Alerte : alpha condé fomente et s’apprête à perpétrer un coup d’état constitutionnel (opinion)

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En Guinée, depuis plusieurs mois maintenant, les velléités ou plutôt volontés, devrait-on dire, relatives à un changement de constitution, deviennent de plus en plus pressantes. Les voix, pour et contre, s’élèvent tous azimut.

C’est dans ce contexte quasi explosif que l’ancien ministre de la République, doublé de sa qualité de membre fondateur du RPG (originel ndlr), a décidé d’opiner sur la question brûlante du moment.

Pas que, en faisant référence au MND-Guinée (entre autres des mouvements politiques ayant précédés la création du parti RPG, ndlr), Maitre Fofana a ainsi, voulu procéder à un témoignage sur un passé trouble relatif au parcours de celui qui deviendra par la suite, l’opposant historique et premier président démocratiquement élu de l’histoire de la Guinée.

Dans cette tribune dont votre site d’information en ligne www.GuineeActuelle.com, détient l’entière exclusivité, cet avocat à la cour a tenu à épiloguer sur :

– Le comment et le pourquoi du coup d’état constitutionnel qui semble se profiler à l’horizon ;

– Le discours du 24 mars 2019;

– Le caractère et les contradictions liés au personnage Alpha CONDE, opposant historique et président de la république.

Pour en savoir plus, lisez plutôt sa tribune !

Dans toute la chrétienne Europe médiévale, quand le tocsin sonnait, c’était par le tintement des cloches des églises, à coups répétés, que l’alarme était donnée, pour annoncer l’imminence d’un danger ou la réalisation en cours d’une catastrophe.

Aujourd’hui, c’est par le journaliste de la presse écrite ou parlée, par le chansonnier, par La Toile, que le tocsin peut être sonné et qu’il est urgent de le faire sonner en Guinée, en vue de donner l’alarme pour annoncer l’imminence des mauvais coups que le régime du militant-président Alpha Condé s’apprête à porter au vaillant peuple du 28 septembre et 02 octobre 1958, en croyant pouvoir, d’une part, lui imposer, par « une parodie de référendum », une Constitution nouvelle, en vue de s’assurer un maintien à vie au pouvoir et, d’autre part, déclencher des affrontements à répétitions imprévisibles, dont personne ne peut prévoir les proportions que de tels affrontements pourraient prendre.

Ces affrontements peuvent déboucher sur une guerre civile, dans une conjoncture économique tellement mauvaise, comme c’est le cas, aujourd’hui, en Guinée, qu’elle peut servir de détonateur aux masses populaires des villes et de la campagne, aux prises avec une misère qu’elles n’ont jamais connue avant l’accession au pouvoir du militant-président de la République Alpha Condé.

C’est cela qui amène à sonner le tocsin. C’est cela qui fait sonner le tocsin en Guinée. Le « système » du militant-président de la République, Alpha Condé, « est le mal de la Guinée, est le problème de la Guinée et tant qu’il est là, la Guinée n’ira nulle part ». Et pour que la Guinée puisse aller quelque part, pour que la Guinée puisse aller, en premier, à la paix et au développement, il faut que les guinéens se débarrassent au plus vite du « système » qui les empêche d’aller au plus vite à la paix et au développement, du « système » du militant-président de la République de Guinée, Alpha Condé. Comme ce « système » a pour support la personne du militant-président guinéen Alpha Condé, parvenir à s’en débarrasser au plus vite, cela doit commencer, bien évidemment, par parvenir à se débarrasser au plus vite du support. Cela paraît si évident qu’en l’écrivant ou en le disant, on court le risque d’écrire ou de dire une lapalissade. Mais on ne perd rien en courant ce risque car cette lapalissade vaut son pesant d’or.

I-             DU COUP D’ETAT CONSTITUTIONNEL

Hier « l’opposant historique », l’acteur politique Alpha Condé, pour se démarquer du « système du général Conté » a dit, à Kaloum, devant une foule enthousiaste :

« Le RPG n’ira pas dans un gouvernement dit de consensus, tant que le général Conté est au pouvoir. Le système du général Conté est le mal de la Guinée, est le problème de la Guinée et tant qu’il est là, la Guinée n’ira nulle part. »

Le 24 mars 2019, le président de la République Alpha Condé, dans son discours tenu inconstitutionnellement au siège du RPG Arc-en-ciel, à Gbessia, a dit :

« Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut. »

Cela est dit, faut-il le rappeler, en un lieu qui jure avec la dignité de chef d’Etat et en violation manifeste, par le président guinéen Alpha Condé, de la Constitution du 7 mai 2010, en ses articles 38 et 45, dernier alinéa. Cela est dit, en un lieu qui jure avec le rang de chef d’Etat dont il a l’apanage, et en violation manifeste, par le président guinéen Alpha Condé, de la Constitution du 7 mai 2010, en son article 35 relatif au serment, lors de la prestation duquel il a juré « sur [son] honneur de respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution … »

Un président de la République de Guinée, qui est le premier président à avoir été élu démocratiquement, sous l’empire de la Constitution du 7 mai 2010 ; qui a accompli son premier mandat de cinq ans, puis trois années sur cinq de son second et dernier mandat, au lieu d’étonner le peuple de Guinée et le monde entier, par l’exploit d’un bilan élogieux de huit années de gouvernance, ne trouve rien de mieux que d’avouer, à la face du monde, son ignorance de ce que veut son peuple, en proclamant sa détermination à aller lui demander ce qu’il veut.

Il lui était pourtant plus facile d’éviter d’avoir à étaler son ignorance de ce que le peuple de Guinée veut, en se posant à soi-même la question : « Qu’est-ce que le peuple de Guinée ne veut pas ? ». En répondant correctement à cette question, le président guinéen Alpha Condé aurait facilement eu accès à ce que le peuple de Guinée veut.

