8 mars aujourd’hui, 8 mars toujours

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Le 8 mars de chaque année marque la fête de la femme ou la journée de célébration des droits des femmes selon que l’on s’affilie à un pays ou à un autre. Le notre, la Guinée, a plutôt choisi la «fête des femmes» au sens propre du terme.

Depuis son instauration en Guinée et au fil des régimes politiques qui se sont succédés aux affaires, le 8 mars a toujours été hautement politisé et archarniquement célébré.

Au lieu que ce ne soit une tribune pour revendiquer plus de droits pour les femmes et un espace de plaidoyer pour leur cause, la journée est mise a profit pour chanter les louanges du pouvoir en place, PUP comme RPG.

De la Forygouverance à l’Alphagouvernance, les habitudes n’ont pas changé d’un iota. La ministre des affaires féminines se saisit du micro pour égrener le chapelet de tous les bienfaits que son gentil gouvernement a fait pour les femmes.

Cependant, elle n’a pas le courage dénoncer la marginalisation de ses sœurs dans les nominations aux hautes comme aux basses fonctions de l’Etat ni de faire étalage de la dure réalité de celles-ci au sein des mouvements politiques qui soutiennent le pouvoir sadique dans lequel elle se sucre.

Toutes les ministres ont agi de la sorte. Des premières heures du régime du Général Conté aux instants mêmes de l’actuelle gouvernance. Pire, c’est à l’occasion du 8 mars guinéen que la scission entre Conakry et l’intérieur du pays se fait le plus sentir.

Les guinéennes de Conakry sont chouchoutées, ont des soobi et peuvent aller défiler devant le Fama national. En 2005, le président Conté a offert 250 millions de nos francs aux femmes des cinq communes de la capitale, soit 50 millions par commune. Tant pis pour les femmes de l’intérieur. Aucun expert n’a pu dire comment ont été partagés ces misères et sur la base de quoi ce montant a été décaissé. Allez demander aux femmes des cinq communes si elles ont rencontré une équipe du ministère qui leur a dit : « tiens, vous êtes une femme de Conakry ? Tenez, vous avez tel montant des 250 millions que le chef de l’Etat vous a donnés.» Le summum de la bêtise.

Mais revenons au fondement même de la célébration du 8 mars. La couche la plus importante de l’humanité est celle qui souffre le plus et ce dans la quasi-totalité des secteurs de l’activité humaine. Aucun pays n’y échappe même si certains enregistrent des avancées notables et font des bonds de géants dans l’amélioration des conditions des femmes et dans les classements des organismes  spécialisés dans le domaine. Mais attention à la récupération de cette situation catastrophique des femmes a des fins inavouables et aussi sordides que les violences qu’elles subissent. Chaque année, des centaines de cas de viols commis par des agents d’organismes dites humanitaires sont révélés dans la presse parfois après plusieurs mois d’étouffement du scandale.

Des soldats de maintien de la paix s’offrent des jeunes filles mineures parmi la population dont ils ont le mandat de protéger contre des factions de groupes rebelles ou des éléments des forces gouvermentales qui justement commettent ces viols.

Des centaines de millions de dollars américains sont versés sous forme de dons à des ONGs dites humanitaires qui ne sont en réalité que des bandits à col blanc qui font pire que ceux qu’ils sont censés combattre et dénoncer.

Le scandale d’Oxfam ça vous rappelle quelque chose ? En fevrier 2018, le journal britannique ‘’The Time’’ avait révélé un vaste scandale de viol de jeunes filles par certains agents parmi le personnel d’Oxfam en Haïti en 2011 alors que le pays venait de subir la pire catastrophe naturelle de son histoire.

Des structures vampires comme Oxfam pullulent dans les contrées pauvres parce que tout simplement les gouvernements de ces pays ne se soucient guère de leurs populations en général et des femmes en particulier. Le leitmotiv officiel de ces ONGs est d’aider les filles et les femmes dans les pays pauvres ou ceux en état de guerre, mais en réalité, ce que les femmes et les filles sont devenues le fond de commerce de centaines d’entités et de certains Etats.

Pour inverser la tendance, il faut changer de cap et couper les liens. Comme l’a dit Sékou Touré, toute aide qui n’aide pas à se passer de l’aide est à rejeter.

Pour revenir à notre pays, aujourd’hui, des discours vont dénoncer les violences faites aux femmes (violences basées sur le genre, viols, excision, mariage précoce…) mais il existe chez nous une autre forme de violence faites aux femmes aussi ancrée que sordide.

L’esclavage des filles que nos cultures considèrent une élévation d’enfants. Ironie de l’histoire, la plupart de ces grandes dames qui trônent à la fonction publique, dans les ONGs ou à la tête d’entreprises et qui pullulent dans la défense des droits des filles, disposent au moins d’une domestique ou d’un enfant d’un parent lointain. Ces parents qui vivent généralement dans les campagnes avec un revenu assez faible envoient leurs filles chez ces dames dans l’espoir de les scolariser. Malheureusement, elles ne sont pas scolarisées et n’apprennent pas de métiers. En plus d’être battues, ce sont elles qui font toutes les corvées ménagères. Ces enfants dont certains ont à peine 8 ans, vendent des articles dérivés sur leurs têtes au niveau de grands carrefours de toutes nos villes avec tous les risques liés à leur propre exploitation.

Sans parler de ces jeunes filles qui subissent dans le silence absolu le viol de l’époux de leur tutrice sans oser bronché un seul mot. Et dans les rares cas qui éclatent, les familles s’en mêlent et trouvent une entente dite à l’amiable au détriment de la victime, de la loi et donc de la société.

C’est donc aussi elles qu’il faille célébrer aujourd’hui. Ces milliers de petits bras qui nourrissent des dizaines de bouches par jour, qui nettoient à eux seules une villa et son contenu. Certaines femmes doivent cesser, d’autres doivent se réveiller et l’Etat doit sévir.

En attendant, bonne fête mesdames.

Alpha Oumar DIALLO

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