8 mars en guinée : une fête à la place d’une célébration

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Deux semaines qu’il est passé ce 8 mars, mais il continue toujours à occuper l’esprit des guinéens qui refusent de s’accommoder au factuel et qui poussent la réflexion au-delà du déjà-vu. Disons-le sans nous fatiguer, la répétition est pédagogique.

Cette date importante qui commémore la lutte de la femme pour accéder à l’égalité de droits avec l’homme a revêtu toute une autre dimension en Guinée. Chez nous, on a plutôt parlé de «fête.» Ah la fête, cette idée qui a fini par empoisonner la réflexion des Guinéens, a complètement laminé et prostitué cette journée si importante chez la femme en général et chez la guinéenne en particulier.

Parce qu’il faille le dire, il ne s’agit pas de la «fête des femmes» mais de la célébration d’une journée des DROITS de femmes. Ici les femmes ont préféré la fête au bilan, elles ont préféré l’ambiance à la réflexion, les ‘’Soobi’’ à la remise en question. Surtout lorsque certaines d’entre elles veulent une nouvelle Constitution pour notre pays.

Oui une remise en question s’impose forcement à ce niveau avant que le virus qui a atteint les ‘’Nounous’’ surchauffées du Palais du peuple ne touche la vendeuse d’aloco à Laïné dans Lola ou la douce vendeuse de lait de Termèssè dans le Badiar.

Les Guinéennes dénoncent tous les jours les maux de notre société qui les affectent, les violentent et les rabaissent au dernier degré de la déshumanisation. Mais au fond qu’ont-elles fait au juste pour avoir les leviers de commandement de ce pays et en finir avec toutes ces tares ? Rien.

Economisons nos salives et les encres pour évoquer seulement le cas des dernières échéances électorales qui ont vu les femmes candidates mordre la poussière devant leurs adversaires masculins comme si le pays n’était pas peuplé de 52% de femmes.

En 2010, Hadja Saran Daraba fut la seule candidate parmi les 24 à vouloir briguer la magistrature suprême de la Guinée. Résultat, elle se retrouve dans le groupe des 0,0000%.

Les législatives de septembre 2013 n’arrangent pas les choses. Les partis politiques ont tant bien que mal respecté le quota de 30 % de femmes imposé par le code électoral. Allez savoir si les citoyennes ont suivi. Aujourd’hui, notre Assemblée périmée ressemble à une grande réunion entre hommes avec quelques femmes invitées.

En 2015, l’unique femme candidate à l’élection présidentielle, Marie Madeleine Dioubaté s’est retrouvée parmi les outsiders.

Le sexisme n’a sa place dans aucune action de l’être humain à plus forte raison une élection. Mais la dure réalité nous amène à évoquer le non-sens qui motive l’écrasante  majorité des électeurs guinéens quant à voter pour un candidat a de son appartenance ethnique, religieuse ou régionale.

 Alors pourquoi ne pas au moins faire preuve de sympathie électorale envers leurs sœurs ? Serait-ce de la misogynie ? La question mérite tout son pesant dans la mesure où il est difficile de trouver une logique de projet de société qui les oriente chez les candidats hommes. Alors sont-elles prêtes à se libérer du fardeau socioculturel qui les empêche de progresser ?

Le mirage qui consiste à nommer à la tête du ministère des affaires féminines et de l’enfance, une femme doit cesser. Ce poste peut être occupé aussi bien par un homme qui pourrait faire mieux que toutes ces patronnes de ‘’Sèrè’’ qui se sont succédé à ce département.

Ce que les femmes de Guinée doivent mettre en tête, leur situation ne pourra évoluer que lorsqu’elles auront suffisamment de leviers de commandement pour remettre en question les fondements de notre société actuelle. Pour le faire, il va falloir toujours commencer quelque part.

Faites-vous confiance.

Alpha Oumar DIALLO

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