1)            Le peuple de Guinée ne veut pas d’affrontement, quel qu’il soit, plus particulièrement d’affrontement des différentes composantes ethniques de la communauté nationale. Le peuple de Guinée veut donc la paix. Il la veut d’autant qu’il a en mémoire la tragédie des guerres fratricides au Libéria, en Sierra Léone, en Gambie, en Côte d’Ivoire.

2)            Le peuple de Guinée ne veut ni d’une révision de la Constitution du 7 mai 2010, sous l’empire de laquelle le président de la République Alpha Condé est le premier président de la République à avoir été démocratiquement élu, ni d’une Constitution nouvelle, parce qu’une telle Constitution aura été adoptée par le peuple de Guinée, forcément à la suite d’une « parodie de référendum », pour permettre au président guinéen Alpha Condé de se maintenir au pouvoir, mais surtout parce qu’aucune des quatre Constitutions que le peuple de Guinée a adoptées, de son accession à l’indépendance à nos jours, n’a prévu, dans aucune de ses dispositions, le pouvoir reconnu à un président de la République « d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut ». En effet, pour ne s’en tenir qu’à la Constitution du 7 mai 2010, sous l’empire de laquelle le président guinéen, Alpha Condé, a été démocratiquement élu, l’article 51, alinéa 1 et 3 de cette Constitution, dispose :

« Le Président de la République peut, après avoir consulté le Président de l’Assemblée Nationale, soumettre à référendum tout projet de Loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur la promotion et la protection des libertés et des droits fondamentaux, ou l’action économique et sociale de l’Etat, ou tendant à autoriser la ratification d’un Traité ».

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« Avant de convoquer les électeurs par Décret, le Président de la République recueille l’avis de la Cour Constitutionnelle sur la conformité du projet ou de la proposition à la Constitution ».

C’est la seule disposition constitutionnelle, sur les cent soixante-deux articles que compte la Constitution du 7 mai 2010, qui autorise le Président de la République Alpha Condé à « aller devant le peuple », non « pour lui demander ce qu’il veut », mais pour permettre au président de « soumettre à référendum tout projet de Loi ou proposition de Loi » portant sur quatre domaines limitativement énumérés par l’article 51, alinéa 1er, à savoir, « l’organisation des pouvoirs publics, la promotion et la protection des libertés et des droits fondamentaux, ou l’action économique et sociale de l’Etat, ou tendant à autoriser la ratification d’un Traité ». On peut donc constater que les rédacteurs de la Constitution du 7 mai 2010 n’ont retenu que quatre cas où le Président de la République peut « aller devant le peuple » faire usage de la procédure du référendum pour lui soumettre un projet ou une proposition de Loi et que parmi ces quatre cas, pas un seul ne figure qui concerne le remplacement de la Constitution du 7 mai 2010 par une Constitution nouvelle. Tout au plus, ont-ils bien voulu admettre la possibilité d’une révision de la Constitution. Là encore, le Président de la République est autorisé à aller devant le peuple pour lui soumettre à référendum tout projet de Loi portant sur la révision de la Constitution du 7 mai 2010, à condition, précisent les rédacteurs de cette Constitution, que soient exclues du champ de cette révision les six seules exceptions énumérées à l’article 154, dont celle concernant le nombre et la durée des mandats du Président de la République.

C’est donc à bon droit, que les rédacteurs de la Constitution du 7 mai 2010 n’ont, à aucun moment, envisagé de consacrer une disposition à la problématique d’une Constitution nouvelle qui ferait l’objet d’un projet ou d’une proposition de Loi qu’un Président de la République pourrait soumettre à référendum. Ils étaient parfaitement conscients d’un tel danger, celui d’institutionnaliser d’avance l’instabilité constitutionnelle. En effet, tout Président de la République, qui nourrit l’ambition de s’éterniser au pouvoir, aurait l’habilité d’attendre, à l’approche de la fin de son dernier mandat, pour tenter de remplacer la Constitution, sous l’empire de laquelle il a été élu, par une Constitution nouvelle, taillée sur mesure, parce qu’il ne lui est pas possible de réaliser son ambition par la voie de la révision constitutionnelle, comme c’est le cas de la situation devant laquelle se trouve placé aujourd’hui le Président guinéen Alpha Condé.

Le peuple de Guinée, les patriotes guinéens, permettront-ils qu’un tel précédent soit créé en Guinée ?

Le peuple de Guinée veut donc une alternance démocratique en 2020, tel qu’il a clairement exprimé sa volonté dans la Constitution du 7 mai 2010 en son article 27. 

Si le président de la République Alpha Condé est réellement désireux de savoir ce que le peuple de Guinée veut et s’il ne veut pas violer son serment qui lui impose l’obligation ou le devoir de respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution du 7 mai 2010, sous l’empire de laquelle il a été démocratiquement élu et a exercé sa gouvernance, il lui faut se résoudre à se rendre devant l’Assemblée Nationale où siègent les représentants du peuple de Guinée, auprès desquels il lui sera loisible de demander ce que le peuple de Guinée veut ou ne veut pas. Mais, dans ce cas, il est certain que la procédure à laquelle il est tenu de soumettre son projet de Loi portant adoption d’une Constitution nouvelle, en remplacement de la Constitution sous l’empire de laquelle il a été élu, ne lui facilitera pas la tâche puisque la censure de la Cour Constitutionnelle conclurait au rejet de son projet pour non-conformité à la Constitution du 7 mai 2010.

