatique, Alpha Condé ordonne même au président de la l’instance électorale de produire un communiqué allant dans le sens de rassurer le chef de file de l’opposition. Ce communiqué aussitôt diffusé sur les ondes de la télévision nationale, Cellou Dalein Diallo, comme un gamin, crie à la victoire et se dégonfle.

Sans même prendre en compte le fait que le réexamen ainsi promis était juridiquement impossible et qu’Alpha Condé cherchait surtout à gagner du temps, l’ancien PM ordonne le repli de ses militants. La démobilisation est ainsi sonnée, parce que Cellou Dalein Diallo pensait que le restait ne serait qu’une formalité. Ses émissaires sont donc allés aux fameuses concertations de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec l’espoir qu’ils feraient changer les résultats des élections communales. Eh bien, cet espoir vient de se briser avec fracas, à l’occasion de la seconde rencontre des délégués de l’UFDG avec la CENI. Le contexte ayant changé et Cellou et ses militants ne représentant plus aucune menace, Me Salifou Kébé n’a pas cette fois fait dans la langue de bois. Au principal parti de l’opposition, il a clairement indiqué qu’il était impossible de réexaminer les résultats et que ce qui est fait est fait. Point à la ligne.

Sonné comme jamais, Cellou Dalein Diallo est aujourd’hui quelque peu désorienté. L’élan de la mobilisation ayant été cassé, il ne sait plus s’il faut émettre un nouvel appel à manifestation. Un des risques étant que les gens ne soient plus enclins à suivre, vu que le contexte a quelque peu évolué. D’un autre côté, laisser passer la fraude, c’est prendre le risque de décevoir ceux de son parti qui ont voté et surveillé leur vote. Ils perdraient le scrutin par son manque de leadership et par sa notoire hésitation.

S.Fanta

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