Si le président guinéen Alpha Condé passe outre et décide « d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut », c’est-à-dire pour lui demander s’il veut la Constitution nouvelle qu’il a fait élaborer, selon une rumeur persistante, dans la plus incroyable et plus grave inconstitutionnalité et qu’il compte faire adopter au peuple de Guinée, en recourant à « une parodie de référendum », force sera de constater qu’il aura agi hors du champ de la Constitution du 7 mai 2010, sous l’empire de laquelle il a pourtant été démocratiquement élu et donc aura agi en ayant fait table rase de la dite Constitution et par conséquent contre elle. Cela s’appelle, qu’on le veuille ou non, un coup d’Etat constitutionnel qui devrait permettre au président guinéen de se maintenir illégalement au pouvoir, en s’octroyant illégalement, non un troisième mandat mais un maintien à vie au pouvoir. C’est cela, la signification réelle et profonde de cette fameuse phrase du président guinéen Alpha Condé :

« Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut ».

Phrase qui a eu moins d’écho au sein de la classe politique et de la société civile et dont la fortune a été moins grande que celle de « l’affrontement ».

Or, en se rendant ce 24 mars 2019 au siège du RPG Arc-en-ciel, en violation manifeste de la Constitution du 7 mai 2010, le président de la République Alpha Condé devenu, par la grâce d’une Constitution soumise à violation répétitive, chef d’un honteux Parti-Etat s’est enfin décidé à dévoiler, son intention non de briguer un troisième mandat, mais de se maintenir à vie au pouvoir, en s’apprêtant à imposer au peuple de Guinée une Constitution nouvelle, par la violence, par l’affrontement. Il tente de ranger la jeunesse estudiantine dans son camp en prévision de l’affrontement inéluctable qui se produira avec les forces vives et patriotiques du pays, ayant déjà préparé l’armée républicaine, l’armée du peuple, à mater le peuple, s’il refuse de se laisser enchainer, s’il refuse de se tenir tranquille sous sa botte. Le président de la République Alpha Condé a déjà quadrillé toute la ville de Conakry, en mettant chaque quartier sous surveillance et sous le talon de fer d’un point d’appui militaire, les fameux PA. C’est à partir de ces PA que l’armée républicaine, l’armée du peuple, est chargée d’écraser toute résistance à la dictature d’Alpha Condé. On peut, certes, quadriller une ville, mais il est impossible de quadriller tout le territoire national hérissé de maquis, de tous les maquis de Guinée, que le nouveau dictateur aura réussi à faire surgir de partout, car le peuple de Guinée se souviendra que c’est « l’opposant historique » Alpha Condé qui a montré la voie à suivre : recourir à des voies illégales, parce qu’il n’y a jamais eu dans l’histoire de classe dirigeante qui ait abdiqué de son plein gré. Il faut donc l’obliger à abandonner le pouvoir par des voies illégales. Et pour commencer, il faut rendre le pays ingouvernable, y compris par des voies illégales, de la même manière que cela a été fait et bien fait en Algérie où c’est finalement la rue qui a fait abdiquer Bouteflika. Si donc « personne en Guinée ne peut empêcher [le Président guinéen Alpha Condé ] d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut », le président guinéen Alpha Condé doit savoir que personne en Guinée n’a pu empêcher les rédacteurs de la Constitution du 7 mai 2010 d’exclure du champ des dispositions de cette Constitution toute disposition qui mettrait en cause la stabilité constitutionnelle de la Guinée, en particulier, celle concernant la liberté qui serait laissée à un président de la République de remplacer à sa guise la Constitution sous l’empire de laquelle il a été élu, par une Constitution nouvelle à sa convenance.

3)            Le problème n°1 de la Guinée, le mal de la Guinée, aujourd’hui, c’est le système du président guinéen Alpha Condé et tant qu’il est là la Guinée n’ira nulle part.

Le peuple de Guinée ne veut donc pas, il n’a, au demeurant, jamais voulu du système du président guinéen Alpha Condé. Il veut, il a toujours voulu le développement.

Voici un homme qui, venant de France où il vécut près de quarante ans, arrive en 1991 en Guinée qu’il a quittée en 1953, à l’âge de quinze ans et qui s’est fixé un seul but : être à la tête de l’Etat guinéen, être élu président de la République de Guinée. On connait son parcours pour réaliser son projet d’homme politique, au goût forcené du pouvoir personnel. Il est élu président de la République de Guinée le 3 décembre 2010. Il prête serment le 21 décembre 2010. Il accomplit son premier mandat de cinq ans, puis en 2015, il est réélu président de la République. Il prête serment et entame son second et dernier mandat de cinq ans qui doit s’achever en décembre 2020, aux termes de l’article 27 de la Constitution du 7 mai 2010.

De la date de sa première prestation de serment en 2010 au 24 mars 2019, le président de la République Alpha Condé, qui a été élu sous l’empire de la Constitution du 7 mai 2010, a accompli son premier mandat de cinq ans, puis plus de trois années sur cinq de son second et dernier mandat, sans avoir fait, à aucun moment, de déclaration telle que celle qu’il a faite le 24 mars 2010 mettant en cause la Constitution du 7 mai 2010. Aujourd’hui, il a décidé de mettre en cause cette Constitution et tente de s’en débarrasser purement et simplement, en proposant de la remplacer par une Constitution nouvelle, parce que ce que veut le président Alpha Condé, ce n’est pas un troisième mandat de cinq ans ; c’est plus que cela : il a décidé de s’éterniser au pouvoir et pourquoi pas, de mourir au pouvoir « sous le fallacieux prétexte d’un achèvement de l’œuvre entreprise. Ce qui constitue une insulte à notre intelligence et au génie de notre peuple ». Il a déjà oublié ce que « l’opposant historique » Alpha Condé reprochait aux présidents Sékou Touré et Lansana Conté : leur « goût forcené du pouvoir personnel ». C’est cette Constitution nouvelle qu’il s’apprête à soumettre à l’approbation du peuple de Guinée, par référendum, par une « parodie de référendum », qui serait appelée à remplacer la Constitution du 7 mai 2010, ce qui va lui permettre de se maintenir  à vie au pouvoir.

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Pourquoi le président de la République Alpha Condé veut coûte que coûte faire adopter au peuple de Guinée une Constitution nouvelle ? Pour deux raisons faciles à comprendre.

D’abord, parce que la barrière constitutionnelle que dressent devant lui les articles 27 et 154 de la Constitution du 7 mai 2010, demeurant toujours infranchissable, il lui est impossible de recourir à la procédure de la révision constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir. Il est donc contraint et forcé de surmonter l’obstacle par le recours à ce qui lui semble être une astuce, qui consisterait à faire adopter au peuple de Guinée une Constitution nouvelle. En second lieu, l’adoption d’une Constitution nouvelle, par le peuple de Guinée, ne saurait être gagnée que par le moyen de ce que « l’opposant historique » Alpha Condé a appelé « une parodie de référendum », lorsqu’il a reproché au président Lansana Conté de recourir à ce moyen pour se maintenir au pouvoir. Quand on est président de la République de Guinée et qu’on réussit, dans ces conditions, à faire adopter une Constitution nouvelle, qui aura été nécessairement faite sur mesure, pour assurer une plus grande concentration du pouvoir entre les mains du président de la République, celui-ci devient le maître absolu des ressources naturelles, « des fondamentaux », particulièrement des ressources minières et des énormes ressources financières du pays, de l’ordre de 3 à 3,5 milliards de dollars US, versés au Trésor guinéen, au titre des redevances minières, par les sociétés minières internationales en activité en Guinée, depuis l’accession au pouvoir du président guinéen Alpha Condé.

Quand « l’opposant historique » Alpha Condé, candidat à la présidentielle de 2010, s’est livré à une comparaison des gestions des ressources naturelles et financières du pays des deux précédents présidents de la République, les présidents Sékou Touré et Lansana Conté ; qu’il a conclu que le premier président n’avait pas pillé la Guinée et que le second l’avait pillée, il ne se doutait pas que, dès son accession au pouvoir, son mentor, en matière de gestion des ressources naturelles et financières de la Guinée, ne serait ni Sékou Touré, ni Mandela, mais bien Lansana Conté qui, selon lui, allait piller le pays de 1984 à 2008. Or, comparée à celle de Lansana Conté, la gestion, en moins de dix ans de gouvernance, des ressources naturelles – « les fondamentaux » – et financières de la Guinée, au cours des deux mandats présidentiels du président guinéen Alpha Condé, est pire, parce qu’une telle gestion n’a jamais porté le sceau de la transparence et d’une bonne administration de la chose publique. Elle a emprunté des voies les plus obliques pour permettre à la classe dirigeante de parvenir plus rapidement à un colossal enrichissement personnel illicite et, parmi ces voies obliques, non seulement le pillage direct des caisses de l’Etat par les surfacturations, les marchés publics de gré à gré, mais encore le pillage effréné des ressources naturelles, des « fondamentaux » du pays, au premier desquels, les ressources minières. Comment la classe dirigeante du régime du président guinéen Alpha Condé organise-t-elle le pillage effréné des ressources minières ? Il faut partir de la conception qu’a du développement le président guinéen. Pour lui le développement, c’est d’abord le développement du secteur minier, c’est la priorité à donner au développement du secteur minier sur le secteur agricole. Quelle sera la méthodologie ? Pour le président guinéen Alpha Condé, le développement se résout à la mise en œuvre d’un « paquet global ». C’est quoi le paquet global ?

« En parlant des méga projets, écrit Ibrahima Soumah, auteur d’un remarquable ouvrage, « Les mines de Guinée – Comment cela fonctionne », il est utile de donner quelques informations sur le paquet global en Guinée.

Le paquet global consiste à échanger des ressources minières potentielles contre la réalisation d’infrastructures de développement économique et social tel que :

– routes, autoroutes ;

– Chemin de fer ;

– écoles et universités ;

– hôpitaux et centres de santé ;

– cités d’habitations, etc.

Ce mécanisme a déjà fonctionné dans le passé sous la forme du troc entre les pays africains et les pays de l’Europe de l’Est et l’URSS en particulier. Les résultats ont été plutôt mitigés.

Depuis 2005 avec l’arrivée massive des investisseurs chinois sur le continent africain, ce schéma est de nouveau à l’ordre du jour surtout entre la Chine et les pays producteurs de pétrole comme le Soudan, l’Angola et le Gabon.

L’application du schéma pour les pays producteurs de mines métalliques pose plus de problèmes en raison de la difficulté de valoriser le potentiel des réserves minières en l’absence des données découlant de prospections lourdes et très coûteuses.

C’est le cas de la Guinée qui s’est proposée d’échanger ses réserves minières potentielles contre des infrastructures estimées à vingt-cinq milliards de dollars en 2008. »

Le président guinéen Alpha Condé a repris à son compte ce que feu président Lansana Conté avait décidé de faire pour le développement de la Guinée, en se proposant d’échanger des réserves minières potentielles contre des infrastructures estimées à vingt-cinq milliards de dollars.  A cet effet, il s’est rendu en Chine en visite d’Etat et de travail en janvier 2016. Il a rencontré à Pékin des membres du gouvernement et des hommes d’affaires chinois. Au cours de son séjour il a ficelé un paquet global. On sait sur quoi porte le paquet global, c’est-à-dire le troc : construction de quatre barrages, des routes et des ports. On sait que la Guinée ne pourra payer le prix des barrages, routes et ports qu’en livrant à la Chine ses ressources minières et d’abord la bauxite, en attendant de savoir si le paquet global inclut la livraison du fer. On connait le coût des deux barrages à construire sur le fleuve Konkouré c’est-à-dire Souapiti et Kaléta, soit 1,846 milliard de dollars. Puisque le barrage de Koukoutamba est situé en Guinée, sa réalisation s’effectuera dans le cadre du paquet global. Son prix étant de 812 millions de dollars, le coût total des trois barrages se chiffre à 2,658 milliards de dollars. Il faudra ajouter à ce montant le coût de la ligne de chemin de fer Dapilon-Santou (135 km), estimé à 1,2 milliard de dollars. Ce qui porte à 3,858 milliards de dollars le coût total à rembourser par troc et en bauxite. Ce montant n’inclut pas le coût du barrage d’Amaria ainsi que celui des infrastructures routières à réaliser ailleurs sur le territoire national par des entreprises chinoises.

On sait que pour le financement du barrage de Souapiti, le président guinéen Alpha Condé, a demandé et obtenu de l’Eximbank chinoise, c’est-à-dire de la banque de l’Etat chinois, un prêt de 1,2 milliard de dollars. Cela a paru si surprenant que Jeune Afrique N° 3044, en sa livraison du 12 au 18 mai 2019, n’a pu résister à écrire : « Aussi le FMI a-t-il froncé les sourcils devant le prêt de 1,2 milliard de dollars accordé par l’Eximbank chinoise pour le barrage de Souapiti. »  Il y a de quoi froncer les sourcils quand on sait que le barrage de Souapiti fait partie du paquet global et que son coût est donc payé par troc, barrage contre livraison de la bauxite guinéenne. On est donc en droit de se demander pourquoi avoir souscrit ce prêt, et où est passé le montant de 1,2 milliard de dollars ?

Le gouvernement du président guinéen Alpha Condé n’ayant pas, à ce jour, porté à la connaissance du peuple de Guinée, par le truchement de ses représentants à l’Assemblée Nationale, la convention relative au paquet global, passée avec la Chine, il est impossible de connaître les quantités de bauxite que la Guinée doit livrer à la Chine. Ce qui, par contre, est sûr, c’est qu’il faut rembourser, les 3,858 milliards de dollars par troc et que la Chine connaissant la conjoncture politique guinéenne, qui pousse le président guinéen Alpha Condé à « faire vite » n’aura aucune difficulté à imposer le prix de la tonne de bauxite à livrer bien inférieur au prix de la tonne de bauxite sur le marché mondial. Ce prix de la tonne de bauxite connu pourra indiquer l’ampleur du pillage. C’est ce même prix qui indiquera, sachant la prise de participation de la Guinée au capital de la Société Minière de Boké Winning la part des bénéfices qui doivent revenir à la Guinée. Mais ces bénéfices n’iront pas dans les caisses de l’Etat guinéen. Ils prendront des chemins obliques pour tomber dans les poches de la classe dirigeante guinéenne.

Comment le troc se réalise-t-il, sur le terrain, en Guinée ? Par le truchement de la Société Minière de Boké (SMB-Winning), qui en est la cheville ouvrière. C’est elle qui est mise sur pied et qui est chargée de produire la bauxite à livrer à la Chine. Elle est constituée d’une part, d’un consortium franco-sino-singapourien et, de l’autre, de la Guinée. Son PDG est un chinois. Écoutons-le :

« Je me souviens de la pose de la première pierre du port de Boké il y a cinq ans, indique Sun Xiushun, PDG du consortium. Créé à partir de rien, le projet de SMB-Winning a permis à la Guinée de tripler sa production en trois ans. La construction de ce chemin de fer permettra de garantir une exportation encore plus stable de la bauxite guinéenne et de renforcer sa position sur le marché mondial. »

Et le journaliste de Jeune Afrique qui titre son article « Le grand boom de la bauxite » conclut :

« De quoi permettre à la Guinée de se hisser au rang de deuxième producteur de bauxite, après l’Australie ( 90 millions de t / an) et devant la Chine (65 millions), ce dernier pays ayant revu sa production à la baisse au profit de l’importation. »

Au profit de l’importation, c’est-à-dire par le canal du pillage intensif de la bauxite guinéenne.

Quand Jeune Afrique écrit : « Faire vite, c’est choisir de se mettre dans une situation de dépendance envers la Chine, qui est le premier acheteur des minerais guinéens et qui bâtit barrages, routes, ports, à tour de bras, … », il est évident qu’on ne bâtit à tour de bras que si l’on est assuré d’avance d’être remboursé et l’on est remboursé que soit en dollars, soit en bauxite, par le troc. La Guinée ne disposant pas de réserves en dollars pour faire face aux coûts des infrastructures construites par les sociétés chinoises, c’est par le troc qu’elle se fait construire des barrages, des routes, des ports à tour de bras. L’échéance de 2020 étant proche, il faut « faire vite » et c’est ce « faire vite » qui a aussi son prix à payer : « faire vite, fait remarquer Jeune Afrique, c’est aussi malmener les populations, priées de déguerpir devant les chantiers et d’accepter un bouleversement brutal de leur mode de vie. »

Et ce pillage des « fondamentaux », sous la férule du partenariat chinois, mènera inéluctablement le pays à une catastrophe écologique sans précédent, si on ne prend garde et si on n’y met un terme maintenant, en obligeant le militant-président Alpha Condé à abandonner le pouvoir, maintenant, bien avant la fin de son second et dernier mandat.

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Sous le régime du président Sékou Touré, les redevances minières en devises versées au Trésor guinéen étaient virées, par ces sociétés minières, à un compte de la Banque Centrale de la République de Guinée, domiciliée au Crédit Suisse, une banque suisse, choisie comme Banque Trustee qui jouera désormais en lieu et place de la Banque de France et du Trésor français le rôle de gestionnaire central des ressources extérieures en devises de la Guinée. Le suivi de la gestion de ces ressources extérieures en devises était une des attributions principales du gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée et c’était donc lui qui assurait la liaison avec le Crédit Suisse, banque Trustee, c’est-à-dire une banque avec laquelle la République de Guinée a passé une relation contractuelle qui l’investit de la propriété de ses redevances minières sous condition de les gérer au bénéfice de la République de Guinée.

Si l’on en croit un journaliste de Guineenews, les 700 millions de dollars US payés par RIO TINTO au Trésor guinéen ont été virés à un compte bancaire désigné par le président de la République Alpha Condé. Ce compte n’est pas celui d’une Banque Trustee, sinon RIO TINTO aurait reçu l’ordre de virement, non du président de la République Alpha Condé, mais du gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée qui, seul, est habilité à désigner ce compte. Le fait que le président guinéen se soit substitué au gouverneur de la Banque Centrale dans la gestion directe de ces 700 millions de dollars US, alors que sur les vingt-cinq articles de la Constitution du 7 mai 2010, consacrés au président de la République, pas un seul ne l’autorise à accomplir  un acte de gestion ou d’administration, amène à conclure que les rédacteurs de la Constitution nouvelle ont dû être invités à combler cette lacune en accroissant les pouvoirs du président de la République au point de faire de lui le gestionnaire central de toutes les ressources du pays, naturelles et financières. C’est là un point essentiel qu’il ne faut jamais perdre de vue. Cette conduite du président de la République Alpha Condé, qui le fait se substituer au gouverneur de la Banque Centrale est celle-là même que stigmatisait « l’opposant historique » Alpha Condé lorsqu’il écrit :

« Mais, si entre 1958 et 1984, la politique économique a été une catastrophe pour le peuple guinéen, Sékou Touré n’avait pas pillé la Guinée. Les « fondamentaux » – comme on dit maintenant – de mon pays, c’est-à-dire notre potentiel minier, agricole, hydraulique, portuaire était intact. Pour prendre une image, la machine était arrêtée mais la machine était toujours là.

En revanche, Lansana Conté, qui restera au pouvoir de 1984 à 2008, va piller la Guinée. C’est là un point essentiel qu’il ne faut jamais perdre de vue ».

Un Africain engagé, pp. 43-44

Si toutes les redevances minières payées, par les sociétés minières internationales ayant passé avec l’Etat guinéen une convention minière (RIO TINTO, RusAl, SAG, SMD, CBG), au Trésor guinéen depuis l’accession au pouvoir du président guinéen Alpha Condé, devraient connaître le même sort que celui qu’ont connu les 700 millions de dollars US, à savoir virées à un compte désigné par le président Alpha Condé, lequel n’est pas celui d’une Banque Trustee, et si l’on ajoute à cela le colossal enrichissement personnel illicite de la classe dirigeante, par les voies obliques ci-dessus énumérées, le président guinéen Alpha Condé remporte incontestablement la palme.

C’est pour perpétuer, entre autres, sa mainmise totale sur les ressources naturelles et financières du pays que le président guinéen Alpha Condé a fait élaborer une Constitution nouvelle qui lui confère des pouvoirs étendus sur ces ressources et, bien entendu, lui assure une longévité sans limite au pouvoir.

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Le président guinéen Alpha Condé n’a donc pas accédé au pouvoir dans le but d’aider au développement de la Guinée. Si c’était le cas, dès son accession au pouvoir en 2010, il aurait emprunté le chemin qu’ont emprunté pour leur développement des pays comme le Maroc, le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire. Ce chemin passe nécessairement par la priorité absolue à donner au développement du secteur agricole. Pour ce faire, ces quatre pays ont eu recours à l’assistance technique d’un Institut spécialisé français, l’Institut de Recherche pour l’Amélioration des Méthodes de Développement (IRAM). C’est cet organisme privé d’assistance technique qui a participé à la mise au point des méthodes d’intervention d’une institution qui a joué un rôle décisif dans le démarrage du développement de chacun des quatre pays ci-dessus cités : l’Animation Rurale, et à leur lancement dans chacun de ces quatre pays. Le rôle et la méthodologie de l’Animation rurale ont pour vocation d’entraîner les masses rurales, par une action éducative appropriée, à prendre en charge leur propre développement. Chef d’Etat et, de surcroit, citoyen français, nul plus que le président de la République Alpha Condé n’aurait pu être mieux accueilli à l’IRAM, s’il avait le souci du développement de la Guinée.

En donnant la priorité au développement du secteur minier – appropriation rapide de la rente minière oblige -, puis à celui de l’énergie, le président guinéen Alpha Condé s’est privé de cette assistance technique de l’IRAM. En se privant volontairement, à dessein, de cette assistance technique, indispensable au démarrage du développement du secteur agricole, dans une conjoncture pourtant très favorable, avec l’existence d’énormes ressources financières en devises du Trésor guinéen, obtenues avec les redevances minières, lesquelles auraient servi au financement de cette assistance technique, il ne pouvait pas ne pas rater le coche du développement et, de ce fait, a montré que le développement de la Guinée n’a jamais été son souci premier et sa préoccupation principale.

Le militant-président de la République, Alpha Condé, ayant tenu à avertir que personne en Guinée ne peut l’empêcher d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut, force est de convenir, en toute logique, que personne en Guinée ne peut empêcher un citoyen guinéen quelconque, fils du peuple, désireux d’exprimer au militant-président guinéen ce qu’il veut, de le faire, en saisissant au vol cette opportunité généreusement offerte par lui. Puisque ce que l’on veut et que l’on veut dire au militant-président guinéen doit nécessairement concerner un sujet, une question ou un problème digne d’être porté à sa connaissance, existe-t-il, pour la Guinée d’aujourd’hui, question plus digne d’être portée à la connaissance du militant-président de la République Alpha Condé que celle qui concerne par exemple l’usage qui a été fait et qui aurait dû être fait au bénéfice du seul développement de la Guinée de 1 milliard 530 millions de dollars US (RIO TINTO + RusAl = 700 M USD + 830 M USD) ? Le vœu que sous-tend cette question est d’autant plus pertinent que le développement qui compte parmi les plus importantes et plus récurrentes problématiques de notre temps et qui aurait donc pu en justifier l’usage, n’a pas été au rendez-vous, après bientôt dix années de gouvernance du militant-président de la République, Alpha Condé.

Le président de la République, Alpha Condé, est tenu de répondre à cette importante question et, il est tenu d’y répondre sereinement, dans un langage châtié, policé, parce qu’il ne gagne rien à bloquer dès le départ un dialogue qu’il tient à établir avec son peuple.

La question est posée par un fils du peuple, par un simple citoyen guinéen qui la pose à son président de la République, lequel lui a demandé de la lui poser. Il la lui pose poliment, respectueusement. Elle n’est pas posée par un citoyen guinéen, ancien membre de la direction du MND-Guinée, mouvement qui a chargé, dès son lancement en 1985-1986, un des membres de sa direction, un certain Alpha Condé, de se rendre auprès de dirigeants d’Etats africains, indépendants, dits progressistes, pour procurer au mouvement des ressources financières indispensables à son fonctionnement. Il faut savoir que ledit ancien membre de la direction du MND-Guinée, ayant bien rempli sa mission, en obtenant au profit du mouvement d’importantes sommes d’argent, n’a pas cru devoir ni en faire le compte rendu à sa direction, ni les mettre à la disposition du mouvement, estimant, au cours d’une orageuse réunion de la direction du MND-Guinée, tenue à son domicile parisien et convoquée à cet effet, qu’il n’avait de compte à rendre à personne. Cela a été dit dans un discours, dans un langage qui mérite d’être porté à la connaissance de tous les guinéens et dont, seul, il a le secret. On ne saurait mettre en doute la paternité de ce langage parce qu’il a été stigmatisé par son ami de trente ans, feu Alfa Sow, alors professeur à l’Institut des Langues Orientales de Paris, véritable initiateur et fondateur du MND-Guinée, langage dont il a été amené, en sa qualité de président du mouvement, à faire état dans son rapport de 1986 en ces termes :

« Lorsqu’il reçoit une aide matérielle au nom de l’organisation, il distribue les fonds comme bon lui semble et se fâche quand on suggère qu’il existe une procédure de consultation à laquelle personne et aucune activité importante ne doit échapper. Quand on critique ses méthodes de gestion, son comportement devient carrément grossier. Il se fait alors agressif et injurieux et va jusqu’à déclarer à ses camarades réunis chez lui : « Je ne suis pas un bâtard pour aller chercher de l’argent et vous l’amener pour que vous vous torchiez le cul avec ». Ou encore : «Je sais que le jour où vous contrôlerez les fonds que j’ai accumulés et les structures que j’ai mises en place, vous me chasserez de l’organisation »…. »

La question est : Monsieur Alpha Condé, ancien membre de la direction du Mouvement National Démocratique-Guinée (MND-Guinée), devenu président de la République de Guinée, a-t-il succombé à la tentation de s’approprier le montant des redevances minières payées au Trésor  guinéen par les sociétés minières Rio Tinto et RusAl, soit 1,530 milliard de dollars US, de la même manière qu’il succomba naguère à la tentation de s’approprier une très importante aide financière qu’il fut chargé d’obtenir et obtint effectivement au profit du MND-Guinée et qui fut à l’origine d’une pomme de discorde entre lui et ses camarades de la direction du MND-Guinée dont notamment feu Alfa Sow, véritable initiateur et fondateur du MND-Guinée, et la cause principale de la liquidation de ce Mouvement ?

C’est la question que pose l’ancien président de l’Association des Etudiants Africains de Montpellier (France), section académique de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) à l’ancien président de la FEANF, élu en 2010 président de la République de Guinée.

Tout chef d’Etat, tout président de la République de Guinée, soucieux du développement de son pays, auréolé par l’exploit de sa gouvernance, qui a réussi à renflouer les caisses de l’Etat, avec la manne de 1,530 milliard de dollars, montant payé par Rio Tinto et RusAl, serait allé, avec empressement, tout naturellement, tout heureusement, tout fièrement devant l’Assemblée Nationale et l’aurait informée du montant versé au Trésor guinéen, par ces deux sociétés minières, mais surtout aurait fait, du haut de la tribune de cette Assemblée Nationale la seule déclaration qui vaille : « Avec ce montant de 1,530 milliard de dollars, que peut-on, que doit-on faire, selon vous messieurs les députés pour qu’enfin démarre, pour qu’enfin soit lancé le développement de la Guinée ? Voici, quant à moi, ce que mon gouvernement compte faire pour y parvenir… »

Avec cette seule déclaration, par laquelle cette somme est prioritairement affectée au développement du secteur agricole, le président guinéen Alpha Condé était assuré de rentrer dans l’histoire, de devenir un acteur majeur de l’histoire de la Guinée. Mais, ayant donné la priorité au développement du secteur minier et énergétique, qui lui assure une appropriation immédiate de la rente minière et énergétique, le président guinéen Alpha Condé a, à dessein voulu rater le coche du développement et de l’histoire de la Guinée.

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Tant qu’il est là, la Guinée n’ira nulle part. Il, c’est le président guinéen Alpha Condé, avec son système qui apparait aujourd’hui comme étant le plus grand mal de la Guinée, celui qui est tout le contraire du développement de la Guinée.

Tant que le président Blaise Compaoré était là, le Burkina Faso n’est allé nulle part. Le peuple burkinabè l’a si bien compris qu’il a chassé du pouvoir Blaise Compaoré.

Tant qu’il était là, l’Algérie n’est allée nulle part. Il, c’est le président algérien Bouteflika. L’admirable et fier peuple  algérien, soutenu sans faille par l’admirable, la grande et patriotique armée républicaine algérienne, l’a si bien compris qu’il vient de chasser du pouvoir Bouteflika et c’est la grande et patriotique armée républicaine algérienne qui l’annonce au monde entier, par la voix de son prestigieux chef et au nom du peuple algérien. Il faut qu’en Guinée, toutes les forces patriotiques du pays, à l’unisson, parviennent à entrainer le peuple dans une issue semblable, parce qu’il n’y a jamais eu dans l’histoire de classe dirigeante qui ait abdiqué de son plein gré. Il faut donc l’obliger à abandonner le pouvoir par tous les moyens, y compris les « voies illégales », naguère préconisées par « l’opposant historique » Alpha Condé.

Aucune lecture du Coran au siège du honteux Parti-Etat RPG Arc-en-ciel et fût-elle faite à la Kaaba, ne pourra faire adopter au peuple de Guinée la Constitution nouvelle, car Dieu, Lui, et son Envoyé Mahammad (paix sur lui), premièrement voient l’horreur et l’ampleur de la misère dans laquelle végète le peuple de Guinée, depuis l’accession au pouvoir du président guinéen Alpha Condé ; deuxièmement savent que, ses gouvernants sont seuls comptables de cette misère et en sont les seuls et impitoyables artisans.

II-           DE L’APPEL A LA GUERRE CIVILE DERRIERE L’APPEL A L’AFFRONTEMENT

Depuis le 24 mars 2019, et suite au discours du militant-président de la République Alpha Condé, tenu inconstitutionnellement au siège du RPG Arc-en-ciel, à Gbessia, appelant à « l’affrontement », une situation nouvelle extrêmement dangereuse est créée.

Quand un président de la République fait le déplacement de Gbessia, en violation manifeste de la Constitution du 7 mai 2010, du siège de la présidence de la République à Kaloum au siège d’un parti politique, le RPG Arc-en-ciel à Gbessia, dont il n’est plus membre et, à plus forte raison, premier responsable, depuis son élection à la présidence de la République, à moins de se considérer comme chef d’un honteux Parti-Etat, pour appeler à « l’affrontement » ; quand il dit, au cours de son discours, s’adressant à la jeunesse estudiantine : « je suis venu vous dire que je laisse mon manteau de président… Désormais je serai à votre siège en tant que militant et nous ferons face à ces nains politiques. Des voleurs, des bandits qui se présentent comme leaders du peuple… », de toute évidence on est en présence d’un militant-président de la République qui ne jouit plus d’une bonne santé mentale, qui présente tous les symptômes d’un malade mental.

Pourquoi alors faire chorus et se borner à appeler à la seule publication d’un bulletin médical du militant-président de la République Alpha Condé, dont on sait d’avance qu’il ne sera jamais publié ?

Pourquoi une telle hypocrisie, de la part de l’opposition et de la société civile, devant un appel, l’appel à l’affrontement, dont on sait qu’il conduit objectivement à la guerre civile et que la guerre civile n’est rien d’autre que l’ultime, sanglant et meurtrier affrontement ?

Pourquoi ne pas exiger dès maintenant le départ immédiat du pouvoir du militant-président de la République Alpha Condé ?

Pourquoi ne pas suivre l’exemple de l’Algérie et entrainer les masses populaires à occuper la rue, à rendre la Guinée ingouvernable ? Voies illégales obligent !!

Si ceux que le militant-président de la République, Alpha Condé, traite, avec un mépris souverain, de nains politiques, ne se décident pas à relever le défi, ici et maintenant, ils auront, qu’ils le veuillent ou non, donné raison à celui qui, non seulement les méprise mais encore les traite « de voleurs, de bandits, qui se présentent comme leaders du peuple ». On a envie de demander au militant-président de la République, Alpha Condé, pourquoi n’avoir pas fait engager des poursuites judiciaires contre ces voleurs et bandits ?

Aujourd’hui, en Guinée, la question primordiale étant toujours et plus que jamais : Comment empêcher, comment tenir en échec un coup d’Etat constitutionnel ? , le discours du 24 mars 2019 du militant-président Alpha Condé est venu apporter de l’eau au moulin de tous les patriotes, de tous ceux – et ils sont légion – qui sont convaincus qu’on ne pourrait empêcher une guerre civile avec, en face, un militant-président de la République, à la santé mentale fortement déficiente, qui appelle ouvertement à « l’affrontement », lequel pourrait conduire à l’affrontement ultime et meurtrier, c’est-à-dire à la guerre civile, que si l’on réussit à tenir en échec le coup d’Etat constitutionnel. Et ce serait folie que de subordonner le départ immédiat du pouvoir du président guinéen Alpha Condé, à la publication hypothétique d’un bulletin médical du président guinéen Alpha Condé. Le militant-président de la République Alpha Condé, qui ne jouit plus d’une bonne santé mentale doit abandonner le pouvoir maintenant. Puisqu’il ne le fera pas de son plein gré, il faut l’y obliger, comme l’a naguère recommandé « l’opposant historique » Alpha Condé qui, dans un élan généreux, a indiqué la voie à suivre, quand il a écrit :

« Comment changer cette situation ? « Il n’y a jamais eu dans l’histoire de classe dirigeante qui ait abdiqué de son plein gré ». Il faut donc l’obliger à abandonner le pouvoir. Va-t-on l’y obliger par des voies légales, pacifiques (élections, réformisme), ou par des voies illégales, c’est-à-dire révolutionnaires ? »

Guinée : l’Albanie de l’Afrique ou Néo-colonie américaine. p. 261

C’est de la capacité de l’opposition et de la société civile à s’unir dans un FRONT COMMUN en vue d’entrainer les masses populaires dans la bataille, que l’accusation de nanisme politique, de banditisme et de vol – accusation déjà bien mise à mal par la mauvaise santé mentale du militant-président guinéen – portée par celui-ci contre les dirigeants de l’opposition et de la société civile, pourra être jugée digne d’être ou non recevable.

Ibrahima FOFANA

Avocat

Ancien Ministre

Ancien Président de l’Association des Etudiants Africains de Montpellier année scolaire 1956-1957, section académique de la FEANF

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